Lifestyle
La notoriété des marques de chaussures et accessoires ne suffit souvent plus pour séduire les consommateurs. Il faut désormais leur raconter une histoire alors, forcément, pour beaucoup, le made in France est plus qu’un atout !
Tour d’horizon de ces marques de chaussures et accessoires qui jouent la carte du made in France et qui exportent.
Parapluie de Cherbourg. L’entreprise se patine depuis sa fondation en 1986 (label EPV), rachetée par Charles Yvon à son père. À 33 ans, l’ancien scientifique a imprimé sa patte : « Avant, nous produisions 6 000 parapluies par an ; 25 000 aujourd’hui (3 M€ de CA). J’ai remis notre atelier en ordre, formé un personnel polyvalent et sensibilisé à notre artisanat. 10 000 touristes nous visitent chaque année. » Les poignées en bois de charme sont faites dans le Jura, puis les parapluies sont entièrement montés par 15 ouvriers (sur 26 collaborateurs) à la manufacture, à Cherbourg. Icône au Japon – 5 % du CA – depuis 1990, grâce à l’empereur qui avait opté pour un modèle, la marque a accroché la Corée du Sud et fait son entrée en… Colombie. « Ces débouchés représentent de 10 à 15 % de notre production. Je m’autofinance et je sécurise surtout notre activité au Japon. L’export est un réel moteur de croissance, mais le retour sur investissement et la réalité de nos finances sont un diptyque à doser », souffle Charles Yvon. Autre produit d’export étonnant, le Parapactum : seul de son espèce sur terre, ce parapluie de sécurité (2,5 kg) protège les chefs d’État et les VIP partout dans le monde !
Éminence. Le groupe israélien Delta Galil a racheté, il y a deux ans, l’entreprise gardoise née en 1944, dont l’énorme atout est ses deux impressionnantes usines de sous-vêtements masculins d’Aimargues et de Sauve. Là travaillent 225 personnes entre fil, bonneterie, teinture, coupe et confection, et produisent les collections Éminence mais aussi 10 millions d’unités de sous-vêtements, dont 100 % des prototypes pour l’ensemble du groupe Éminence – soit 1 million de pièces ! « Nous fabriquons également pour Le Slip français et d’autres marques (1 million de pièces au total). Tous nos articles sont toujours cousus main. Nous sommes présents dans 20 pays, notamment en Asie, et exportons dans l’UE (25 % du CA), particulièrement en Allemagne, où Delta Galil possède sa filiale Schiesser », explique le président Dominique Seau, certain que l’impact « qualité française » est excellent à l’étranger. « Néanmoins, exporter reste financièrement compliqué. Notre taille intermédiaire est un handicap – 100 M€ de CA –, de même que notre produit, certes premium, mais pas luxe. Cela revient cher d’acquérir de la notoriété sur un nouveau marché, c’est pourquoi nous concentrons nos efforts sur les pays qui nous connaissent. Dans le contexte actuel, Éminence reste rentable et notre image de spécialiste, notre qualité, notre tradition artisanale sont raccords avec l’air du temps. » www.eminence.fr
Le Tanneur & Cie. Née en 1898, Le Tanneur & Cie appartient depuis trois ans à Tolomei, maroquinier français de luxe plutôt discret (63,7 M€ de CA) qui possède plusieurs ateliers dans lesquels s’activent 2 000 personnes, auxquels s’ajoute celui de Le Tanneur, à Bort-les-Orgues (Corrèze) avec 430 employés. Aujourd’hui, l’enjeu est de fabriquer ici l’iconique Justin, une ligne sans couture telle que Le Tanneur l’a conçue autrefois. Justin est vendu en Chine, où Le Tanneur a signé un partenariat avec MaFrance, plate-forme axée sur les produits de l’Hexagone créée par Florence Poulet et l’actrice Sophie Marceau. « Nous avons ouvert des corners dans plusieurs villes d’Espagne, au Corte Inglés. De même chez KaDeWe, à Berlin, révèle Alice Benoît, directrice marketing. Chaque ouverture s’accompagne d’une stratégie digitale associée : e-shop dans la langue locale, vente sur les market places locales, développement d’un réseau d’influence également local. »
Chaussures made in France
Paraboot. Propriété de l’entreprise Richard Pontvert, créée en 1922, Paraboot reste fabriquée à Voiron, en Isère. Le modèle outdoor Avoriaz s’exporte depuis l’après-guerre au Canada et aux États-Unis, alors que l’Italie plébiscite le modèle Michael. Dans les 10 000 m² d’ateliers, 140 techniciens réalisent cette chaussure qui clame son côté tricolore par un « Fabriqué en France » (17 M€ de CA, dont 48 % à l’export). « Un argument de vente conséquent, assure Pierre Colin, directeur marketing et communication. Pour un Coréen ou un Japonais, c’est le graal. Nos 110 ans d’existence et notre artisanat font partie du mythe. Paraboot est au Japon depuis quarante ans et fête les 20 ans de sa première boutique à Tokyo. Un client américain ou scandinave sera en revanche sensible à la matière et à la fabrication. » Pour l’instant, Paraboot évite de chatouiller Church’s sur son terrain, en Angleterre, ou Mephisto en Allemagne, tandis que le pied chinois trouve ces souliers un peu lourds. « Nous travaillons avec des agents ou des partenaires selon les zones, mais s’étendre implique que nos ateliers suivent et nos finances aussi. » Estimant jusque-là qu’une chaussure doit être essayée et que l’online fait concurrence à ses détaillants, Paraboot s’est doté d’un site d’e-commerce en octobre dernier seulement.
Heschung. Depuis 1934, la manufacture de Steinbourg perpétue la tradition du beau soulier. Le secret du chic alsacien ? Savoir-faire et fabrication main dans le vaste atelier qui fabriquait autrefois les solides brodequins destinés aux bûcherons et aux chasseurs. En reprenant la société familiale en 1986, Pierre Heschung a remis au goût du jour le cousu norvégien, avec ce débord caractéristique cousu à gros points sur le pourtour de la chaussure. Aujourd’hui, en France et ailleurs, la Ginkgo, icône de la maison, reste la chouchoute des puristes : cette élégante bottine de chasse nécessite 180 opérations de montage. www.heschung.com
