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Le monde du luxe sait aussi se montrer vertueux, à l'instar de Prada qui, avec deux initiatives aux ambitions XXL, tente d'allier consommation raisonnée et préservation des écosystèmes marins.
Savoir vivre avec son temps. Tel pourrait être le crédo de Prada, qui, loin de vouloir se reposer sur ses lauriers, transforme une matière ayant fait son succès en une réinvention totale et écologique. Car si, dans les années 80, Miuccia Prada a révolutionné la mode en intégrant le nylon dans la confection de ses collections, la matière synthétique est aujourd’hui devenue persona non grata de nos dressings. La raison ? Issue de la pétrochimie, ce polymère dérivé du pétrole est accusé, comme toutes les fibres synthétiques, de libérer des microparticules lors des lavages en machine, polluant ainsi les écosystèmes aquatiques. C’est ainsi qu’en 2019, la marque italienne dévoile Re-Nylon, une collection innovante utilisant du nylon régénéré fabriqué à partir de déchets plastiques repêchés dans les océans, de filets de pêche abandonnés et de déchets industriels. Une prise de conscience essentielle portée par deux ambassadeurs dont les superpouvoirs sont aujourd’hui utilisés à bon escient : celui de préserver les océans.
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Au fil de l’eau
Divisée en quatre films de quatre minutes, la nouvelle campagne Re-Nylon met à l’honneur deux comédiens bien connus des fans de l’univers Marvel : Benedict Cumberbatch et Sadie Sink, que l’on retrouvera prochainement dans l’ultime saison de Stranger Things avant de la découvrir au cinéma dans le quatrième opus de Spider-Man. Tout comme dans leurs épopées cinématographiques, leur mission avec cette campagne de sensibilisation reste bel et bien de nous sauver d’un désastre annoncé. L’acteur emblématique de Doctor Strange nous y livre, depuis un ponton norvégien, un discours aussi sobre qu’alarmant. Vêtu de la collection Re-Nylon de la tête aux pieds, son regard bleu perçant nous fixe face caméra afin de nous alerter sur les ravages de la pollution sonore subaquatique subie par la faune et la flore marines. Une publicité qui se veut avant tout un programme éducatif, ambition qu’elle réussit haut la main, préférant porter toute notre attention sur le travail de la biologiste allemande Heike Vester plutôt que de nous inciter à consommer.

Même son de cloche pour Sadie Sink qui, depuis une plage mexicaine, tient à nous rappeler le fragile équilibre de l’écosystème marin, dont l’une des premières victimes dans cette région du globe reste le requin-baleine, « le plus grand poisson vivant dans nos océans, dont la nourriture ne dépasse pas la taille de notre index », selon les dires de la comédienne de 22 ans que l’on imagine aisément jouer dans un remake de Sauvez Willy.
Ces mini-documentaires, aussi efficaces que percutants, sont coproduits avec National Geographic et s’inscrivent dans un programme global conçu en partenariat avec la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO : SEA BEYOND. Plus qu’un simple programme de sensibilisation, cette initiative vise à éduquer les jeunes générations, à financer la recherche scientifique tout en soutenant des actions concrètes en faveur de la conservation marine. Un engagement pour l’éducation à l’océan qui se concrétise par l’ouverture, ce mois-ci à Venise, du SEA BEYOND Ocean Literacy Center, le premier centre permanent dédié à la culture océanique en Italie. Situé dans un cadre exceptionnel au cœur d’un parc de plus de 38 000 m², ce centre veut offrir un large éventail d’activités interactives et éducatives : ateliers scientifiques, expositions immersives, parcours sensoriels et conférences. Conçu comme un véritable hub de transmission des savoirs, il ambitionne de devenir une référence en matière d’éducation marine.
Sous l’océan…
Depuis son lancement, le programme SEA BEYOND a réussi l’incroyable pari de sensibiliser à travers le monde plus de 35 000 étudiants aux enjeux de la préservation marine, et ce, grâce à des programmes pédagogiques innovants. Une de ses initiatives phares, le Kindergarten of the Lagoon, propose depuis 2021 des activités éducatives en plein air aux jeunes bambini de Venise. Un projet qui ne se limite pas à la jeune génération transalpine, puisque SEA BEYOND fera aussi parler de lui en juin prochain tout près de la Promenade des Anglais. Un pavillon interactif qui ne manque pas de sel, appelé The Whale, sera aménagé lors de la troisième Conférence des Nations Unies sur les océans. Le but, là encore, sera de sensibiliser le public niçois aux enjeux marins à travers des ateliers et des conférences animées par des experts. Et lorsqu’on sait que Prada reverse 1 % des revenus issus de sa collection Re-Nylon à la protection marine, on se dit que ce genre d’initiative est loin d’être une goutte dans l’océan.