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Nouveau centre de recherche en biologie, nouveaux hôpitaux Galeazzi et Ca’Granda… les établissements de santé publics et privés de Milan se mettent à l’heure du numérique et de la médecine préventive dans de nouveaux bâtiments verts et fonctionnels.
Six ans après, le site de l’Exposition universelle de 2015 est devenu une véritable ruche. Du matin au soir, les engins de chantier s’activent. Et la pandémie de Covid-19 n’a pas ralenti leurs allées et venues. Ici, ils détruisent certains pavillons ; là, ils construisent les bâtiments qui accueilleront très bientôt leurs premiers occupants. Déjà, le pavillon italien Palazzo Italia est devenu le siège de Human Technopole et héberge une centaine de personnes qui assurent les services administratifs de ce nouvel institut de recherche. A Milan, le site a été rebaptisé MIND, pour Milano Innovation District, et veut préfigurer la ville et la santé du futur. Le ton est donné. Autour du Decumano, l’allée centrale longue de 1,5 kilomètre qui traverse le site d’est en ouest, un campus consacré aux sciences du vivant voit le jour. Il regroupera bientôt le nouvel hôpital Galeazzi, les facultés scientifiques de l’université de Milan, les laboratoires de recherche et les équipements scientifiques de pointe de Human Technopole, ainsi que la fondation Triulza pour l’innovation sociétale.
70 000 personnes avant 2030
Autour se développeront des immeubles de bureaux, des habitations, des commerces, des hôtels, des espaces verts et des lieux d’échanges pour les occupants de cette « ville dans la ville » qui s’annonce durable, connectée et smart. Avant 2030, ils seront près de 70 000 à vivre ou à venir à MIND chaque jour pour travailler, étudier, se promener… Premier occupant du site, Human Technopole (HT) se veut un centre de recherche en biologie humaine d’un genre nouveau, favorisant l’interdisciplinarité, l’innovation ouverte et la recherche translationnelle. Le centre commence à mener des travaux dans les domaines de la génomique, de la biologie computationnelle, de la neurogénomique ou de la biologie structurelle.
Il s’agit de « contribuer à l’amélioration de la santé et du bienêtre de tous », autrement dit de développer la médecine préventive et personnalisée. Pour cela, HT disposera d’équipements de pointe – cryomicroscopie électronique, séquenceur ADN ARN, datacenter et centre High Performance Computing – qui seront accessibles à toute la communauté de chercheurs, y compris à l’international. Le centre entend favoriser le transfert de technologies via des start-up ou des partenariats afin d’accélérer la mise en application des avancées scientifiques.
Autant d’ambitions partagées par l’équipe de l’hôpital Galeazzi. « L’hôpital devait être rénové et il venait de fusionner avec l’institut Sant’Ambrogio. Nous avons décidé de créer l’hôpital du futur sur le site de MIND », explique Elena Bottinelli, directrice générale des hôpitaux Galeazzi et San Raffaele. Bâti à proximité de Human Technopole, le long du Decumano, le nouvel hôpital disposera de 589 lits et 35 salles d’opération. L’immeuble de 16 étages sera entouré d’espaces verts et couvert de panneaux solaires. Après aménagement et qualification, il devrait être opérationnel au deuxième trimestre 2022.
Il accueillera alors plus de 9 000 personnes chaque jour, dont 1 500 employés. Bientôt, les facultés scientifiques de l’université de Milan viendront rejoindre les centres de recherche de HT et l’hôpital sur un campus imaginé par l’agence d’architecture Carlo Ratti Associati. Pas moins de 23 000 personnes devraient y venir chaque jour d’ici à 2025. Pour compléter l’écosystème, l’organisation Federated Innovation a vu le jour en février dernier. Elle rassemble des entreprises – 32 au moment du lancement – qui s’engagent à développer des projets innovants dans les domaines des sciences du vivant et de la ville du futur. Les développements seront menés en mode collaboratif selon le principe « collaborate & compete », sous l’égide de MIND, afin d’accélérer la traduction des innovations en produits et solutions au bénéfice de tous.
