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Immobilier, aérien, éducation… La vie post-Covid à Milan

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Milan, épicentre européen de la pandémie début 2020, a connu de nombreux bouleversements. Alors que l’organisation du Salone del Mobile, du 5 au 10 septembre est le signe d’un relatif retour à la normale, elle fait aujourd’hui preuve d’une grande capacité d’adaptation.

Se mettre au vert en banlieue. En 2020, le marché de l’immobilier résidentiel milanais a baissé de 20 % en volume, mais les prix ont tenu, voire augmenté dans certaines zones. « Jusqu’en 2018, le marché comprenait le centre et la périphérie. Aujourd’hui, la ville explose dans toutes les directions. Il y a beaucoup de nouvelles constructions dans des quartiers de périphérie en cours de requalification. Dans des banlieues comme Lambrate ou Corvetto, les prix ont augmenté de plus de 10 % et même de 17 % à Greco ! » explique Beatrice Zanolini, directrice du bureau de Milan de la fédération des agents immobiliers FIMAA.

Contraints de télétravailler, beaucoup de Milanais qui n’envisageaient pas d’aller vivre en banlieue ont préféré quitter le centre pour « se mettre au vert », le temps de transport domicile-bureau n’étant plus un critère de choix pour son logement. En s’éloignant, ils disposent d’un logement plus grand, plus fonctionnel, agrémenté d’un balcon ou d’une terrasse, à un coût inférieur à celui du centre-ville, dans un environnement à taille humaine, un « village urbain » offrant services et espaces verts.

De fait, de nombreux projets prêts à être construits ont été modifiés pour répondre à ces nouvelles aspirations, quitte à réduire la surface d’une pièce pour y ajouter un balcon ! Plus proche du centre de Milan, le projet Forrest in Town du promoteur turinois Building synthétise toutes ces nouvelles aspirations : respect de l’environnement, esthétique de l’ancien, salle de sport, commerces, le tout dans un village résidentiel.

C’est à proximité du quartier des canaux de Navigli que se construit le projet immobilier Forrest in Town. Il promet de répondre aux aspirations environnementales des Milanais.
C’est à proximité du quartier des canaux de Navigli que se construit le projet immobilier Forrest in Town. Il promet de répondre aux aspirations environnementales des Milanais. Stefan Giftthaler

Proche du quartier des canaux de Navigli, sur un ancien site de l’entreprise agroalimentaire Galbani, 110 appartements en immeubles de trois étages ouvriront sur un jardin paysager de plus de 6 000 m².

Sous ce parc, qui abritera également une salle de sport et une piscine couverte, une ferme aquaponique, conçue avec l’université agronomique de Milan, produira des légumes bio pour les occupants du site. Un projet relativement accessible, puisque les prix se situent aux alentours de 5 000 €/m2. « Forrest in Town sera prêt dans deux ans, mais nous avons déjà vendu plus de 30 % des appartements », explique Paolo Pertici, directeur de l’agence immobilière Remi qui commercialise le projet.

L’aérien en mode start-up

Matteo Bonecchi, qui a réalisé de nombreuses missions de conseil dans le domaine du transport aérien en Italie et à l’étranger, rêvait depuis longtemps de créer une compagnie aérienne différente, ni low cost ni « main carrier », avec un business-modèle innovant façon start-up. Rejoint par Edoardo Antonini, ancien pilote de ligne (Alitalia, Air Europe) qui assure aujourd’hui la direction des opérations, et par Marco Busca, vice-président de la société d’investissement OCP Group, qui préside la nouvelle structure, ils ont créé EGO Airways, en 2019.

La compagnie, basée à Milan, a reçu son premier appareil, un Embraer de 100 sièges, en juillet 2020, et son certificat de transporteur aérien (AOC) en novembre 2020. Bien sûr, ils n’avaient pas imaginé qu’un virus bouleverserait de manière aussi profonde le secteur de l’aérien. Qu’à cela ne tienne, ils ont adapté leur modèle à la nouvelle donne.

« Nous voulons nous adresser à un marché de masse sur des trajets où il n’y a pas de concurrents et créer des sortes de navettes entre des villes d’Italie dans un premier temps, puis vers des capitales européennes ensuite », précise Matteo Bonecchi, directeur général. Positionnée sur des liaisons non desservies jusqu’à présent (Parme – Catane, Forlì – Cagliari, Florence – Bari…), EGO Airways propose des billets à partir de 48 € configurables dans deux classes et trois niveaux (bagage en soute, menu, choix du siège, etc.).

Les passagers configurent leur billet en fonction de ce qu’ils sont prêts à payer. Dans l’esprit start-up et pour offrir un modèle différent à ses clients, EGO Airways va leur proposer des « expériences touristiques locales » à destination, sur le modèle des activités AirBnB.

