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Prototype du X-2
Prototype du X-2, le premier avion de combat furtif japonais dévoilé par Mitsubishi Heavy Industries le 28 janvier dernier, à Toyoyama.
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The Good Business

Le Japon, l’offensive de la normalité

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Constitutionnellement, le Japon a renoncé « à jamais à la guerre ». L’Archipel ne peut donc, en théorie, ni avoir d’armée offensive, ni développer d’industrie d’armement… En théorie. Car le Premier ministre Shinzo Abe entend bien faire bouger les lignes. Décryptage d’une révolution militaire en marche.

Un expansionnisme chinois inquiétant

Les Japonais, qui ont perdu en 2010 leur place de deuxième puissance économique de la planète au profit des Chinois, s’alarment de l’expansionnisme maritime et territorial de la Chine. Depuis une décennie, Pékin ­affiche des progressions à deux chiffres de son budget militaire qui avoisinait les 125 milliards d’euros en 2015. Selon Satoru Nagao et Koh Swee Lean Collin, deux experts sur les questions de défense, les Chinois se seraient dotés d’au moins 41 sous-marins entre 2000 et 2014. Une « prolifération de submersibles » qui « pourrait constituer une source de déstabilisation » dans la zone Asie-Pacifique, ­écrivaient-ils dans les colonnes du Japan Times à la mi-février. La transformation des archipels Paracels et Spratleys, en mer de Chine méridionale, en bases avancées par Pékin, qui y a installé des batteries de missiles sol-air, même si elle ne concerne pas directement le Japon, est devenue un motif de tension dans toute l’Asie. Le Premier ministre Shinzo Abe a même souligné les risques que cette mer devienne le « lac de Pékin ».

C’est pourquoi il est passé en mode « défense active », et s’est porté au secours des Philippines, du Vietnam et de Taïwan, dont la souveraineté est mise à mal par les nationalistes chinois. Shinzo Abe s’est découvert une communauté d’intérêts stratégiques et commerciaux avec les nations de l’Asie du Sud-Est qu’il courtise intensément. Il s’est lancé dans des négociations et des coopérations bilatérales tous azimuts. Pour contrecarrer les ambitions de Pékin en mer de Chine, il s’est rapproché d’Hanoï et de Manille à qui il propose des navires d’occasion qu’il équiperait avec ses systèmes de surveillance. Depuis près de trois ans, il est en discussion avec l’Inde pour la vente de quinze ShinMaywa US-2, un avion amphibie pouvant servir à des opérations militaires et de sauvetage. Et il aimerait bien convaincre l’Indonésie d’acheter également ces quadrimoteurs.

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