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Le géant de la Tech s’établit dans le site historique de St-John’s Terminal, une ancienne gare ferroviaire restaurée et réhabilitée en un campus de 12 étages et de 70 mètres de haut. Un projet architectural et économique d’envergure, alliant innovation et durabilité.
Un nouveau chapitre s’ouvre pour votre moteur de recherche favori ! Après l’ouverture de nouveaux bureaux à Paris, dans le IXe arrondissement, Google étend son empreinte sur le paysage urbain new-yorkais.
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Google et l’esprit vertueux
C’est au cœur de Manhattan, au carrefour de Tribeca, de West Village, de Soho et de l’Hudson River Park, que le moteur de recherche a élu domicile, dans les murs du St. John’s Terminal. Construit en 1934, cette ancienne gare marquait originellement le terminus de la ligne de fret qui parcourait ce qu’est aujourd’hui le tracé de la High Line, à New York, avant de cesser toute activité en 1960.
Près de 60 ans plus tard, le projet de rénovation du site émerge. Google commence par louer le St. John’s Terminal pour y installer ses nouveaux bureaux, en 2019, pour finalement l’acquérir en 2022 pour la coquette somme de 2,1 milliards de dollars. Orchestrée par les cabinets d’architectures Cookfox et Gensler, la réhabilitation des lieux s’inscrit dans une démarche de reconversion écologique forte.
Le projet a en effet permis d’éviter l’émission de milliers de tonnes dioxyde de carbone et de réduire considérablement les déchets liés à la construction. Comment ? En conservant notamment les rails d’origine et en incorporant du bois récupéré parmi les dégâts provoqués par l’ouragan Sandy de 2012. Des initiatives positives mêlant durabilité et innovation, des valeurs chères à l’entreprise.
L’inauguration le 21 février dernier de la nouvelle mouture du St. John’s Terminal a suscité l’enthousiasme à la fois dans l’industrie de la construction et dans le monde de la tech. En élargissant son emprise par delà de son siège social situé à Mountain View, en Californie, Google met en lumière une fois de plus l’importance stratégique de la ville de New York pour sa réputation, tout en soulignant son potentiel impact sur l’économie locale.
Malgré des licenciements massifs au sein d’Alphabet, maison-mère de Google, survenus en janvier dernier, l’entreprise a fait de New York un véritable vivier d’emplois. En 2018, à l’aube de son projet de rénovation, elle employait 7 000 New-yorkais, contre plus de 14 000 aujourd’hui. « C’est un témoignage du dynamisme de New York, de la diversité de son réservoir de talents et des institutions de classe mondiale qui nous permettent de rester enracinés ici », déclare Sean Downey, Président des partenariats Amérique et Monde de la firme, dans un communiqué.
Réinventer l’espace de travail
Bien plus qu’un simple espace de travail, le St. John’s Terminal se veut être un écosystème favorisant l’épanouissement professionnel et personnel des salariés de Google. « Lorsque nous avons lancé ce projet, nous voulions penser différemment. St. John’s Terminal est l’occasion pour nous de ré-imaginer la manière dont nous travaillons ensemble dans un contexte mondial radicalement différent », introduit Torrence Boone, responsable du site des nouveaux bureaux de Google à New York, dans une vidéo promotionnelle du lieu.
Des open spaces lumineux aux librairies, cafés, espaces de repos et terrasses, chaque recoin du campus a été conçu pour stimuler la créativité et encourager la collaboration entre « googlers ». L’objectif : offrir une multiplicité d’environnements de travail où les idées prennent vie dans une émulation collective prospère. « Nous avons compris que chez Google les grandes idées venaient de petites équipes très soudées. (…) Les employés souhaitent travailler ensemble. Nous avons donc adopté une approche différente : l’équipe prime, et chaque équipe a son propre “quartier”, et décide avec qui elle veut travailler. Ils ont ainsi un sentiment de communauté et d’appartenance », développe Jennifer Kelly, vice-présidente de l’expérience sur les lieux de travail chez Google dans cette même vidéo.
Avec ses 60 quartiers organisés pour des équipes de 20 à 50 personnes, les locaux ont été adaptés pour accueillir environ 3 000 employés. Un pari audacieux pour inciter les travailleurs à retourner au bureau, dans un contexte mondial où le télétravail est devenu la norme. « Si vous faites ce trajet, c’est parce que vous pouvez côtoyer des gens passionnés, qui ont sans cesse de nouvelles idées et que vous pouvez créer quelque chose ensemble que vous ne pourriez pas faire seul, et c’est vraiment la vision de cet espace », ajoute Sean Downey.
Les ambitions écologiques des nouveaux bureaux de Google
Au-delà de sa fonctionnalité, le St. John’s Terminal reflète également l’engagement durable de Google. Un engagement parfois sujet de grandes controverses, notamment à Berlin en 2018, où le géant du web avait annoncé vouloir s’installer dans une friche industrielle de Kreuzberg – quartier Ouest de la capitale allemande – une idée à laquelle les associations militantes et les habitants s’étaient fermement opposés et avaient obtenu gain de cause.
Pour autant, à l’instar de ses locaux à Dublin, installés dans un ancien moulin à farine ou à Los Angeles, dans un ancien hangar à avions, ceux de New York incarnent une certaine ambition écologique et patrimoniale de l’entreprise. Du haut de ses 12 étages, le siège du St. John’s Terminal intègre des panneaux solaires, un système de rétention des eaux de pluie et offre, avec 1,5 hectare de végétation, un habitat floristique et faunistique aux espèces locales. « Ce que nous avons réalisé ici, ce n’est pas seulement un hectare et demi d’espace vert magnifique, mais une écologie avec 95 % d’espèces végétales natives. Il s’agit véritablement de créer un écosystème entier pour les insectes et les oiseaux », explique Rick Cook, associé fondateur de Cookfox Architecture.
Dans la continuité de ce projet d’envergure, se déploie peu à peu celui des nouveaux bureaux de Google à Chicago. En effet, d’ici à 2026, l’entreprise prévoit le réaménagement du James R. Thompson Center à Chicago, un bâtiment de 94 mètres de haut et d’une superficie de plus d’un million de mètres carrés, accueillant une partie des bureaux du gouvernement de l’État de l’Illinois. Cette initiative ambitieuse promet elle aussi de redéfinir l’horizon urbain et économique de la ville, témoignant une fois de plus s’il le faut, de la vision à long terme de Google en matière d’innovation et de développement durable.