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Et si le rêve américain avait besoin d’un nouveau décor ? Avec sa nouvelle collection Polo Ralph Lauren for Oak Bluffs, la maison américaine déplace son imaginaire de la côte Est blanche vers une enclave longtemps oubliée des récits dominants : Oak Bluffs, quartier de Martha’s Vineyard et havre historique de la bourgeoisie noire américaine. Un virage inattendu, mais parfaitement orchestré.
Situé à l’est de l’île, Oak Bluffs n’a rien à envier aux Hamptons côté charme balnéaire, porches fleuris et élégance estivale. Ce qui le distingue, en revanche, c’est son histoire. Depuis le début du XXe siècle, la ville attire des familles noires aisées venues chercher un espace de liberté et de convivialité à l’écart des tensions raciales du continent. Résultat : un écosystème singulier, peuplé de cottages transmis de génération en génération, de clubs privés discrets et d’anciennes diplômées de Spelman ou Morehouse, deux universités noires prestigieuses d’Atlanta.
C’est justement avec ces institutions que Ralph Lauren collabore pour cette capsule estivale, conçue par des alumni intégrés aux équipes créatives de la marque. On y retrouve les grands marqueurs du style « RL » – varsity jackets, blazers nautiques, patchworks patinés – revus à travers le prisme d’une esthétique afro-américaine raffinée. La pièce phare ? Une veste satinée aux couleurs de Morehouse, marquée d’un félin féroce dans le dos. En contrepoint, un cardigan ivoire célèbre les symboles de Spelman dans une composition quasi muséale.
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Polo Ralph Lauren for Oak Bluffs
Cette collection n’est pas seulement une affaire de style : elle s’accompagne d’une campagne visuelle ambitieuse, dirigée par l’auteur et réalisateur Cole Brown, avec la photographe Nadine Ijewere. Un court documentaire, « A Portrait of the American Dream: Oak Bluffs », mêle images d’archives, témoignages de résidents, plans dorés au coucher du soleil et réflexions sur la place de cette communauté dans l’histoire américaine. Il sera présenté en août au Martha’s Vineyard African American Film Festival, avec le soutien de la fondation Kellogg.
En filigrane, Ralph Lauren tente ici un exercice délicat : s’ancrer dans une mémoire collective tout en évitant l’écueil de la récupération. Pour ce faire, la marque s’est entourée de figures locales comme The Cottagers, une association centenaire de femmes propriétaires sur l’île, et a fait appel à des historiens, éducateurs et artistes issus de la communauté. Une démarche qui s’inscrit dans les efforts récents de la griffe pour redéfinir les contours de son storytelling américain, longtemps limité aux ranchs de l’Ouest, aux clubs d’aviron Ivy League et aux week-ends dans le Connecticut.
Ce projet Oak Bluffs pourrait bien marquer un tournant. Car en intégrant une narration noire à son ADN de marque, Ralph Lauren ne fait pas seulement un geste symbolique : il reconfigure, en douceur mais avec style, les contours du rêve américain. Moins exclusif, plus représentatif – mais toujours impeccablement habillé.
Site internet de Ralph Lauren
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