The Good Business
Le plus ancien journal quotidien portuguais du pays mise sur une nouvelle stratégie de relance de son économie. A sa tête, Afonso Camoes, a lui même occupé la majorité des postes depuis son arrivée dans l'entreprise. The Good Life a interviewvé ce célèbre directeur qui fait parler son expérience.
The Good Life : L’édition papier, c’est une bataille perdue ?
Afonso Camões : Nous n’avons pas d’illusions… Certes, nous nous efforçons de résister le mieux possible à l’érosion des ventes, mais nous savons qu’il nous est désormais impossible d’élargir l’audience de l’édition papier, que ce soit au Portugal ou à l’étranger. En revanche, les outils numériques nous offrent de nouvelles perspectives, même si, pour l’heure, ce n’est pas rentable, car nos éditions numériques sont encore gratuites. Nos actionnaires, à savoir les banques, sont d’accord pour investir et pour miser dessus, à condition que nous visions désormais, non plus seulement le public du Portugal, mais tous ceux qui parlent portugais dans le monde.
TGL : Une fusion, à terme, entre votre titre et le Diário de Notícias, qui appartiennent au même groupe de presse, est-elle envisageable ?
A. C. : Cela ne me paraît pas réaliste, car le Jornal de Notícias et le Diário de Notícias ont des cultures totalement différentes. Nous, nous avons toujours été indépendants du pouvoir politique. Nous sommes un journal populaire basé à Porto et non un journal de l‘establishment de Lisbonne…
TGL : Quelles étaient les sujets de vos meilleures ventes récentes ?
A. C. : La victoire du Portugal à l’Euro de football, les attentats terroristes de Paris, l’incarcération de notre ancien Premier ministre, José Sócrates, ou encore les dernières élections présidentielles portugaises avec 96 000 exemplaires vendus en un jour !
TGL : Manquez-vous de moyens éditoriaux à la rédaction?
A. C. : Oui. J’aurais besoin de plus de journalistes spécialisés pour mieux couvrir la politique, l’économie, et de plus d’argent pour partir en reportage… J’aimerais surtout qu’il y ait plus de mémoire dans la rédaction, car tous les journalistes seniors nous ont quittés lors des plans de départs successifs… Nos journalistes ne sont plus vraiment les spécialistes d’un secteur, ce sont devenus, par la force des choses, des généralistes. Lors des attentats en France, pays où il y a 1 million de Portugais, on a dû acheter des articles faute de pouvoir s’offrir un envoyé spécial… Il nous manque enfin du temps pour mener des enquêtes et pour les approfondir, car nos équipes sont débordées et sous pression.
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