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The Good News
Le silence, comble du luxe ? Roi des paradoxes, le 4x4 à l’étoile, né très rustique, est devenu une icône ultra-haut de gamme. Mais alors que ses versions V8 AMG se vendent comme des petites brioches (très dorées), il se réinvente en mode zéro émission avec le G 580 EQ. Découverte de ce baroudeur électrifié en hors-piste et sur asphalte.
Les silhouettes qui ont façonné l’histoire des 4×4 pour arriver au statut de modèles emblématiques se comptent sur les doigts d’une main. Il y a l’incontournable Jeep, bien sûr, le rustique Land Rover et son cousin, so chic, le Range Rover, l’increvable Toyota Land Cruiser et enfin, le Mercedes Classe G, familier des quartiers chics, produit à plus de 500 000 exemplaires depuis son apparition en 1979 dans sa première génération.
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L’électrique esprit V8
Parmi ces baroudeurs devenus objets de luxe, c’est l’allemand qui est le premier à franchir le pas du 100 % électrique. Un vrai défi technologique pour cet engin ultralourd et à l’aérodynamique digne d’une armoire normande…
Mais les ingénieurs qui ont œuvré sur ce modèle fabriqué en Autriche chez le spécialiste Magna Steyr ont tout fait pour s’assurer que cette version serait aussi à l’aise que ses conjoints thermiques pour grimper le mont Schöckl, terrain d’essai local de référence pour toutes les Mercedes G (pour Geländewagen, « véhicule tout-terrain »), testés plus de 300 fois pour chaque nouvelle déclinaison.
Mieux : la subtilité de la répartition de puissance et de l’énormissime couple de 1 164 Nm permis par les quatre machines électriques – une par roue – assure des progressions bluffantes dans les pires difficultés.
Une efficacité presque frustrante lorsqu’on se retrouve au volant, laissant l’électronique gérer toute seule le passage des obstacles à basse vitesse constante, une fois enclenché le régulateur de vitesse spécifique aux phases de franchissement.
Mais vous pourrez toujours raconter à vos passagers que ce sont vos talents d’expert qui permettent à cet engin de grimper aux arbres, profitant du silence royal qui donne à apprécier les bruits de la nature et, en même temps, fait la paix avec les randonneurs…
Performances et sonorité
Cependant, loin de cette douceur, les quelque 587 chevaux sont aussi capables de méchamment hausser le rythme et faire déraper avec brio cet engin dépassant les trois tonnes, dont 500 kg sont dus à la masse de la batterie. Une immense batterie de 116 kWh utiles, sous haute protection avec un blindage d’alliage de carbone de 26 mm d’épaisseur pouvant supporter trois fois la masse de l’auto sur quelques centimètres carrés.
Elle est aussi enfermée dans un boîtier étanche, le G, labellisé EQ, pouvant supporter des passages à gué de 85 cm. Nous avons pu le tester dans l’incroyable dédale de pistes du château de Lastours, dans l’Aude, où sont testés les monstres qui s’apprêtent à prendre le départ du Dakar. Un terrain idéal également, car il est entouré de belles routes à virages, parfaites pour vérifier les capacités routières de l’engin.
Et là aussi, la Mercedes Classe G électrifié se montre tout à son aise malgré sa fiche technique camionnesque. Très confortable, silencieux bien sûr, rassurant, efficace et précis même, le G580 est aussi un bel engin de voyage et, si on hausse le rythme sur route, il est capable de performances de premier ordre en se propulsant de 0 à 100 km/h en 4,7 secondes.
Des performances réalisées, au choix, en silence complet ou au son… d’un V8, reproduit avec le système G-Roar via la sono embarquée, signée Burmester pour les passagers, tandis que dehors, une barre de son avant et un haut-parleur arrière se chargent de diffuser ces vocalises tout à fait artificielles. Chassez le naturel…
Sur les grands boulevards
Le G 580 EQ offre une vaste autonomie en tout-terrain pour partir à l’aventure sans trop se poser de questions, mais sur route, il faudra se contenter de 250 à 400 km, selon le style de conduite. La recharge rapide se fait en juste 32 minutes sur une borne DC, grâce au chargeur supportant une puissance généreuse de 200 kW.
C’est d’ailleurs bien sur le bitume que la plupart de ces engins poseront principalement leurs grandes roues, de Monaco à Miami, sûrs de pouvoir continuer à parader sur les boulevards les plus chics. Voilà un cadre parfait pour admirer le charme de la présentation, irrévocablement rétro, avec les portes au claquement sec et le pare-brise très vertical, une allure quasi inchangée malgré un léger restylage accompagnant l’arrivée de cette version.
Le tableau se poursuit dans son habitacle à la qualité de finitions impeccable et intégrant un équipement pléthorique, dont de nombreuses touches high-tech, avec des écrans dernier cri : le G reste un objet à part. Avec le programme de personnalisation Manufaktur, il offre plus de 1 million de combinaisons – dont 20 000 peintures extérieures –, de quoi éviter l’humiliation d’arborer le même que son voisin de Beverly Hills…
Pour s’offrir la nouvelle Mercedes Classe G qui coupe l’herbe sous le pied du Range Rover Electric attendu dans les prochains mois, comptez sur un budget de 174 951 euros, au bas mot, sans intégrer les options de personnalisation incontournables pour chaque acquéreur d’un tel engin, status symbol ultime pour aller crapahuter au fin fond de la Patagonie – ou pour aller chercher les enfants avec la plus forte impression de sécurité du marché. Qui peut le plus, peut le moins.
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