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Forte d’un engouement jamais démenti depuis son avènement, la franchise Pokémon continue de tutoyer le firmament grâce, notamment, à ses cartes à jouer, dont certaines s’arrachent toujours à prix d’or. Une flambée des prix synonyme d’investissement.
« Pokémon, c’est plus fort que StarWars, Disney, Harry Potter ou encore Marvel. Il s’agit ni plus ni moins de la franchise la plus bankable du monde. » Un constat – implacable – signé Frédérique Tutt, experte mondiale de l’industrie du jouet, corroboré par les chiffres. Ces derniers sont vertigineux.
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La frénésie autour des cartes Pokémon se poursuit
La franchise portée par Pikachu, Carapuce, Salamèche et leurs comparaisons à engendré, depuis sa création en 1996, des revenus dépassant les 105 milliards de dollars, devançant ainsi allègrement sa compatriote nippone Hello Kitty, pourtant fondée plus de vingt ans plus tôt, et son chiffre d’affaires de 84,5 milliards de dollars, tandis que Marvel et Harry Potter sont irrémédiablement à la traîne avec respectivement 35 et 32 milliards de revenus.
« Pokémon parvient à plaire au plus grand nombre, filles et garçons de tous âges. La longévité tient surtout au fait que l’offre de la franchise ne cesse de se renouveler » , prolonge l’experte. Les meilleurs ambassadeurs de Pokémon ne sont autres que les cartes à jouer, qui si elles ont connu leurs heures de gloire au sortir des années 90, continuant de mobiliser – ou plutôt de déchaîner – les passions.
« Aujourd’hui, sur eBay, on enregistre 3 000 requêtes par heure sur les cartes Pokémon » , note Alexandre Boissenot, responsable du département cartes à collectionner chez eBay et passionné depuis tout jeune par cet univers. De son poste d’observation privilégié, ce dernier a assisté à l’irrésistible ascension du phénomène.
Spéculations et dérives
Et les confinements successifs des années 2020 et 2021 ont encore accentué la tendance. Par ennui, ou par nostalgie, pléthore de jeunes trentenaires ont ressorti leurs vieilles cartes du placard.
« La crise sanitaire a été un accélérateur. Les deux années de Covid ont représenté l’équivalent de 5 à 10 ans d’un marché classique » , abonde Mister Fuji, l’un des plus grands collectionneurs français, qui possède notamment dans son escarcelle « La Joconde » des cartes Pokémon : la « Pikachu Illustrator », estimé – et mise en vente sur eBay – à un million d’euros. Celle-ci a été éditée à seulement 39 exemplaires, dont une trentaine sont encore en circulation.
De simples rectangles de carton de 8,8 × 6,3 cm distribués gratuitement à des enfants, au Japon , en guise de récompense, il y a vingt-six ans. Des prix totalement délirants pour les profanes. « L’aspect spéculatif est inhérent aux objets de collection. Car s’il n’y a pas de spéculation ou d’exemplaires que tout le monde s’arrache, la notion de collection n’a plus de raison d’être » , explicite Alexandre Boissenot.
Sans surprise, un marché engendrant de tels profits attire les aigrefins de tous horizons. Dans le quartier d’Akihabara, à Tokyo , Mecque de l’électronique et de la pop culture, sur ne compte plus les vols en tout genre de cartes Pokémon. Des butins valorisent à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Certains magasins afficheront carrément sur leur devanture la mention « Not for sale » lorsqu’ils exposent des cartes en vitrine.
Croisée au sein de l’une de ces échoppes d’un autre temps regorgeant de paniers de cartouches de jeux vidéo fleurant bon les années 90, DianaB., collectionneuse française, se verra opposer une cinglante fin de non-recevoir lorsqu’elle demandera simplement si son hôte vend des cartes Pokémon.
Les bras en croix, celui-ci martèlera de manière frénétique « Pas de cartes, pas de cartes ! », et clamera cette antienne à tue-tête aux autres clients ayant à peine passé le seuil de sa boutique, et sans qu’ils aient prononcé le moindre mot. De la passion à la folie, il n’y a qu’un pas. Et le rouleau compresseur Pokémon ne semble pas près d’arrêter sa course.
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