Horlogerie
Suite de notre sélection de pépites du neuvième art. Chaque album témoigne d’une approche originale et constitue une jolie parenthèse pour s’échapper du quotidien.
Utopique : Autel California, Face B Blue Moon, Nine Antico, L’Association, 19 €.
Nine Antico fait revivre la fin des années 60 et le début des seventies en évoquant le destin d’un groupe de rock pas comme les autres : les GTO’s (pour Girls Together Outrageously), composé uniquement de « groupies », dont la célèbre Miss Pamela Des Barres. C’est toute la mythologie du rock américain de l’époque et de ses icônes qui défile dans ces pages, de Gram Parsons aux Beach Boys. Mais aussi sa face sombre, à travers l’évocation de l’assassinat de Sharon Tate, la femme de Roman Polanski, par Charles Manson et sa bande d’illuminés. Un fait divers tragique qui scellera la fin de l’innocence et de l’utopie hippie.
Analytique : Rôles de composition, Jimmy Beaulieu, Vraoum, 20 €.
La bande dessinée québécoise se porte plutôt bien, et Jimmy Beaulieu est l’un de ses représentants les plus connus en France. Rôles de composition met en scène deux jeunes femmes amoureuses que les aléas de la vie professionnelle ne vont pas tarder à séparer. D’une grande liberté formelle, traité dans une bichromie dont les teintes varient selon les situations, le récit est un beau portrait de femmes, mais il peut aussi se lire comme une réflexion stimulante sur la vie de couple, le temps qui passe ou les difficultés du quotidien. Et pour le lecteur français, les expressions venues du Québec sont toujours aussi savoureuses…
Iconoclaste : Les Week‑ends de Ruppert & Mulot, Florent Ruppert et Jérôme Mulot, Dupuis, 19 €.
Auteurs singuliers, Ruppert et Mulot aiment jouer avec les codes du neuvième art pour mieux dérouter le lecteur, sans pour autant perdre de vue l’impératif de la narration. Leur nouvel album regroupe les strips verticaux publiés par le quotidien Le Monde, petits exercices de style dignes de L’OuBaPo (Ouvroir de bande dessinée potentielle), mouvement qui pratique la BD sous contrainte(s). C’est drôle, cruel, parfois absurde, mais toujours intéressant. Et, loin d’être étouffant, le format réduit du strip (55 mm de large, pas plus !) offre une sensation d’espace et un horizon inattendus.
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