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Barry Salzman, Eroding The Past, Drina Valley (Near Srebrenica), Bosnia and Herzegovina, 2022, Archival Giclée Print on Hahnemühle Photo Rag, 100 x 133cm, Deepest Darkest.
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Culture

Photographie : quatre tendances du marché

Culture

Paris Photo, la plus grande foire de photographie au monde, a fêté ses 25 ans au Grand Palais Ephémère, du 10 au 13 novembre, drainant 61000 visiteurs, 184 galeries et éditeurs issus de 31 pays et quelque 5000 clichés à vendre. Le marché de la photographie, medium en prise directe avec le réel, révèle les démons du monde contemporain. Focus sur quatre tendances observées sur les stands.

Photographes Anonymes, La couronne « mille-pattes » portée par l’actrice Paulette Dival, 1926, Tirage argentique d’époque, 14×18,5cm, © courtesy Galerie Lumière des roses.
Photographes Anonymes, La couronne « mille-pattes » portée par l’actrice Paulette Dival, 1926, Tirage argentique d’époque, 14×18,5cm, © courtesy Galerie Lumière des roses. Galerie Lumière des roses.

1. La nature est partout

On croulait sous les feuillages et les paysages, avec en vedette, sur le stand de la galerie Deepest Darkest (Le Cap), la superbe série de Barry Salzmann, « How we see the world, a century of genocide », portraits de forêts majestueuses et paisibles du Rwanda ou d’Ukraine qui furent pourtant des lieux de génocides. Cette métaphore tragique de l’humanité s’arrachait de 5200 à 6900 € le tirage (photographie à la une, ndlr).

Nicolas Floc’h, Initium Maris, Aber Wrac’h, himanthales et laminaires, -3m, 2019, Tirage piezo sur papier fine art, 110 x 155 cm, l’artiste et la Galerie Maubert.
Nicolas Floc’h, Initium Maris, Aber Wrac’h, himanthales et laminaires, -3m, 2019, Tirage piezo sur papier fine art, 110 x 155 cm, l’artiste et la Galerie Maubert. Nicolas Floc'h

Sur les stands de Polka (Paris) ou Bene Taschen (Cologne) on pouvait convoiter de grands formats, paysages du Brésil ou de Zambie, du franco-brésilien Sebastião Salgado, maître de la photo de nature, dès 100 000 €. À la galerie Maubert (Paris), les photographies de plantes sous-marines de de la série « Initium Maris » de Nicolas Floc’h se négociaient entre 10 000 et 30 000 €.

 

2. Les people fascinent

Sur les cimaises des stands, beaucoup de têtes connues. Les gloires du XXe siècle, shootées par les plus grands photographes de Vogue comme par les paparazzi, racontent l’archéologie des media de masse.

Stephanie Pfriender Stylander, Kate Moss (Desire), New York Italian Harper’s Bazaar, 1992, Gelatin Silver Print, 40×60 inches, Stephanie Pfriender-Stylander.Staley-Wise
Stephanie Pfriender Stylander, Kate Moss (Desire), New York Italian Harper’s Bazaar, 1992, Gelatin Silver Print, 40×60 inches, Stephanie Pfriender-Stylander.
Staley-Wise Stephanie Pfriender Stylander

Chez le New Yorkais Stanley Wise, des tirages de la dernière séance de pose de Marilyn Monroe pour Bert Stern (1962) s’affichait à 25 500 euros et Kate Moss jouait avec ses lunettes noires pour la série Desire (1992) de Stephanie Pfriender Stylander, destinée au magazine Harper’s Bazaar. Imprimée en 2020 et signé, la planche contact était proposée à 12600 euros. Sur le stand de Camera Obscura (Paris), on pouvait décrocher aux alentours de 35000 euros un grand portrait de la top model Natalia Vodianova par Paolo Roversi (2003).

Spécialisée dans les heures héroïques du rock, The Music Photo Gallery (New York) dédiait pour sa part un « solo show » à Bob Gruen, photographe fan de rock, témoin du New York héroïque des années 70, avec entre autres des clichés représentant John Lennon, Debbie Harry, David Bowie ou Patti Smith, vendus entre 5 000 et 45 000 euros.

 

3. Les photographes anonymes prennent la lumière

À l’heure où la photo « amateur » est réalisée en quelques secondes, retouches comprises, avec un téléphone, on regarde avec tendresse les beaux clichés anonymes d’autrefois, à l’époque où la photographie demandait une science du temps de pose comme des procédés de développement. Désormais on les achète et on les expose.

NASA Photographer’s, Kodak Stereo Flash Camera Operated on the Moon by Neil Armstrong, 1969, vintage silver gelatin print on glossy fibre paper mounted on original board, printed in 1969, in blue pen: signature of Neil Armstrong, Apollo 11 Eclipse ´73, 10,1 (22,9) x 12,5 (17,9) cm, ©NASA.Daniel Blau
NASA Photographer’s, Kodak Stereo Flash Camera Operated on the Moon by Neil Armstrong, 1969, vintage silver gelatin print on glossy fibre paper mounted on original board, printed in 1969, in blue pen: signature of Neil Armstrong, Apollo 11 Eclipse ´73, 10,1 (22,9) x 12,5 (17,9) cm, ©NASA.
Daniel Blau Daniel Blau

Cette tendance récente est la spécialité de la galerie Lumière des Roses (Montreuil), qui ne désemplissait pas, avec les clichés les moins chers du salon (dès 1000 euros), mais pas les moins beaux, notamment ses tirages du XIXe siècle sur papier salé. Dans le même état d’esprit, les belles images scientifiques ont aussi leurs amateurs. Le stand de Daniel Blau (Münich), pionnier du marché des images de la conquête spatiale, séduisait avec ses photos de la NASA réalisées par les missions Voyager ou Apollo permettant un voyage immobile vers la Lune ou Jupiter dès 1500 euros.

 

4. La photographie expérimentale se porte bien

Dès ses balbutiements, au XIXe, la photographie est un terrain de jeu. L’heure actuelle est plus que jamais expérimentale, souvent avec des méthodes « rétro », comme chez Sara Imloul (110 galerie, Paris) qui remet au goût du jour la calotypie, procédé du XIXe au temps de pose très long. Ses images oniriques et sombres sont accessibles selon le format de 1300 à 6000 euros.

L’américaine Liz Nielsen travaille sans appareil, en chambre noire, et livre des œuvres graphiques et abstraites, proposées par Over the influence (Paris) dès 1500 euros. Exposé par Les Douches (Paris) Roger Catherineau (1925-1962), travaillait avec solarisation, surimpression et autres sorcelleries chimiques (autour de 6000 euros).

Sigalit Landau, Salt-Crystal Bridal Gown V, 2014, Archival inkjet print, 109 x 163cm, Sigalit Landau, courtesy CLAIRbyKahn Gallery.
Sigalit Landau, Salt-Crystal Bridal Gown V, 2014, Archival inkjet print, 109 x 163cm, Sigalit Landau, courtesy CLAIRbyKahn Gallery. Sigalit Landau

Avec des techniques plus contemporaines, on admire chez Binôme Paris les expériences architecturales et lumineuses de Corinne Mercadier (entre 2500 et 5800 euros), ou chez CLAIRbyKahn (Zürich) les œuvres de l’artiste israelienne Sigalit Landau, qui s’est servie d’une grue pour photographier une robe de mariée dans les eaux de la Mer Morte. Ses très grands tirages (6 exemplaires) sont accessibles autour de 70 000 euros.

A.C

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