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Laurence Revol

The Good Guide // Getaway

Bordeaux : Maison Hubert, vers une nouvelle culture de l’hospitalité

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Dans la très sage rue Saint-Hubert, à deux pas du Jardin Public et à quelques tours de roue des Chartrons, une maison d’hôtes nouvelle génération fait bouger les lignes — tout en douceur. Maison Hubert n’a ni le clinquant d’un cinq étoiles ni l’insolence d’un appart-hôtel. Elle a mieux : l’ADN des tribus d’aujourd’hui, des murs bavards et un goût certain pour la liberté.

Il y a des villes où les boutique-hôtels poussent plus vite que les terrasses à spritz. Bordeaux n’en fait pas partie. Ici, l’offre hôtelière continue de ronronner entre palaces intimidants, chaînes calibrées et Airbnb d’anthologie. C’est dans cet entre-deux que le Hobo Club a décidé d’infiltrer le terrain avec Maison Hubert, ne adresse pensée comme une maison d’hôtes urbaine.


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Maison Hubert : un luxe du familier

Pas de marbre, pas de chef étoilé, mais du béton brut, des boiseries tactiles, un bow-window poudré rose (dans la suite Biggy Blush) ou une terrasse tropézienne cachée (dans la Maxi Sun). Et surtout, ce sentiment délicat d’arriver quelque part où l’on ne joue pas à l’hôtel, mais où l’on vit — comme chez quelqu’un, mais en mieux.

Derrière ce dispositif : quatre cerveaux agitateurs, déjà à l’œuvre pour Maison Fernand et le Bistrot Maurice. Ici, leur manifeste s’étend sur 580 m² sur un coin de rue discrète, dans une bâtisse Art déco réhabilitée avec la complicité de B2P Architecture. Le résultat : un cocon feutré aux allures de maison de famille rêvée. Chaque suite est une micro-univers. Teintes sorbet, mobilier chiné, banquettes en béton sur-mesure et baignoires parentales en étage. C’est pop, c’est doux, c’est technique. Rien n’est laissé au hasard, mais tout semble avoir été trouvé au bon moment, dans la bonne brocante.

Chaque suite a son univers.
Chaque suite a son univers. Laurence Revol

Maison Hubert n’est pas une maison d’hôtes comme les autres. Les cinq suites (de 70 à 100 m²) sont pensées comme des habitats à géométrie variable : deux chambres, un ou deux bains, une salle à manger familiale, et des détails logistiques qui changent la donne pour les jeunes parents — poussettes Yoyo, porte-bébés ergonomiques, jeux design, mobilier signé Charlie Crane. On n’y vient pas seulement dormir, on y vit. À quatre, à six, parfois plus. Famille nucléaire, famille choisie, recomposée, improvisée… Tout tient.

Le matin, le petit-déjeuner est un manifeste locavore : confitures Gondolo, beurre de la Baratte Bordelaise, jus du verger familial espagnol, café torréfié par La Brûlerie (ceux de Books & Coffee). Les assiettes sont simples, mais incarnées. Tout y raconte un bout du territoire. Même les oranges.

Les matins sont doux dans les cocons de Maison Hubert.
Les matins sont doux dans les cocons de Maison Hubert. Laurence Revol

Vers un modèle hybride de l’hospitalité

Comme dans tout écosystème bien pensé, les usages s’imbriquent sans friction. On peut y réserver un massage en chambre, une dégustation de vins confidentielle, une table impossible à booker, ou transformer la salle commune en mini QG d’entreprise. La salle du petit-déj (25 places assises) se privatise comme une extension du bureau : réunions, ateliers, dîners. Maison Hubert n’est, à nouveau, pas qu’une maison d’hôtes : c’est un outil souple, un hybride entre maison de vacances, résidence d’artiste et coworking off the grid.

Maison Hubert parle plusieurs langues : celle du design local, de l’accueil pensé et de la mémoire des lieux. On y retrouve la patte de Lola Pegoraro, directrice artistique du Hobo Club, qui conjugue brocante 70s, opaline et formica, avec la précision brutaliste de B2P. C’est une maison qui a du chien sans faire de bruit. Qui en dit long sans jamais bavarder.

Maison Hubert est peut-être un prototype. Une capsule temporelle dans un Bordeaux qui bouge à pas comptés. Mais elle est aussi le signal faible d’un futur possible : celui d’une hôtellerie augmentée, où les lieux ne sont plus que des chambres avec options, mais des structures poreuses, conçues pour héberger du lien.

D’ailleurs, Hobo Club voit déjà plus loin : un boutique-hôtel en gestation, une maison au Cap-Ferret, un studio de conception pour accompagner d’autres hôtes à leur tour. Si Maison Hubert est leur manifeste, Bordeaux pourrait bien devenir leur laboratoire.

Le Hobo Club au complet.
Le Hobo Club au complet. Laurence Revol

Maison Hubert
1 Rue Saint-Hubert, 33000 Bordeaux
Site internet


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