Food
The Good Guide
Plutôt que d’étancher sa soif de culture devant une expo, pourquoi ne pas passer à table pour (littéralement) se nourrir d’art ?
De Paris à New York, de Monte-Carlo à Zurich, The Good Life a parcouru le monde pour dénicher les plus beaux restaurants artistiques. La preuve avec ces 9 adresses.
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9 très beaux restaurants qui placent l’art au centre de l’assiette
Frevo, à New York
Espace de poche où des artistes en rotation exposent tous les trimestres, Frevo donne à voir une poignée d’œuvres et rien de plus au premier coup d’œil. Mais à l’heure du spectacle (17 h 30 et 20 h 30), sur réservation, une porte secrète s’ouvre sur un comptoir de 18 places plongé dans la pénombre où se poursuit l’exposition. On se déplace aussi et surtout pour le ballet du chef brésilien Franco Sampogna et de sa brigade, qui délivrent, chaque soir, un menu déjà récompensé d’un macaron Michelin, arrosé par les choix audacieux du so Frenchy sommelier Quentin Vauléon.
Dex.Machina, à Kourouta (Grèce)
On ne se rend pas au Dexamenes par hasard. Esseulé dans le nord-ouest du Péloponnèse, ce lieu unique en son genre a redonné vie aux murs d’une ancienne usine viticole du début du siècle dernier en les transformant en hôtel pluridisciplinaire. Les deux silos dans lesquels on conservait les raisins de Corinthe sont devenus le théâtre d’expérimentations artistiques et de dîners événementiels. Les réservoirs où fermentait le vin, des chambres au look brutaliste. La salle des machines, quant à elle, abrite la taverne gastronomique dex.Machina menée par le chef Gikas Xenakis, qui fait également office de galerie d’art, puisque s’y déploie, chaque année, une nouvelle exposition proposée par un artiste local.
Pluto, à Paris
Fondation d’art contemporain érigée par Rem Koolhaas, Lafayette Anticipations s’est enrichi depuis cet été d’un nouveau restaurant-cantine qui fait écho à sa programmation pointue. À sa tête, Thomas Coupeau (ex-Carbón et We Are Ona) propose au dîner un menu aussi graphique qu’accessible qui se renouvelle chaque semaine dans une ambiance de grand garage design. Le midi, le chef fait dans le régressif, avec une proposition de snacks de qualité (sandwich grilled cheese, gnocchi…) à déguster sur le pouce entre deux rendez-vous – ou deux expositions…
La Colombe d’Or, à Saint-Paul-de-Vence
Pourquoi Braque, Léger, Miró, Chagall, et plus tard Calder, Arman, César et même Prévert ont fait de la Colombe d’Or leur QG ? La légende ne le dit pas. Tous y ont pourtant laissé leur empreinte. Certains plus que d’autres : Calder s’étant épris d’Yvonne Roux, qui avait repeint en rouge l’un de ses mobiles, lui offrait une œuvre à chacun de ses passages… À l’instar du menu, resté le même au fil des ans, le Picasso est, lui aussi, toujours là. À vous de le trouver.
Hélène Darroze à Villa La Coste, Le Puy-Sainte-Réparade
Tandis que l’une de ses fameuses araignées accueille les visiteurs de Château La Coste, sa sculpture The Couple donne à voir une autre facette du travail de Louise Bourgeois à la table du palace. Deux amoureux en tubes d’aluminium s’envoient (littéralement) en l’air sous le regard des clients d’Hélène Darroze venus découvrir son menu étoilé. Le cadre archi design du restaurant s’associe ainsi à l’esprit avant-gardiste distillé par Paddy McKillen dans son domaine viticole truffé d’œuvres monumentales de Richard Serra, Alexander Calder ou encore Jean-Michel Othoniel.
Kronenhalle, à Zurich
C’est parce que les tableaux qu’il collectionne prennent trop de place dans l’appartement qu’il partage avec sa mère, Hulda, que Gustav Zumsteg décide de faire de son restaurant un musée dès les années 40. Alors que mère et fils ne sont plus de ce monde, on s’attable toujours à la Kronenhalle pour y déguster le Zürcher Geschnetzeltes (émincé de veau à la zurichoise) d’Hulda sous les mêmes Chagall, Miró et Bonnard fixés au mur par Gustav Zumsteg, qui avait exigé que chaque clou reste à sa place tant que le restaurant lui survivrait.
Clunie Dining Room, à Braemar (Ecosse)
En plein cœur des Highlands écossais, les cofondateurs de la superstar des galeries d’art contemporain Hauser & Wirth ont transformé un château du XIXe siècle en hôtel de luxe. Logiquement, The Fife Arms abrite environ 16 000 antiquités, œuvres d’art et pièces de collection, dont plusieurs Picasso et un dessin de tête de cerf réalisé par la reine Victoria herself, en 1874. Mais c’est dans son restaurant gastronomique, Clunie Dining Room, que l’art contemporain retrouve sa place avec une fresque monumentale du peintre Guillermo Kuitca.
L’Abysse Monte-Carlo, à Monaco
Yannick Alléno et son complice le chef Yasunari Okazaki font prendre le large à leur concept parisien, qui s’ancre depuis cet été à Monaco et met à nouveau l’art du sushi à l’honneur autour d’un menu omakase réalisé exclusivement avec des poissons issus d’une pêche locale et responsable. L’artiste Laurence Bonnel-Alléno s’est appuyée sur les arts plastiques pour réaliser la scénographie du restaurant, qu’elle a habillé d’un mur en céramique imaginé par l’artiste américain William Coggin rappelant les aspérités des coraux. Le tout est mis en lumière par un lustre sculptural doré à la feuille.
Osteria Francescana, à Modène
Il aime les bolides et l’art contemporain. Mais gare à celui qui vanterait la beauté de son restaurant (le meilleur du monde au classement des 50 Best, en 2016), car il lui rétorquerait que les nombreuses œuvres qui ornent les murs – sa collection personnelle – ne sont pas de la déco ! Massimo Bottura n’est pas un chef ordinaire, un dîner à sa table triplement étoilée est une expérience où l’art est partout, et plus que tout dans l’assiette.
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