C’est dans la périphérie de Porta Romana, ancien quartier industriel, que le groupe de luxe Prada a inauguré sa fondation pour l’art contemporain, en 2015.
C’est dans la périphérie de Porta Romana, ancien quartier industriel, que le groupe de luxe Prada a inauguré sa fondation pour l’art contemporain, en 2015. Stefan Giftthaler

« Nous voulons être liés aux territoires que nous desservons, et pas être seulement un moyen de transport », poursuit Matteo Bonecchi. Depuis début juin, la compagnie dispose de deux appareils Embraer supplémentaires. À terme, elle compte assurer au moins 10 vols quotidiens. En attendant que le trafic aérien redevienne plus intense, son premier avion a transporté l’équipe de football de Naples lors de ses déplacements…

La Bocconi de Milan à l’heure du post-Covid

En février 2020, Milan a été la première ville du monde occidental à fermer les universités, qui ont dû adopter l’enseignement en ligne. Depuis, l’université Bocconi a intégré de nouvelles pratiques. « Le seul aspect positif du Covid est qu’on a compris l’utilité et la puissance du numérique », affirme Gianmario Verona, recteur de la célèbre école de commerce et de management.

Ce virage numérique a bouleversé l’enseignement à la fois sur les modalités et sur les contenus. À la rentrée de septembre 2020, l’université a adopté le modèle hybride, mêlant cours à distance et en présentiel. « À l’avenir, c’est ce modèle qui prédominera, car le présentiel reste très important. Mais le numérique apporte de nouveaux avantages comme la personnalisation, c’est-à-dire la possibilité de faire progresser chaque élève dans les domaines où il est moins bon plutôt que de faire un cours général destiné à une moyenne. »

La Bocconi est l’une des universités les plus prestigieuses d’Italie. Fin 2019, l’agence Sanaa a livré un nouveau campus.
La Bocconi est l’une des universités les plus prestigieuses d’Italie. Fin 2019, l’agence Sanaa a livré un nouveau campus. Stefan Giftthaler

La numérisation du monde académique donne également accès aux contenus à un plus grand nombre d’étudiants. Ainsi, la Bocconi a organisé l’édition 2020 de la conférence de l’Economic Society, qui se tient tous les quatre ans dans une université différente et rassemble généralement entre 1 500 et 2 000 personnes.

« L’événement, qui s’est entièrement déroulé en ligne pour la première fois, a été suivi par 5 000 personnes, dont beaucoup qui, d’ordinaire, n’ont pas les moyens de payer le déplacement », souligne Gianmario Verona. La pandémie a aussi affecté les contenus sur trois thèmes : l’informatique, la durabilité et l’interdisciplinarité.

La Bocconi s’est pourvue d’un département de Computer Science et propose des diplômes alliant mathématiques, informatique et intelligence artificielle à l’économie et au management. Le thème transversal de la durabilité diffuse désormais dans toutes les filières, du management au juridique, en passant par la finance.

La Bocconi est l’une des universités les plus prestigieuses d’Italie. Fin 2019, l’agence Sanaa a livré un nouveau campus.
La Bocconi est l’une des universités les plus prestigieuses d’Italie. Fin 2019, l’agence Sanaa a livré un nouveau campus. Stefan Giftthaler

« Le virus nous a montré l’importance de l’interdisciplinarité. Prenons l’exemple du vaccin, c’est un problème de science, mais aussi de logistique, de finance, de sociologie… Et cela doit nous conduire à plus de flexibilité sur les diplômes, c’est-à-dire à ouvrir des voies de passage d’une discipline à l’autre », conclut Gianmario Verona.

Les chiffres clés de Milan

• Population : 1,4 million d’habitants dans la ville, dont un tiers ont entre 30 et 50 ans ; 3,2 millions dans la province, qui comprend 134 communes. Le Grand Milan compte près de 10 millions d’habitants, ce qui en fait la 5e plus grande métropole d’Europe.
• Économie : 305 395 entreprises de toutes tailles à Milan, soit le tiers des entreprises de Lombardie (fin décembre 2020).
• Le secteur financier représente plus de 150 000 emplois en Lombardie et une valeur ajoutée de près de 24 Mds €. La place fi nancière de Milan est passée de la 54e à la 38e position du classement Global Financial Centres entre 2017 et 2020.
• Le pôle Fiera Milano représente à lui seul 20 % du secteur foires et salons du pays.
• La ville héberge plus de 2 000 start-up, soit 17 % du nombre total de start-up du pays.
• Éducation : la ville compte 7 universités dont 3 publiques (Statale, Bicocca, Politecnico) et 4 privées (IULM, Cattolica, San Raffaele et Bocconi), et nombre d’instituts de formation supérieure (conservatoire, académies…). Elle accueille ainsi plus de 200 000 étudiants.
• À la rentrée 2020-2021, les universités de Milan ont enregistré une hausse de 5,6 % des inscriptions d’étudiants étrangers.
• Immobilier : 13,5 Mds € devraient être investis entre 2020 et 2030, dont la moitié en résidentiel. La demande de résidentiel neuf dans le Grand Milan est 28 fois supérieure à l’offre. 4 Italiens sur 5 sont propriétaires d’au moins un bien immobilier.


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