Fashion
The Good Look
De retour dans les vestiaires masculins comme sous-vêtement et intégrant celui des filles en parallèle de la tendance « boyfriend clothes » qui lui a donné une toute nouvelle dimension, le caleçon vit un retour en grâce.
Avec son allure américaine, le caleçon a longtemps été souvent snobé par les hommes européens qui préfèrent porter à la place d’autres sous-vêtements moins volumineux sous leur pantalon. D’après l’enquête Twenga en 2014, le boxer est sans l’ombre d’un doute le sous-vêtement le plus apprécié par les hommes du Vieux Continent, arrivant en tête du classement dans pas moins de cinq pays. Les Français, notamment, lui restent fidèles mais portent aussi largement des slips. Le caleçon, pourtant, pourraient bientôt supplanter ses rivaux.
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De retour sur les podiums
À la surprise générale, les défilés de la saison AW23 ont vu de nombreuses marques dépoussiérer le caleçon et lui donner sur le podium un tout nouveau look plutôt chic. Pour JW Anderson, le caleçon est en cuir et paré de volants, combiné avec des bottines. Chez Balenciaga, ainsi que chez Louis Vuitton, il est exposé en dessous d’un jean. Kim Jones, chez Dior, le laisse entrevoir entre les deux pièces d’une combinaison. Miuccia Prada, chez Miu Miu, le pense comme un véritable pantalon pour les femmes, à pairer avec des collants, des talons et un pull col haut.
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— Miu Miu (@MIUMIUofficial) October 3, 2023
Pour les femmes, le caleçon est un pantalon
Protagoniste donc d’un revamp au plus haut niveau de la mode, le caleçon est aussi devenu au fil de l’été une véritable tendance sur les réseaux sociaux. Surtout chez les femmes, qui s’approprient ce sous-vêtement masculin pour se donner un air grunge. Sur Tik Tok, les jeunes affichent fièrement un look copiant des célébrités paparazzées en train de se balader en caleçon dans la rue, y compris les it-girls Kendall Jenner et Bella Hadid. Dans son rapport annuel « How We Shop, Live and Look », la chaîne britannique de grands magasins John Lewis indique que les ventes chez les femmes ont grimpé de 20 % au fil de la dernière année, ce qui fait du caleçon le « produit déterminant de 2023 ».
@katelyn_moya my boyfriend’s boxers
Ce coup de boost de la part des femmes, en ligne en effet avec le cadre d’une mode de plus en plus unisexe, a donné envie au secteur du sous-vêtement de relancer le caleçon. Depuis quelque temps, les marques de homewear et sous-vêtements se sont donnés ce défi. À l’étranger, on peut citer la londonienne With Nothing Underneath, née en 2020 comme marque de chemises, qui décline le caleçon en version féminine en en repensant également le design. Sur la même ligne on trouve HommeGirls, marque lancée en 2019 par Thakoon Panichgul qui propose des silhouettes masculines classiques pour les femmes. Speltham, de son coté, vend des caleçons unisexes depuis 2022, épuisés à plusieurs reprises.
Kendall Jenner wearing white boxer shorts with blazer/coat and loafers in the streets of New York City. she's just the coolest pic.twitter.com/fY8KZnyhZE
— Kendall Jenner archive (@kendallfile) June 30, 2023
En France, un marché en expansion
En France, une référence pour le sous-vêtement masculin est certainement Arthur, créée en 1983 avec l’aspiration d’imposer le caleçon comme une pièce emblématique dans un pays où le slip bat son plein. « Il cartonne depuis ses débuts, explique Anne Gillet, directrice artistique de la marque. La force du caleçon repose sur deux caractéristiques; il y a d’abord un côté confort qu’on ne trouve pas dans d’autres sous-vêtements masculins : pas d’élastique, il est moins chaud et il colle moins à la peau. Après, il y a une question de versatilité esthétique : le caleçon peut être élégant dans ses versions plus classiques, mais on peut se permettre aussi de jouer avec les fantaisies et la couleur ».
Chez Arthur, aucune augmentation de l’intérêt des femmes a été enregistrée, mais la niche des aficionados n’a jamais disparu. Chez Le Slip Français, référence dans le sous-vêtement masculin, le caleçon vit un bon moment. Certains modèles de caleçons, sur le site, sont épuisés, notamment ceux issus des collaborations.
Mais d’autres marques aussi, nées plus récemment, se sont imposées sur le marché. Talc, par exemple, est une marque de homewear parisien lancé en 2022 qui fabrique ses caleçons au Portugal dans des matières éco responsables. Contrairement à ceux des années 80, composés de beaucoup de tissu qui résulte parfois encombrant, les caleçons de Talc sont plus près du corps, tout en restant confortables grâce à leur composition en maille. Selon le fondateur Alexandre Maïsetti, « conformément à l’évolution des modes de vie post-Covid, les gens ont besoin de fringues plus confortables. Dans ce cadre, il y a un rapport entre le retour du caleçon et une volonté de liberté et d’indépendance renouvelée« .
Dans le même esprit, on trouve Parachute Paris, qui crée depuis 2015 des pièces inspirées des tous premiers caleçons créés dans les années 30 aux États-Unis. Sans oublier Maison Finou, née en 2019, qui produit à la demande des caleçons brodés en soie française à personnaliser.
Est-ce le début d’un nouveau regain de popularité pour le caleçon ? Pour Anne Gillet, « les clients du caleçon sont une niche qui ne fera jamais marche arrière« . Alexandre Maïsetti nuance quant à lui : « Le caleçon est adapté à la composition d’une tenue décontractée, que ce soit porté en dessous d’un pantalon et exposé ou que ce soit porté comme un short, en été, au-dessus d’un slip. S’imposer sur le boxer, c’est vraiment compliqué. Mais je crois que le caleçon peut profiter de sa polyvalence pour se hisser au statut de pièce à la mode pour longtemps encore.
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