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Vue de l'arrondissement avec le parc du Mémorial de la Paix de Hiroshima au centre.
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The Good Guide // Getaway

Hiroshima, nouvel éden confidentiel des amoureux du Japon

Getaway

The Good Guide

Si cette ville, fondée en 1589 sur la côte nord de la mer intérieure de Seto, porte encore les stigmates psychologiques et physiques de son tragique bombardement – le Dôme de Genbaku et le parc mémorial de la Paix au cœur de la cité en attestent –, elle aura puisé les ressources nécessaires pour devenir l’une des villes phares du Japon moderne. Entre mer et montagne, préservée des pluies torrentielles par les monts Chugoku et Shikoku, et jouissant d’un indice UV d’une rare insolence, là où serpentent la rivière Ôta-gawa et ses six affluents attire toujours plus de touristes japonais, mais aussi étrangers.

6 août 1945, 8 h 16 heure locale, l’aviateur Paul Tibbets lâche sur Hiroshima la première bombe atomique de l’histoire – « Little Boy », 15,000 tonnes – qui explose à 587 mètres du sol après 43 secondes de chute libre, impliquant la mort de 250,000 personnes. Huit décennies plus tard, Hiroshima, totalement reconstruite, s’est muée en ville tentaculaire où se pressent chaque année près de deux millions de touristes étrangers, venus prendre le pouls du Japon nouveau.


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Après la guerre, la paix et l’essor économique

La reconstruction d’Hiroshima – paradoxalement semblable aux grandes villes américaines avec ses immenses artères, ses huit arrondissements sculptés au scalpel et ses buildings caressant le ciel – aura porté l’industrie lourde, du métal, de l’automobile et amorcer l’essor de secteurs de pointe tels que l’électronique. La politique nippone de repeuplement des villes secondaires et les multiples ouvertures de succursales d’entreprises et bureaux nationaux auront concouru au développement d’une classe moyenne, puis aisée. En témoignent les nombreuses boutiques de luxe et les voitures de sport rutilantes pullulant sur les multivoies.

Mais au-delà de l’essor économique, la métropole dont la population actuelle correspond à trois fois celle de 1945 (1,2 millions) est aussi surnommée « Ville de la Paix et de la Créativité », ayant développé ces quinze dernières années de nombreuses infrastructures artistiques et culturelles, mais aussi une vie nocturne trépidante, ambiancée par les cliquetis stromboscopiques des néons multicolores.

Le château d’Hiroshima.
Le château d’Hiroshima.

Hiroshima, ville vibrante

De l’orchestre symphonique d’Hiroshima aux spectacles de kagura (danse théâtrale shintoïste), en passant par les bars cools d’Ekinishi, les clubs de Nagarekawa et les innombrables restaurants où croiser salary men et bandes de jeunes venues s’enjailler en ville, Hiroshima est devenue en deux décennies le sas de décompression nippon.

On y trouve notamment des immeubles fourmillant de restaurants d’okonomiyakis – galette mêlant omelette, pâtes, œufs et poisson ou viande –, d’huîtres chaudes, froides ou plongées dans une mère d’huile, des boui-bouis au touche-touche où avaler sur le pouce une anguille à la sauce soja sucrée, des yakitoris ou un ramen brûlant, mais aussi des restaurants d’exception, à l’image de Nakashima, jadis le triplement étoilé le moins cher au monde (comptez aujourd’hui 20 790 yens, soit 129€ le festin).

La nuit, Hiroshima se réveille encore un peu plus au rythme des karaokés, izakayas bruyants, bars à sakés et pachinkos – ces appareils addictifs au boucan d’enfer, au croisement du flipper et de la machine à sous. Les clubs et les bars à hôtesses lèvent le rideau, les rues Yagenbori et Ebisu s’illuminent, et vers 2h du matin, rebelote, on slurpe un ramen dans les multiples échoppes encore ouvertes avant de rejoindre le tatami.

Les lendemains difficiles, on rase les cerisiers en fleurs le long du fleuve, on visite les gorges ou les plages environnantes, à moins de partir retrouver sa paix intérieure sur l’île de Miyajima, située juste en face à dix minutes de ferry, où il est interdit de naître et de mourir.

La préparation des Okonomiyaki.
La préparation des Okonomiyaki. Ellie Bellie 25

Le saké, essence d’Hiroshima

Haut lieu de brassage du saké japonais aujourd’hui, Hiroshima s’est aussi faite connaître à l’international grâce à la mise au point de techniques innovantes, visant à produire l’élixir dans une région pourtant peu propice à l’éclosion de grands crus.

En effet, l’eau douce coulant des montagnes environnantes, responsable de la végétation luxuriante des parcs et abreuvant les sakeguras contemporaines, n’est pourtant pas idéale pour produire du saké. Faible en minéraux, il aura fallu force expérimentations pour mettre au point des techniques de brassage de cette eau douce et faire d’Hiroshima l’une des capitales du saké moderne. Grâce à quelques valeureux obstinés et à la construction de la première polisseuse de riz motorisée, les sakés d’Hiroshima se hissent désormais parmi les meilleurs au monde, faisant la fierté de toute une préfecture.

Le saké a sa rue, où pointent les cheminées tuilées des sakeguras (Saijo Street à 40 minutes au nord du centre-ville), ses bars (Flat Sake Bar, SakeBank…), son festival en octobre, son Institut national de recherche sur le brassage qui évalue chaque printemps les crus de l’année et ses illustres brasseurs auxquels on peut par ailleurs rendre visite – notamment les brasseries Fujii, Morikawa, Yamaoka, Kamoizumi…

Bref, à Hiroshima, le saké est un mode de vie… Car il est parfois bon de faire kanpaï pour regarder vers l’avenir.

Le saké, à Hiroshima.
Le saké, à Hiroshima. Goulven Le Polles

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Office de tourisme


 

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