Art
The Good Culture
La collaboration entre la marque de champagne Perrier-Jouët et l’artiste mexicain Fernando Laposse signe une nouvelle ère de communication où l’art, le design et le respect de la biodiversité sont mis en vedette.
Miami Beach, fin 2023. Quelques heures avant l’ouverture officielle de Design Miami, une poignée de privilégiés arpentent les couloirs de ce salon où galeristes, marques de luxe et collectionneurs butinent. Dans cette ruche de créativité, Axelle de Buffevent virevolte d’un stand à l’autre. La directrice Culture et Création du groupe Pernod Ricard, auquel appartient la maison de champagne Perrier-Jouët, est en terrain conquis.
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Depuis douze ans, Perrier-Jouët est en effet partenaire de l’événement et commissionne chaque année un artiste pour créer une oeuvre. Son choix s’est porté cette fois-ci sur un artiste et designer mexicain très engagé dans la défense de la planète, Fernando Laposse. Ce dernier a ainsi réinterprété le coffret de Perrier-Jouët Blanc de Blancs, cuvée hommage au chardonnay, le cépage signature de la maison depuis 1811.
Intéressé par les actions mises en oeuvre par Perrier-Jouët pour enrichir la biodiversité dans son vignoble, Fernando Laposse s’est inspiré de la pollinisation, un moment éphémère qui souligne l’importance de chaque espèce dans le développement des vignes. Le résultat ? Une installation autour de cette thématique.
Et, au détour d’une allée du salon floridien, son oeuvre, The Pollination Dance, se révèle : des ceps de vignes recréés, des fleurs de soie, des insectes imaginaires et deux jeunes filles qui remplissent des réservoirs d’un pollen rêvé qui s’écoule au gré du temps et des envies.
Le passage du temps
« Ce que vous voyez ici est un jardin fantastique, où des insectes pollinisateurs volent, comme si vous étiez au printemps, explique Fernando Laposse. Ils rencontrent ces fleurs, remplies de pollen. Pour représenter le passage du temps, nous avons créé un système qui ressemble à un sablier. Je vais vous montrer [l’artiste s’approche de son installation pour nous offrir une démonstration, NDLR]. Ici, c’est mon pollen : du sable coloré. Tandis qu’il s’écoule, vous pouvez percevoir cette idée du temps qui passe. Le but était de faire quelque chose d’interactif en évitant d’utiliser des outils trop compliqués. Au fur et à mesure de l’avancée de la semaine, il y aura de plus en plus de sable sur le podium, ce qui équivaut à peindre avec la couleur du sable. »
Ici, tous les rideaux sont en organza de soie et teints avec des cochenilles, un procédé qui vient du Mexique et qui implique, une fois encore, un insecte. Les ceps de vigne sont en résine 3D d’amidon de soja imprimée.
« C’est la résine la plus écologique du monde, assure Fernando Laposse. Si vous la mettez dans de l’eau, elle se dissout complètement. » Pour ancrer sa création dans le réel, Fernando Laposse est allé à Épernay, il y a trois ans, pour découvrir le terroir de la maison Perrier-Jouët.
Vers un système de permaculture
« Ce qui m’a été montré là-bas et ce qui a principalement retenu mon attention, ce sont les vignobles, souligne l’artiste. J’ai aimé cette idée qu’a eue Perrier-Jouët de bousculer sa méthode d’exploitation pour se tourner vers un système de permaculture introduisant des fleurs et des plantes sauvages au sein des vignes. Cela devait probablement être la norme il y a une centaine d’années, avant que le XXe siècle ne nous éloigne de tout ça. C’était vraiment passionnant d’observer ces vignes entourées d’insectes qui interagissent avec tout l’écosystème. C’était inspirant, comme le fut ma visite des caves sous la Maison Belle Époque avec près de dix kilomètres de bouteilles entreposées ! Quand je regardais ces milliers de bouteilles, j’y percevais le temps qui passe. Ce liquide n’est autre que du bon raisin, bien sûr, mais auquel s’ajoute beaucoup de temps. »
Son oeuvre veut ainsi capturer ce moment de joie de la pollinisation avec cette idée sous-jacente de représenter le temps marqué par les saisons, qui est contenu dans le champagne. Pendant l’interview, Axelle de Buffevent n’en perd pas une miette.
« Lorsque Fernando Laposse nous a proposé ce sujet de la pollinisation, cela a déclenché une vraie réflexion chez Perrier-Jouët, relève-t-elle. Les designers nous ouvrent la voie et nous montrent le chemin. Nous allons continuer à nous laisser guider et à leur faire confiance. » Plus qu’une promesse, un mantra.
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