Horlogerie
La génération de designers britanniques qui a émergé au milieu des années 80 a soudain donné tout son sens à l’expression « Cool Britannia »…
Michael Anastassiades, luminaires poétiques. Chypriote basé à Londres, où il étudie l’ingénierie puis le design au Royal College of Art (RCA), Michael Anastassiades est élu designer de l’année 2020 par Maison & Objet. Conçus tels des mobiles aux géométries épurées, ses luminaires minimalistes dessinent des chorégraphies poétiques dans l’espace, qu’ils soient allumés ou éteints, comme au Soho House de New York. A côté de ses propres éditions limitées, il a créé des lampes pour Flos (Arrangements, Copycat), une bibliothèque pour B&B Italia ou Coedition, des sièges pour Herman Miller ou Thonet.
Haut la main
Barber & Osgerby, sur tous les fronts. En 1998, leur table Loop, produite par Isokon, a clignoté sur le radar de Giulio Cappellini qui en a édité la version bureau. Une autre de leurs tables, Zero‑In, était l’une des guest-stars de la collection inaugurale d’Established & Sons. Depuis, Edward Barber et Jay Osgerby ont exploré, avec succès, d’autres typologies : lampe Tab T (Flos), chaises Tip Ton (Vitra) et On & On (Emeco), table Tobi Ishi (B&B Italia), tabouret Piton et fauteuil Pilot (Knoll). Sans oublier la torche olympique des JO de 2012. Par ailleurs, leur agence d’architecture intérieure, Universal Design Studio, a signé l’aménagement très réussi de l’Ace Hotel de Londres et de la boutique Rimowa de Berlin.
Tom Dixon, restaurants showrooms. C’est en réparant sa moto que ce designer entrepreneur autodidacte est tombé dans le design. Giulio Cappellini a édité, dès 1991, sa S‑Chair – dorénavant dans les collections du MoMA et du V&A. Après avoir réédité le mobilier moderniste de Robin Day dans ses années de directeur du design d’Habitat, Tom Dixon a remis le cuivre sur les mood boards déco, avec ses suspensions Copper Shade. Passionné par l’évolution du système économique du design, il est convaincu qu’un restaurant, à commencer par ceux qu’il a meublés (Shoreditch House), puis ouverts (Coal Office, à Londres, et Manzoni, à Milan), sont les meilleurs showrooms.
Design coloré
Raw Edges, haut en couleurs. Diplômés de l’Ecole des beaux-arts de Bezalel, à Jérusalem, puis du RCA, Yael Mer et Shay Alkalay affichent une sensibilité aiguë pour les harmonies de couleurs et les jeux de volumes. La preuve avec Stack (Established & Sons), un chiffonnier à tiroirs multiples combinant différents coloris subtilement dépareillés à un équilibre déstructuré. Inspiration pliage pour leurs tabourets à la silhouette de bateau en papier exposés au MoMA (Tailored Wood, Cappellini) ou leur chaise Concertina (Objets Nomades, Louis Vuitton). Couleur toujours, avec Herringbones, un procédé de teinture sur bois à motif chevron qui anime les parquets des boutiques de Stella McCartney de par le monde.
Ross Lovegrove, biologiste évolutionniste. Comme Philippe Starck, il a dessiné une bouteille d’eau (Ty Nant) transformant le fait de se désaltérer en posture snob. Passionné par la pollinisation croisée entre science, technologie, design et architecture, Ross Lovegrove se définit plus comme un « biologiste évolutionniste » que comme un designer. Ce qui ne l’a pas empêché de signer des lampes pour Artemide (Cosmic, Mercury), une chaise pour Moroso (Supernatural), un bureau pour Knoll (Table Desk), un fauteuil expérimental en fibre de carbone pour Established & Sons (MOOT) ou le concept‑car électrique de Renault (Twin’Z).
Design cosmopolite
Doshi Levien, cultures croisées. La rencontre sur les bancs du RCA de Nipa Doshi, née à Bombay, et Jonathan Levien, né en Ecosse, est un parfait exemple des bienfaits du cosmopolitisme londonien. Le duo, invité d’honneur du dernier Salon du meuble de Stockholm, se nourrit de cultures croisées. Il fait converser avec brio artisanat et industrie. Résultat ? Leur canapé iconique My Beautiful Backside, l’enveloppant fauteuil discrètement quadrillé de cristaux façon papier millimétré Paper Planes, la chaise en bioplastique façon bois Impossible Wood, le tout chez Moroso. Leur fauteuil Almora à la silhouette 70’s chic inspirée par les sommets himalayens est, lui, édité chez B&B Italia. Avec leurs objets lumineux Earth to Sky, ils explorent l’autoproduction.
Jasper Morrison, le minimaliste. Figure de proue du good design, Jasper Morrison fusionne l’épure japonaise avec le minimalisme scandinave. Telle la table‑étagère Crate (Established & Sons) inspirée par les caisses de vin – un univers qui lui est familier, puisqu’il possède un petit vignoble dans le Bordelais : Ormiale. Si la chaise reste sa typologie de prédilection (Vitra, Maruni, Emeco…), il s’intéresse aussi aux luminaires (Smithfield et Superloon, Flos), à la vaisselle (Alessi, Iittala) ainsi qu’aux objets du quotidien qui répondent au concept « Supernormal » – du nom de l’expo culte qu’il avait conçue avec Naoto Fukasawa. A retrouver dans la sélection mensuelle de son microshop de Shoreditch.
Lire aussi
Design : les 9 meilleures galeries et boutiques à Londres
Apprendre à dessiner une voiture avec Jaguar et ses masterclass design
Bulles et parois : des designers imaginent l’aviation post-coronavirus