Art
The Good Culture
Au Grand Palais, la beauté des œuvres de Chiharu Shiota cache de sombres secrets. The Good Life a mené son enquête.
Tel un fil d’Ariane qui guide Thésée à travers le labyrinthe du Minotaure, les installations de laine entrelacée de Chiharu Shiota au Grand Palais évoquent une quête d’aventure et le passage du temps. Dans leurs filets, les œuvres capturent des objets empreints de poésie et de nostalgie, comme des robes de baptême d’enfants, des livres sur la mémoire et des fenêtres collectées sur des chantiers de construction dans l’ancien Berlin-Est.
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Dans les filets du temps
Pour le Grand Palais, l’artiste japonaise présente sept installations monumentales, ainsi que des photos, des dessins et des vidéos. Les souvenirs de traumatismes personnels se transforment en préoccupations universelles sur la maladie et les aléas de la vie.
Au-delà de la beauté magnétique des œuvres présentées au Grand Palais, on voit pointer les allusions à ces thématiques douces-amères dans les barques suspendues d’Où allons-nous ? qui forment des ailes d’ange, ou encore dans La Clé dans la main, d’où jaillissent une multitude de clés dont une ouvre peut-être la porte d’un paradis perdu.
Avec l’œuvre En silence, Shiota s’inspire d’un incendie dont elle a été témoin à l’âge de 9 ans, et qui la laisse, seule, devant un immense piano brûlé. Au musée, la salle de concert emprisonnée par une épaisse fumée noire tissée évoque un lieu vidé de son essence.
Formée aux beaux-arts à l’université de Kyoto Seika et auprès de la pionnière de la performance Marina Abramović, Chiharu Shiota peine à trouver son médium, jusqu’à ce qu’elle commence à tisser une toile autour de son corps et de son lit lors de ses études en Allemagne.
« J’utilise mon œuvre pour exprimer mes émotions », avait déclaré l’artiste lors de l’inauguration de l’étiquette dessinée pour le premier cru classé du vin Château Mouton Rothschild 2021. L’artiste a déjà participé à plus de trois cents expositions personnelles à travers le monde. Pour cet hommage français d’envergure, elle investit 1 200 m2 , comme un miroir de ses sentiments, et un rappel de la fragilité de la vie.
Chiharu Shiota, The Soul Trembles, Grand Palais, du 11 décembre au 19 mars. Grandpalais.fr
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