Horlogerie
L’annonce de l’arrêt de la plus convoitée des montres Patek Philippe, en janvier dernier, a secoué la planète horlogère. Pourquoi la manufacture suisse a-t-elle fait ce choix ? Explications.
C’est l’histoire d’une montre dont tous les amateurs d’horlogerie rêvaient. La saga d’un garde-temps qui imposait de patienter huit ans sur liste d’attente pour pouvoir l’acquérir et que certains revendaient le double dès le lendemain de son achat… Bref, il est question de passion, d’excès, de déraison, lorsqu’on évoque la Patek Philippe Nautilus.
Autant dire que l’annonce de sa suppression, au début de l’année, a fait l’effet d’une bombe. Et a suscité l’incompréhension. Voir disparaître un modèle aussi plébiscité malgré son prix officiel frôlant les 30 000 euros pouvait sembler irrationnel sur un plan économique. Alors pour quelle raison la marque suisse a-t-elle choisi de mettre un terme à cette incroyable réussite ? L’explication est simple : il n’a jamais été question de jeter la Nautilus aux oubliettes.
Seule une version a été stoppée, comme on le précise chez Patek Philippe : « Depuis le lancement de la première Nautilus, en 1976, beaucoup de modèles sont entrés et sortis de collections. Aujourd’hui, il reste au catalogue plus de 25 déclinaisons pour homme et pour dame. » Alors où est le problème ? La marque insiste sur le fait qu’elle n’a fait aucune déclaration officielle.
Protéger l’entreprise pour l’avenir
Quelques détaillants ont annoncé l’arrêt de l’une des références et les réseaux sociaux ont fait le reste. Mais le modèle en question est le best-seller de la collection, la version 5711/1A-010 en acier avec cadran bleu, qui attire toutes les convoitises au détriment des autres Nautilus et du reste de la gamme Patek Philippe.
C’est justement cette situation qui a conduit Thierry Stern, P-DG de la maison, à prendre la décision de mettre un terme à la carrière de la 5711. Radicale mais réfléchie, comme il s’en est expliqué dans le New York Times, déclarant qu’il ne souhaitait plus voir une seule et unique montre trôner au sommet de la pyramide. « C’est trop dangereux », affirme-t-il.
Dangereux ? « Lorsque vous avez une marque fantastique comme Patek Philippe, vous devez protéger l’entreprise pour l’avenir et pas seulement un produit. » Pour lui, arrêter la 5711, que beaucoup ne voyaient plus que sous le seul angle de la spéculation, permettra aux amateurs de porter un regard neuf sur l’ensemble de la production, notamment les pièces en métaux précieux et munies de complications.
Quatre nouvelles Patek Philippe Nautilus
« Nous créons constamment de nouveaux modèles et nous innovons avec nos mouvements », insiste Thierry Stern. On imagine donc sans peine à quel point étaient attendues les nouveautés Patek Philippe, le 7 avril, lors du salon virtuel Watches & Wonders.
Et, ce jour-là, on a assisté au lancement de quatre nouvelles Nautilus, dont une montre référence 5711/1A-014… identique à la version bleue disparue, à l’exception de son cadran vert olive ! Alors, à quoi Patek joue-t-il ?
La réponse tient dans le communiqué de la marque : « L’année 2021 annonce la fin de la série 5711/1A. » Cette version en acier à cadran vert (la dernière ?), proposée à 30 400 euros, ne servira-t-elle qu’à faire patienter en attendant la sortie d’une Nautilus en platine ou en titane ?
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