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Gwendal Poullennec, voyageur insatiable à la tête du Guide Michelin, passe sous le portique de The Good Life et vide son sac.
Loin d’Austin, Texas, où il présentait fin 2024, et pour la première fois, le classement « Clés » nord-américaines, et avant de s’envoler pour la Chine où il dévoilera le travail de ses inspecteurs qui n’ont pas économisé leur coup de fourchette pour défricher un territoire méconnu, c’est à Metz que la Rimowa cabossée de Gwendal Poullennec, directeur du guide Michelin, fera sa halte la plus attendue de l’année le 31 mars, pour la remise des étoiles françaises.
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Le directeur du guide Michelin vide son sac
« J’en suis à ma troisième valise », explique Gwendal Poullennec, qui peut donc attester du service garanti à vie de la marque la plus courue de bagagerie. « J’en ai même partiellement fait brûler une, confesse-t-il, sourire en coin, et la moitié de mes affaires avec. » Un incident sans danger provoqué par une roue bloquée et une cadence effrénée qui, à la façon des traînées d’étincelles qui suivent les Formules 1, ont fait chauffer le bagage jusqu’à l’incandescence. On ne l’y reprendra plus : pas facile pour ce père de cinq filles, Breton jusqu’à l’étiquette de son pull, de survivre à un séjour si les éléments savamment sélectionnés qui composent sa valise cabine viennent à manquer – « je n’ai jamais enregistré un bagage en soute de ma vie. »
« J’embarque toujours la même chose, que j’aille au soleil ou vers des températures plus fraîches. Cela me permet de ne pas avoir à réfléchir à ce que je dois embarquer, car, le plus dur dans l’idée de voyager aussi souvent, c’est de constamment avoir à faire et défaire ma valise. »
Ainsi, vous croiserez rarement Monsieur le Directeur dans une tenue inédite. Sa valise – reconnaissable à une étiquette monogrammée « GP » au pochoir par ses filles – embarque deux pulls – bretons, donc, Saint-James ou Lux Armor, au choix – dans deux tailles qui lui permettent, en cas de coup de froid, de les enfiler l’un sur l’autre ; une paire de chaussures habillées semellées de gomme Michelin ultra-résistante – « ils ont arrêté la production tellement elles sont indestructibles » ; un costume pour les cérémonies et une paire de chaussettes françaises brodées d’un petit drapeau tricolore – « je me souviens d’une remise d’Étoiles du guide Michelin en Californie où elles ont littéralement été au centre de beaucoup de conversations. » S’il prend l’avion en tenue de ville, jamais sans une écharpe qui lui permet de dormir plus confortablement ou de se protéger de la climatisation, un accessoire qu’il semble avoir à cœur de perdre sans cesse mais qu’il retrouve, parfois, quand il lui arrive d’embarquer dans l’exact même appareil au retour d’une destination, ses séjours étant souvent de très courte durée.
Gwendal Poullennec, voyageur flexible
Sur son dos, une solide sacoche de chasseur – « je ne chasse pas ! » – l’accompagne dans les airs comme sur son vélo, son seul moyen de transport à Paris, même le matin de notre photoshoot à l’hôtel Balzac où il a transporté sa valise dans le coffre de son deux-roues non électrique. Il y glisse le matériel dont il ne se sépare jamais : son ordinateur, décoré de cinq stickers Hello Kitty, un pour chacun de ses filles, « qui [lui] permettent de le reconnaître en un clin d’œil à la sécurité », ses chargeurs et prises universelles, mais aussi deux livres qui lui permettent de s’évader quand il lève le nez des fiches de notation de ses inspecteurs — il est le seul à pouvoir consulter l’ensemble des critiques en temps réel. Un beau volume chiné au marché aux livres du 15e arrondissement, à côté de son domicile : « j’apprécie de me plonger dans un ouvrage bien mis en page, ça ajoute au plaisir de la lecture. » En ce moment, c’est sur une épopée très « slow travel » qu’il a jeté son dévolu, celle de Gérard de Nerval, « Voyage en Orient », l’histoire d’un homme qui parcourt le monde en 1850, à son rythme, « un véritable témoignage de comment étaient les choses avant ». En guise de marque-page, une note laissée par le personnel d’Air France.
Une pochette de crayons de couleur et des carnets le suivent aussi toujours. « Le carnet, c’est pour les notes ; pour les interviews, avant les prises de parole… Il est en ce moment un peu en mode ‘destroy’ car j’en arrache les pages pour faire des dessins à mes filles, c’est ce qui me sert à payer mes voyages en fausse monnaie. » Car, en lieu et place d’innombrables gadgets dont il pourrait gâter ses enfants – « toujours en cinq exemplaires identiques, je n’ai pas la place dans la valise ! », Gwendal Poullennec préfère s’exercer à l’art du dessin et les offrir, à son retour. Son inspiration du moment ? Mathurin Méhaut, un matelot breton exilé un temps au Japon, d’où il a ramené un coup de crayon précieux et onirique.
Le 31 mars, ce n’est pas par les airs que le Directeur du guide Michelin rejoindra sa prochaine affectation. La prochaine cérémonie des Étoiles Michelin se tiendra à Metz avec son lot de surprises habituelles…

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Merci à l’hôtel Balzac pour son accueil.