×
Tribale, mais chic, couleurs azuréennes, vertus lithothérapeutiques… Autant de bonnes raisons de se faire comme alliée la turquoise cet été, 2023 - TGL
Tribale, mais chic, couleurs azuréennes, vertus lithothérapeutiques… Autant de bonnes raisons de se faire comme alliée la turquoise cet été, 2023 - TGL
Marine Mimouni

Lifestyle

Tendance : sur les sacs, les bijoux et les montres, la turquoise revient en force

Lifestyle

La turquoise revient en force, de Tucson à Saint-­Germain-des-Prés. Tribale, mais chic, c’est cette union des paradoxes, peut-être, qui nous séduit, ou ses vertus lithothérapeutiques, ses couleurs azuréennes… Autant de bonnes raisons de s’en faire une alliée pour l’été.

Tucson, Arizona. Chaque année, en février, se tient dans cette cité du désert un marché un peu étonnant, très folklorique. On pourrait se croire dans un film de Quentin Tarantino. On y croise aussi bien des beatniks sur le retour reconvertis en chasseurs de pierres que des marchands afghans et des beautés californiennes très stylées dont on se demande comment elles ont pu atterrir dans ce bazar à ciel ouvert. Tentes plantées à la périphérie de la ville, motels reconvertis en showrooms et tables en Plexiglas installées sur des parkings, ne vous méprenez pourtant pas, vous êtes ici à un événement à la portée internationale, la plus grande foire au monde de la turquoise : le JOGS Tucson Gem and Jewelry Show.


À lire aussi : Bijoux d’artistes, un marché naissant ?


La Day-Date 36, en or gris et diamants, de Rolex, arbore un cadran en turquoise.
La Day-Date 36, en or gris et diamants, de Rolex, arbore un cadran en turquoise. Rolex / JVA Studios

Contrairement au très policé Hong Kong International Diamond, Gem and Pearl Show, qui est la plaque tournante des pierres précieuses, ne passent ici de mains de négociants en mains d’acheteurs que des pierres dures. Outre ces fameuses turquoises couleur d’azur, se marchandent des spinelles, des opales, ainsi que toutes sortes de cristaux. Ce n’est pas un hasard si Tucson est le haut lieu de ce commerce.

Elle se trouve au cœur de la vallée de la Turquoise, où, pendant des siècles, on l’a extraite. Il suffit d’emprunter la route qui descend vers le Nouveau-Mexique pour apercevoir, sur les bas-côtés, des panneaux qui indiquent d’anciennes mines. Alors que le gisement n’est pas tari, presque toutes ont fermé. Il n’en reste plus que deux ou trois en activité, qui fournissent toujours la place Vendôme, des maisons comme Piaget, Van Cleef & Arpels et Cartier. La raison ? Les Chinois qui se sont emparés de ce marché l’exploitent à la Shein… 

Colliers Jacquie Aiche, fortement inspirés de la culture amérindienne.
Colliers Jacquie Aiche, fortement inspirés de la culture amérindienne. Jackie Aiche

La turquoise : revival amérindien

Attention, toutefois, à ne pas confondre cette vallée avec la route de la turquoise. Sur moins de cent kilomètres, le Turquoise Trail traverse la réserve Navajo et est bordé de boutiques d’artisanat local où l’on peut acheter toutes sortes de bijoux d’inspiration amérindienne. Santa Fe est l’épicentre de ce commerce, qui est devenu à la mode en France dans les années 70 grâce aux bikers et autres rockers friands de bijoux indiens : le style Santa Fe.

On a tous en tête les pièces monumentales importées par Harpo en argent incrusté de pierres. Ce style revient grâce à une nouvelle jeune génération de designers qui se réapproprient la culture de leurs ancêtres et la retravaillent avec des codes actuels. Citons, par exemple, Good Day Navajo et Orlando Duji pour lesquels les bijoux ne sont pas des accessoires, mais font partie à part entière du vestiaire.


À lire aussi : The Good Look : La tendance des bijoux masculins


L’un des sacs de la marque Etro.
L’un des sacs de la marque Etro. DR

Après le New Age, la culture amérindienne inspire toute une vague de créatrices de la côte Ouest, comme Melissa Joy Manning pour sa collection Tribal, et surtout Jacquie Aiche. Cette Française de L.A. est en quelque sorte la porte-parole chic de ce revival, avec l’aigle qui revient comme un leitmotiv dans son travail, puissant symbole des rites indiens.

Sans oublier des jet-setteuses comme Noor Fares ou Eugenie Niarchos qui viennent faire leur marché à Tucson. Du coup, on a vu la turquoise réapparaître jusque chez Etro, qui en a fait le thème de l’un de ses récents défilés et dans moult boutiques de Brooklyn et de Saint–Germain-des-Prés. C’est un paradoxe.

Gloria no 1, collier en argent et turquoise, par Pascale Monvoisin.
Gloria no 1, collier en argent et turquoise, par Pascale Monvoisin. Pascale Monvoisin

Alors qu’elles attirent pour leurs couleurs des mers du Sud, les turquoises gisent sous le sable des déserts dans des régions à l’aridité extrême, comme l’Arizona, donc, mais aussi le Mexique, l’Iran et l’Afghanistan. Les eaux arides souterraines, acides et riches en cuivre, réagissent avec le phosphore et l’aluminium des sous-sols pour les former. Si elles n’ont pas l’éclat ni la transparence des diamants, ce sont leurs couleurs qui les rendent désirables. Les plus recherchées sont bleu azur et unies. Si elles ont des nervures, celles-ci doivent être régulières et le plus harmonieuses possible. Quant à leur nom, il dérive de l’expression « pierre turque ».


À lire aussi : Bijoux : Le Gramme, unité de séduction


Les Européens les ont découvertes et surnommées ainsi à l’époque des croisades, quand les Turcs en faisaient le négoce. Bien avant les Indiens d’Amérique, pour lesquels elles étaient à la fois une pierre cérémoniale et une monnaie d’échange, les Égyptiens en avaient fait une pierre sacrée, 3 000 ans avant J.-C. Ils ont sans doute été les premiers à les incruster sur leurs parures ornementales.

Collier en turquoise de Pascale Monvoisin.
Collier en turquoise de Pascale Monvoisin. Pascale Monvoisin

Parce qu’elles apportent protection, elles ornent les masques funéraires. On peut admirer le travail de ceux de Ramsès II et de Toutânkhamon. Il suffit de faire un tour au département des antiquités du Louvre pour se rendre compte à quel point certains bijoux exposés ont inspiré – de près ou de loin – ceux des vitrines de créatrices parisiennes, des bijoux grigris de Marie-Hélène Spitzer à la haute joaillerie de Valérie Messika.

Quand on remonte le Nil, jusqu’à Louxor et Edfou, on peut acheter aux marchands ambulants des scarabées en turquoise, mais attention, ces pierres sculptées et gravées proviennent… de Chine ! Au Tibet, elles promettent santé et fortune, et sont honorées comme pierre nationale. Reste qu’aujourd’hui, à l’inverse d’autres pierres de couleur, ce n’est pas pour leur pouvoir qu’on les porte, mais pour leurs tonalités qui vont du bleu au vert et qui évoquent l’été.


À lire aussi : The Good Look : 12 marques de bijoux unisexe tendances


Site internet du JOGS Tucson Gem and Jewelry Show

Voir plus d’articles sur le sujet
Continuer la lecture