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Club Med Sanya, Chine.
Club Med Sanya, Chine.
melanie

The Good Business

Les ambitions du Club Med à l’heure chinoise

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Implanté en Asie depuis trente ans, et aujourd'hui porté par son principal actionnaire, le chinois Fosun, le groupe hôtelier Club Med poursuit son implantation dans cette zone. Plus particulièrement en Chine, qui découvre à son tour les joies du ski.

7 questions à Agnès Weil, Directrice du développement durable du groupe Club Med

Depuis 1978 existe la très discrète fondation Club Méditerranée, axée sur les actions sociétales et environnementales, dont la déléguée générale, Agnès Weil, assume par ailleurs la fonction de directrice du développement durable, service créé en 2005 au sein du groupe. Une double casquette parfois déstabilisante.

TGL : Quels sont les rôles de la fondation et du département développement durable ?

Agnès Weil : Même s’il y a un sens et un esprit communs, les sujets sont séparés : d’un côté, le mécénat sous l’égide de la fondation, et de l’autre, les sujets institutionnels menés par le groupe. La fondation est engagée dans des programmes de développement durable, mais n’intervient pas dans la manière dont on construit un village. Elle se met en revanche au service des solidarités : acheter local, aider une école, recycler les déchets ou engager les GO dans le nettoyage des plages.

Agnès Weil, Directrice du développement durable du groupe Club Med.
Agnès Weil, Directrice du développement durable du groupe Club Med. DR

TGL : Comment procède votre pôle lors de la création d’un village ?

A. W. : Comme nous sommes rarement propriétaires, nous organisons un tour de table avec des acteurs du pays à qui nous expliquons notre niveau d’exigence et nos standards. Notre département fait une étude d’impact environnemental et sociétal selon les labels et les normes des pays. C’est ainsi que notre village de Valmorel, en Savoie, est le premier à afficher le label haute qualité environnementale (HQE). En Chine, la barre est également assez haute, et nous avons opté ici pour Breeam – une méthode d’évaluation pour la durabilité des infrastructures et des bâtiments, à laquelle nous soumettons nos villages de vacances. Pour chaque site, nous devons donc créer un référentiel présenté à nos partenaires afin de garantir un socle commun mondialisé.

TGL : La tendance des villages est au luxe, peu compatible avec l’économie énergétique…

A. W. : Nos 4 et 5 Tridents réclament en effet plus d’espace et plus de chauffage. Ça se réfléchit en amont de la construction, et les innovations techniques sont prépondérantes. On développe des tests d’innovation : leds qui s’éteignent automatiquement dans la chambre pour économiser l’énergie, régulateurs de débit d’eau, affichettes « de bon comportement » pour les clients qu’on sensibilise à éteindre la télé en leur absence… Il faut aussi convaincre en interne, car cela coûte plus cher, et demande plus de délais. Les débats sont parfois tendus, on a toujours peur que quelque chose ne fonctionne pas ! Il arrive aussi que le tourisme protège la biodiversité, comme la forêt primaire ou une oliveraie centenaire que nous soignons là où nous nous implantons.

TGL : Des villages sont construits sur des sites exceptionnels. Comment les préserver ? 

A. W. : Vous avez raison de souligner qu’il s’agit de sites exceptionnels, et nous avons conscience de leur fragilité. En fait, abîmer un site, c’est scier la branche sur laquelle on est assis ! Mais nous avons un savoir-faire, car nous avons souvent produit nos propres ressources dans les pays où il n’y avait rien. Le Club Med n’a jamais rejeté d’eaux usées dans la nature, et a ses propres stations d’épuration depuis les années 70 – dès la création de Cap Skirring, au Sénégal, ou de La Pointe aux Canonniers, à l’île Maurice.

Une des chambres du Club Med Beidahu, en Chine.
Une des chambres du Club Med Beidahu, en Chine. DR

TGL : Quelles sont vos actions environnementales récentes ?

A. W. : En 2007, nous avons créé une station de vacances bio à la plantation d’Albion. Dernièrement, en Chine, une piscine végétale a été implantée à Guilin. Avec Fosun, notre actionnaire, ce genre d’initiative s’est plutôt renforcé, et il y a une convergence de vue et de sensibilités. Mais, pour que cela puisse exister, il faut des savoir-faire locaux. Je fais partie de la Fosun Responsible Community, et les préoccupations environnementales concernent de plus en plus les habitants dans ce pays. Ainsi, le gouvernement du Yunnan a voulu rencontrer, à Paris, notre pôle durable, car il veut développer la région en préservant la nature.

TGL : Vous collaborez avec Green Globe – reconnue par l’Organisation mondiale du tourisme – pour le développement durable de 100 % de vos villages. Où en êtes-vous ?

A. W. : On a parfois du mal à respecter le timing, mais 75 % de nos villages sont certifiés « tourisme durable » au niveau international. Green Globe est hyper réputé et nous devons respecter au moins 40 points sur les 300 que compte sa charte : ressources, contributions locales, gestion culturelle, sociale. Un coordinateur sur chaque site veille au respect de ces normes, et nous effectuons un audit tous les ans.

TGL : Autour des sites où le Club Med s’implante, s’ensuit souvent une intense spéculation foncière…

A. W. : Nous avons souvent été les premiers partout, à Cancún, à Djerba, à Punta Cana, ou à Agadir, dès 1965. Nous avons d’ailleurs voulu aider cette ville en partenariat avec le roi du Maroc. On peut déplorer, ou pas, ce qui s’y passe aujourd’hui côté front de mer… Comment ne pas gâcher le patrimoine ? En ne dépassant pas la capacité de charge. La vitesse du développement touristique en a débordé plus d’un, mais nous sensibilisons les leaders qui ont beaucoup mûri à ce propos. Il y a des lois très strictes un peu partout contre le « surbâti ». Les pays évoluent donc en créant des plans d’aménagement, comme le Maroc qui a décidé de maîtriser sérieusement la croissance des « lits » de son hôtellerie.

Le sens de l'escapade…

Responsable production des circuits pour le Club Méditerranée, Christophe Carraud dévoile la stratégie. L’engouement des familles pour une immersion dans un pays avec guide et chauffeur revient au galop, surtout, avec la promesse sur la route, d’une pause les doigts de pieds en éventail dans un Club Med. Il explique : « Ces circuits existent chez nous depuis les années 50. Ce n’était pas une activité prioritaire du groupe bien que nous ayons une grande expertise de ces échappées en petit comité – on privatise même un lieu pour mieux l’admirer. Or, la personnalisation va croissant depuis 2010. Nous avons doublé notre clientèle en un an. La formule Escapade a été relancée avec plus d’options de choix libres, combinée avec un séjour dans un village. Les études révèlent que la clientèle intéressée est francophone, CSP+ et que, pour elle, les vacances idéales sont un mix de découverte d’un pays et de farniente. Notamment en Chine, où pullulent les sites classés par l’Unesco, et où nous doublons déjà le nombre de circuits. D’ici à 2018, ces escapades seront aussi accessibles aux clients d’Afrique du Sud, d’Israël et de Russie. »

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