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The Good Culture
Ces quatre lettres incarnent tout un art de vivre à la française. Le Ritz, symbole du luxe par excellence, se raconte cet automne à travers les objets qui ont traversé son histoire et qui poursuivront bientôt leur vie... chez vous !
Les 25, 26 et 27 septembre prochains, le Ritz Paris mettra aux enchères une partie de son patrimoine. Des objets en tous genres, de la batterie de cuisine en cuivre des années 1920 aux verres marqués du célèbre « H » du mythique Bar Hemingway, retracent à leur façon l’histoire de ce lieu qui continue, 126 ans après son inauguration, de représenter l’excellence à la française. Une vente historique qui constitue une parfaite excuse pour revenir sur l’histoire de cet hôtel devenu légendaire.
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Un hôtel précuseur
Dès ses origines, le Ritz donne le ton. À son ouverture en 1898, à l’aube du 20ᵉ siècle, l’hôtel parisien fondé par César Ritz et Marie-Louise Beck surprend par son luxe ostentatoire. « Un tel luxe n’avait jamais été vu dans le monde de l’hôtellerie à cette époque. Chaque chambre possédait sa salle de bain privative, l’électricité avait été installée à chaque étage et, dans ses cuisines, le célèbre chef Escoffier élevait la gastronomie moderne au rang d’art, tandis que la décoration intérieure s’inspirait des codes de la royauté française. Pour reprendre une phrase de César Ritz lui-même, le Ritz Paris devait offrir tous les raffinements qu’un prince pouvait souhaiter », raconte Arnaud Leblin, directeur des Affaires Institutionnelles et du Patrimoine pour le groupe Ritz.
Un luxe était matériel, mais l’hôtel était aussi doté d’une ouverture d’esprit unique. En effet, derrière les murs de l’hôtel, chacun était libre de faire ce qu’il souhaitait. Les règles rigoureuses de la société de l’époque ne s’appliquaient plus. Alors que l’indépendance n’était pas accessible aux femmes, elles pouvaient dîner seules au restaurant et savourer un cocktail dans le bar sans devoir être accompagnées. Les codes vestimentaires n’avaient pas encore changé, mais les fondateurs du Ritz Paris pensèrent le lieu pour les accommoder. Ses prestigieux escaliers ne doivent rien au hasard. En effet, ils ont été conçus pour permettre aux imposantes robes de s’y glisser sans dégât, offrant ainsi aux clientes la possibilité de rester élégantes en toute circonstance. « Le lieu a été pensé dans les moindres détails dans un souci d’accommoder cette clientèle prestigieuse. Parmi les petites inventions révolutionnaires du Ritz, le crochet pour sac à main installé à chaque siège », ajoute Arnaud Leblin.
Le repère des grands noms
La liberté devient dès le départ le maître mot de ce lieu au luxe imposant. Et cette identité attire rapidement les artistes en nombre. Arnaud Leblin en cite une dizaine, puis s’arrête. La liste est tout simplement trop longue, à commencer par Proust, qui adore ce lieu au point de dire : « Le Ritz est Paris et Paris est le Ritz. » La messe est dite. Mais il n’est pas le seul à la table de son restaurant, dans le fauteuil de son bar ou dans le lit de ses chambres. Au fil des ans, les grands noms se succèdent. Hemingway fait du bar son repère, à tel point qu’il est renommé en son honneur. Il y écrit l’un de ses livres les plus célèbres : « Paris est une fête ». Arnaud Leblin confie à ce propos une anecdote qui propulse immédiatement le Ritz Paris dans la stratosphère des lieux légendaires de la littérature : « Ernest Hemingway travaille un jour au bar qui allait plus tard prendre son nom, et oublie le manuscrit de l’ouvrage sur lequel il planchait. Comme tout ce qui appartient aux clients, les employés du Ritz Paris le rangent précieusement dans une malle placée dans les caves de l’hôtel. Des années passent. Puis, en 1956, à l’occasion d’un nouveau passage d’Hemingway, le manuscrit lui est rendu. Ce sera son dernier livre publié. »
Une certaine magie se dégage de ces histoires. Les collaborateurs de l’hôtel se rassemblaient sous les fenêtres de Maria Callas pour l’écouter échauffer sa voix. Le séjour régulier de quatre Prix Nobel de Littérature dans ses murs, un record, et quelque 150 romans, nouvelles ou pièces de théâtre mentionnant le Ritz Paris ou s’y déroulant, nombre d’entre eux suite aux séjours d’auteurs célèbres dans le palace parisien. Lorsque nous demandons à Arnaud Leblin d’énumérer quelques noms, des patronymes légendaires fusent : Gianni Versace, Audrey Hepburn, Coco Chanel, Elton John, Keith Haring et Winston Churchill. Lorsque nous tentons de connaître des hôtes actuels, plus aucun mot ne fusent. La discrétion fait aussi partie du luxe du Ritz à Paris. Une éthique et un cadre dont une partie du décor sera mise aux enchères cet automne.
Acquérir un morceau d’histoire
Le nombre de lots mis à la vente donne le vertige. 1500 objets, allant du mythique service Marthe — première vaisselle de l’hôtel, nommée d’après la sainte patronne des hôteliers et restaurateurs — aux batteries de casseroles en cuivre datant d’un siècle, sans oublier les canapés des salons et les verres du Bar Hemingway marqués du célèbre « H », dans lesquels a été inventé le Bloody Mary.
Mais cette vente aux enchères n’a rien à voir avec un changement d’identité du lieu. Le Ritz Paris, immuable, conservera ses codes. Mais le temps passe et certains objets ne sont plus utiles ; certains espaces intérieurs évoluent dans leur fonction comme dans leur décoration. Alors, quoi de mieux et de plus responsable que de partager les reliques du passé pour rester légendaire ? « Les acheteurs de cette vente feront bien plus qu’acquérir un objet de l’hôtel. Par cet acte d’achat, ils participent à faire perdurer notre patrimoine, devenant ainsi les co-gardiens de notre héritage », rappelle le directeur des Affaires Institutionnelles face à nos interrogations sur la vente.
Une garde partagée de cet héritage, car une importante partie restera conservée au Ritz et fera l’objet d’une exposition permanente au sein même de l’hôtel. Une partie des fonds récoltés en septembre sera destinée à la création d’une galerie — la modestie empêchant de parler de musée — rassemblant des pièces historiques de son histoire. Objets conçus pour l’hôtel, mais aussi affiches, photographies, lettres et écrits des célèbres hôtes ayant séjourné à cette adresse mythique, seront rassemblés et exposés. Amoureux d’histoire, de littérature, de mixologie, d’arts de la table, de design et de cuisine se bousculeront sans aucun doute les 25, 26 et 27 septembre prochains.
Alors, prévoyez-vous vous aussi de devenir les gardiens de cette memorabilia ?
Hôtel Ritz Paris
15 Pl. Vendôme, 75001 Paris
Réservations
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