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Mory Sacko : trajectoire d’un chef cosmopolite

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The Good Guide

Mory Sacko, le chef-propriétaire du restaurant MoSuke à Paris, s’est imposé avec une audace rare à peine sorti de Top Chef, à contre-courant des tendances.

Dans le monde de la gastronomie parisienne, les chefs révélés par Top Chef se multiplient, reconnus pour leur talent autant que pour leur personnalité. Souvent, après l’émission, ces figures médiatiques se voient offrir des résidences ou des contrats temporaires dans des restaurants, des collaborations lucratives pour les deux parties. Mais Mory Sacko n’a jamais suivi cette voie.

Dès Top Chef, il s’était démarqué par son approche singulière : là où d’autres privilégiaient des associations de saveurs audacieuses parfois sans cohérence, Mory Sacko restait fidèle à une ligne claire. Sa cuisine, à la croisée des influences française, africaine et japonaise, incarnait déjà une vision forte, presque viscérale.


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Un pari osé

Né en France de parents maliens, Mory Sacko a grandi en banlieue parisienne, bercé par les plats traditionnels de sa mère et par son intérêt pour la culture japonaise, nourri de mangas dévorés dans son enfance. Après la finale de Top Chef, il décroche un prêt bancaire – un exploit en pleine pandémie de Covid-19 – et ouvre fissa MoSuke, dans une petite rue du 14ᵉ arrondissement de Paris.

L’adresse est discrète, nichée dans une maisonnette entourée de bâtiments modernes. « La salle était très épurée au départ, avec quelques touches de bleu. Nous avions fait le décor nous-mêmes, sans trop y investir. On avait mis le paquet dans la cuisine », se souvient le chef.

L’étoile Michelin ne tarde pas à arriver, propulsant le restaurant sous le feu des projecteurs. Mais avec cette reconnaissance viennent aussi les critiques : certains dénoncent un favoritisme lié à sa notoriété. Peu importe, car ceux qui ont goûté à la cuisine de Mory Sacko savent que le chef mérite amplement son étoile. Depuis cinq ans, il la conserve avec brio, prouvant que son talent dépasse les phénomènes de mode.

Le restaurant MoSuke affiche un nouveau décor chaleureux.
Le restaurant MoSuke affiche un nouveau décor chaleureux. Virginie Garnier

Une salle transformée pour un chef en pleine évolution

« Ma cuisine a grandi en même temps que moi », confie Mory Sacko. En 2023, il décide de réinventer la salle de MoSuke, s’entourant du duo d’architectes Friedman et Versace, connu pour ses intérieurs élégants et poétiques. Les deux femmes, qui ont travaillé sur des projets pour Éloi Spindler ou Paris Society, transforment le lieu en une extension visuelle de la cuisine du chef.

La salle, biscornue et étroite, gagne en chaleur et en fluidité. Dès l’entrée, des banquettes adoucies en velours de mohair entourent des tables en bois massif et dessinées sur-mesure. Le papier peint en fibres naturelles d’abaca habille la salle avec un doux relief et se conjugue avec élégance aux appliques murales et aux stores bateaux en bambou feutré. Au plafond, les tissus de fine laine ajourés rappellent l’esprit poétique des jardins nippons. À présent, la cuisine est agrandie et ouverte pour dialoguer discrètement avec la salle. Les tons verts et beiges, combinés à des éléments artisanaux comme un arbre sculpté en plâtre, renforcent l’ambiance organique et contemporaine. « Je voulais un espace qui reflète ma cuisine : un mélange de cultures, mais toujours harmonieux », explique le chef.

Les inspirations se marient et font écho à la cuisine du chef.
Les inspirations se marient et font écho à la cuisine du chef. Virginie Garnier

Un menu triptyque

Chez MoSuke, le menu décline en 4 ou 6 actes midi et soir. Il reste fidèle à la philosophie de Sacko : un dialogue entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique.

Les créations du chef illustrent cette approche. Par exemple, un sushi revisité combine omble chevalier – un poisson d’eau douce délicat – et kiwi travaillé sous quatre formes, apportant une touche exotique et acidulée. Le maffé, réinterprétation du ragoût malien, clôture souvent la partie salée. « Ma mère me dit toujours que ce n’est pas un mafé, mais c’est ma version », plaisante Mory Sacko, qui assume pleinement sa liberté créative.

Depuis trois ans, il s’est entouré du chef pâtissier Théo Segretin, un talent prometteur… qui aime les desserts sans sucre ! Mention spéciale pour sa tarte au chocolat, où l’amertume et la légèreté du cacao se marient à la perfection, comblant les palais les plus exigeants.

Le bœuf d’Aubrac maturé au karité, sauce mafé, fonio et tamarin.
Le bœuf d’Aubrac maturé au karité, sauce mafé, fonio et tamarin. Virginie Garnier

L’opinion de The Good Life sur MoSuke : c’est gooood !

Pour qui : les gourmets qui cherchent à faire vibrer leur palais de saveurs nouvelles.

Pour quoi : une grande occasion, le midi, pour profiter de la beauté du décor sans fard.


Restaurant MoSuke
11 Rue Raymond Losserand, 75014 Paris
Site internet


 

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