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Santiago, le boom de l’immigration
Santiago, le boom de l’immigration
Alexandre Bougès

The Good Business

Santiago : le boom de l’immigration

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En raison de la bonne santé économique du Chili, l’immigration y a augmenté de 210 % depuis 2006, venue surtout d’Amérique latine, mais aussi d’Europe. Un phénomène qui ne s’était plus vu depuis la fin du… XIXe siècle et qui révolutionne aujourd’hui le pays andin.

Des emplois à pourvoir en urgence

Une déferlante cependant encore toute relative, puisque les étrangers en situation régulière ne représenteraient que 3 % de la population chilienne, avec plus de 477 000 ­résidents déclarés en septembre 2015. Mais leur concentration augmente leur visibilité. Ils viennent surtout à Santiago, et dans certains quartiers : les plus commerçants, les plus populaires et les plus proches du centre, mais aussi les plus riches, incluant les centres d’affaires. Les chiffres du chômage n’ont pourtant pas augmenté dans la capitale. Il faut croire que le marché absorbe ces nouveaux arrivants presque aussitôt.

Cette immigration tient en effet à la fois à la bonne santé économique du pays, qui s’enorgueillit d’avoir le PIB par habitant le plus élevé d’Amérique latine et de n’avoir que peu ressenti la crise de 2008, à un taux de change souvent intéressant pour les pays d’Amérique latine – un facteur important à l’heure d’envoyer de l’argent à sa famille restée au pays –, mais aussi à la carence, dans certains secteurs économiques, de travailleurs sans qualifications, d’un côté, et de cadres supérieurs, de l’autre.

Un manque de travailleurs qui pourrait augmenter avec le temps, puisque, selon la fondation Avanza Chile, si la création d’emplois continue d’augmenter et la courbe de natalité, de baisser, dans dix ans, seuls 35 % des postes laissés par les actifs qui prendront leur retraite seront pourvus et 65 % resteront vacants ! « Avec l’augmentation du niveau de vie et la démocratisation des études supérieures, les Chiliens délaissent de plus en plus les professions les plus dures, les moins qualifiées et les moins bien payées, à l’image de ce qui s’est passé il y a plusieurs dizaines d’années dans les pays développés », explique George Lever de la chambre de commerce de Santiago.

Il manque des ouvriers dans la construction et dans les mines du nord du pays, des femmes de ménage, des assistantes maternelles, des serveurs, des auxiliaires de vie pour les personnes âgées… « Dans les ­services, les étrangers sont très appréciés, souligne Miguel Jaksic, dont l’association a formé un partenariat avec 20 entreprises privées qui emploient régulièrement, sous contrat, les migrants qui arrivent au SJM. Ce sont des entreprises de services, des manufactures ou des supermarchés, comme Walmart. Soit elles ont particulièrement à cœur les échanges culturels, soit elles considèrent que les étrangers sont de bons travailleurs. »

Souvent, elles apprécient le fait qu’un étranger accepte plus facilement de travailler plus pour un salaire moindre. Ces emplois peu qualifiés sont surtout occupés par l’immigration venue d’Amérique latine, dominée par les Péruviens (33 %), suivis des Argentins (15 %) et des Colombiens (13,8 %). Si elle est encore faible, l’immigration issue de la République dominicaine, d’Haïti et du Venezuela augmente en force, du fait des problèmes politiques et économiques que rencontrent ces pays.

Santiago présente bien des attraits. Elle jouit d’un climat méditerranéen et se trouve à une heure tant des plages que de la montagne et des stations de ski.
Santiago présente bien des attraits. Elle jouit d’un climat méditerranéen et se trouve à une heure tant des plages que de la montagne et des stations de ski. jean-francois-guggenheim

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