Santé : d’autres projets d’envergure à Milan
Au nord-est de la ville, à Sesto San Giovanni, sur le site des anciennes aciéries Falck, c’est la Città della Salute e della Ricerca (ville de la santé et de la recherche) qui verra le jour. Après des années de reports, de dépollution du site et d’attente, le chantier démarre cette année. Le projet imaginé par Renzo Piano sera revu par Norman Foster. En 2024, il regroupera l’Institut du cancer et le pôle neurologique Besta et comptera quelque 650 lits au milieu d’espaces verts. Au sud-est du centre-ville, c’est l’hôpital Ca’Granda, l’un des plus anciens d’Italie, qui se dote d’un nouvel ensemble moderne auquel a collaboré l’architecte Stefano Boeri. Le toit du bâtiment central sera recouvert d’un « jardin thérapeutique » de 6 000 m2.
Opérationnel en 2023, il aura été construit sans jamais interrompre l’activité de soins et de recherche. L’hôpital a fait réaliser une oeuvre géante par le groupe de street art Orticanoodles : 75 portraits des personnalités, dirigeants ou bienfaiteurs qui ont fait le Ca’Granda au cours des six siècles de son histoire recouvrent les palissades qui entourent le chantier.
La médecine préventive de demain
Outre la double fonction de soins et de recherche, tous ces nouveaux sites ont en commun de miser sur l’innovation ouverte, l’interdisciplinarité, l’accélération des échanges et la numérisation de leurs activités pour développer la médecine préventive et personnalisée de demain. Ce que la pandémie de Covid-19 a encore accéléré !
« Le tissu médical était peu numérisé jusque-là, tout comme le suivi du patient. La pandémie nous fait changer de modèle et elle accélère la transition vers le numérique. L’analyse des données, la télémédecine, une approche multidisciplinaire, la proximité avec la recherche, tout cela va nous aider à mieux connaître les patients, à mieux les suivre et à faire plus de prévention. Soigner des citoyens sains, c’est-à-dire ne pas avoir à les soigner, c’est cela le nouveau modèle ! » affirme Elena Bottinelli.
Pour parvenir à cette médecine préventive et personnalisée, les établissements ambitionnent d’aller au-delà de la santé. Tous parlent désormais de bien-être et s’intéressent au mode de vie des patients. Il s’agit de réduire le plus possible les risques de maladie et le temps passé à l’hôpital. La crise du coronavirus a permis de montrer l’efficacité de la recherche translationnelle. « La mise au point d’un vaccin ne naît pas seulement d’un axe de recherche, mais du croisement de plusieurs spécialités. Face à l’inconnu, on a besoin de croiser les disciplines », poursuit-elle.
Ainsi, face à la pandémie, l’hôpital San Raffaele qu’elle dirige a créé des équipes interdisciplinaires pour mieux comprendre. Cette approche lui a valu d’être distingué par l’Agence italienne du médicament (AIFA) comme le premier institut de recherche indépendant sur le Covid-19 en Italie. « Nous avons rédigé et publié plus de 400 communications scientifiques sur le sujet entre mars et décembre 2020, c’est 30 % de production de recherche en plus par rapport à l’année précédente », souligne pour sa part Fabio Ciceri, directeur scientifique de l’hôpital San Raffaele et professeur d’hématologie.
Et cela n’en reste pas au niveau de la recherche et des publications. San Raffaele gère également le transfert de technologie. « Nous représentons environ 80 % du transfert de technologie en sciences du vivant de toute l’Italie ! » se félicite Fabio Ciceri. Outre des centaines de brevets, l’hôpital a donné naissance à quatre start-up dans les thérapies géniques et le traitement des tumeurs. Tous les acteurs misent maintenant sur les nouveaux pôles de santé pour consolider l’écosystème et faire que, « de la paillasse au lit du patient », le parcours soit vertueux, mais aussi plus rapide. Le secteur de la santé donnera alors naissance à des entreprises qui créeront des emplois et participeront à la relance de l’économie du pays. Tout en améliorant la santé de tous !
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