Lifestyle
Le marché de la revente est devenu un acteur incontournable de la mode. Ses figures de proue sont aujourd’hui challengées par des labels comme Entremains qui le projettent dans le futur 100 % circulaire.
Elles s’appellent Sophie Boirard et Camille Chatelet. Dans la lignée de Morgane Sézalory (Sézane), Chrysoline de Gastines (Balzac Paris) ou Angélique et Domitille Brion (Sœur), elles ont eu envie de créer leur label mode : Entremains.
« Nous voulions qu’il ait un impact positif sur l’environnement et que nos pièces soient proposées à un prix de vente accessible. Cependant, nous nous sommes très vite rendu compte que ce marché comptait déjà de nombreux acteurs. Notre offre n’aurait eu aucune plus-value. En revanche, nous pouvions challenger le secteur de la seconde main », explique Sophie Boirard.
C’était début 2020, en plein confinement, mais à un moment très opportun pour le vêtement d’occasion, puisque c’est là que la revente a explosé en France. Le timing était parfait. Plutôt que d’aborder ce retail comme le font les plates-formes, en mettant en relation vendeuses et acheteuses, elles ont pris un chemin de traverse.
Elles recyclent les rejets, les rebus de l’industrie textile. « Nous revalorisons tout ce qui est jeté, abandonné. Nous travaillons avec des organismes de collecte, dont le Relais et Emmaüs, auxquels nous rachetons des balles entières de vêtements. » Une fois triés, lavés, repassés, ceux-ci ne sont pas remis dans le circuit de la fripe comme chez Guerrisol, ils sont reconditionnés.
Chez Entremains, ils sont reprisés, customisés si nécessaire, et mis en scène.
« Nous cherchons à mettre l’ADN de la première main dans la seconde main afin que nos clients se sentent dans un véritable univers de première main. » Elles composent des looks, des moodboards qui suivent les tendances de la saison. Et jouent les stylistes pour coordonner, accessoiriser les pièces.
Leur autre point fort : le bar à jeans. Sachant combien il est difficile de trouver la forme qui correspond à sa morphologie, les deux entrepreneuses ont constitué un dressing de coupes et d’années différentes, dont le cultissime 501.
Depuis l’automne, elles se sont aussi ouvertes, avec succès, au vestiaire masculin. Leurs pièces phares de l’hiver : des vestes en cuir, des gilets de berger à la qualité irréprochable.
Vers un retail plus physique
Reste que ce mode de sourcing n’est pas un puits sans fond, ce dont les associations sociales se plaignent. Elles ne peuvent plus subvenir aux besoins des précaires. Le duo a dû diversifier ses approvisionnements. À la manière des chineurs, elles collectent en province où elles dénichent des pépites, notamment en matière de vintage, ont étendu leur terrain de jeux à l’Europe, et frappent aux portes des influenceuses dont elles rachètent les dressings.
Ce qui leur permet d’avoir accès à des pièces contemporaines siglées Acne, APC, Jacquemus… Et achètent aux enchères des pièces de luxe, dont des sacs Dior, un lot de vestes Courrèges revendues… 400 euros !
Peu à peu, Entremains glisse de la vente en ligne vers un retail plus physique. Outre des pop-up qui ont lieu tous les deux mois, des corners chez Merci, au (Re)Store des Galeries Lafayette et dans certains Monoprix, Sophie Boirard et Camille Chatelet songent à institutionnaliser leur concept dans un espace hybride totalement circulaire, avec mobilier ancien, bijoux upcyclés et cuisine zéro déchets. Le monde d’après frappe à la porte…
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