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French tech : 4 questions à Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique

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Diplômé d’HEC en 2006, Cédric O est secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques depuis juillet 2020.

De 2017 à 2019, Cédric O avait été conseiller pour le numérique auprès du président de la République Emmanuel Macron et du Premier ministre Édouard Philippe, avant d’être nommé secrétaire d’État chargé du Numérique en mars 2019.

The Good Life : La tech française est-elle visible à l’international ?
Cédric O : Oui, aujourd’hui, elle est tout à fait visible ! Il a fallu un temps de sédimentation, un écosystème ne se crée pas du jour au lendemain. Il a fallu un effort constant pour nourrir et mettre en valeur cet écosystème. Il a fallu que des précurseurs défrichent et deviennent des modèles pour de nouvelles générations d’entrepreneurs. Le lancement de la French Tech en 2013 a été un coup de génie, cette appellation a rendu visible ce qui était sous-jacent et qui s’est mis à exister pour tout le monde. Pour preuve, les principales firmes américaines de capital‑risque et de capital‑développement considèrent désormais que l’écosystème français est suffisamment mature pour investir dans des start-up et les laisser grandir en France jusqu’à ce qu’éventuellement elles y deviennent des champions.

Les bureaux de Blablacar à Paris, dans le 2e arrondissement.
Les bureaux de Blablacar à Paris, dans le 2e arrondissement. DR

The Good Life : Qu’est-ce qui a changé au cours de la dernière décennie ?
Cédric O : L’état d’esprit des jeunes entrepreneurs a changé. Je ne suis pas si vieux que ça [38 ans, NDLR], et pourtant ma génération avait une approche différente. Après la première génération des « fondateurs », essentiellement Dassault Systèmes et Worldline, puis celle des pionniers que sont Veepee, Criteo, Talend, etc., la nouvelle génération est totalement désinhibée par rapport à la réussite. Cette génération s’est nourrie des modèles des « hyperscalers » américains et elle ambitionne de faire la même chose. Quand je suis sorti d’HEC, en 2006, tout le monde voulait aller chez McKinsey ou Goldman Sachs. Aujourd’hui, les jeunes diplômés veulent tous créer leur boîte ! L’image de la réussite sociale, c’est l’entrepreneur ! C’est l’état d’esprit et l’ambition de ces jeunes qui me rendent le plus optimiste. Beaucoup échoueront, se casseront le nez, mais beaucoup vont réussir et certains créeront des champions industriels. Nous avions annoncé que nous aurions 25 licornes en 2025. Nous en avons déjà 10 aujourd’hui et je pense que nous dépasserons notre prédiction. Il y a dix‑huit mois, 34 entreprises françaises étaient valorisées entre 500 M et 1 Md €. Elles doivent être encore plus nombreuses à présent. Je ne sais pas lesquelles deviendront des champions globaux, la seule chose que je sais, c’est qu’il y en a certaines qui vont réussir !

Les start-up françaises.
Les start-up françaises. Ariel Martín Pérez

TGL : Quels sont les atouts de la tech française à l’international ?
C. O. : La France est probablement le meilleur endroit pour créer une entreprise. Ce qui a été compliqué pendant longtemps, c’était de la faire grandir. Aujourd’hui, la réforme de l’ISF, la flat tax, le crédit d’impôt recherche et le mouvement de simplification engagé il y a quelques années rendent la France très attractive pour les investisseurs internationaux. L’atmosphère générale qui règne autour de la tech et les effets de réseaux qui se sont mis en place font que l’écosystème grandit désormais tout seul. Un autre élément important est l’image de marque de la France. Il y a quelques années, il y avait dans la tech une sorte de honte à dire que l’on était français à l’étranger. Aujourd’hui, c’est « chic ». Les communautés French tech dans le monde font vivre cette image de la France technologique. Cela fait gagner du temps aux entrepreneurs, qui fonctionnent en réseau et qui fournissent des informations à ceux qui veulent à leur tour s’implanter à l’étranger. La French tech, avec sa marque et son coq, est la plus grosse réussite française en termes de « soft power » depuis bien longtemps.

TGL : Alors que manque-t-il à la France pour faire émerger des champions globaux ?
C. O. : Je crois que la seule chose qu’il manque à présent à l’écosystème français pour faire émerger ces fameux champions globaux, ces entreprises qui valent 50 Mds € et plus, c’est du temps : quelques mois ou quelques années. Cela va arriver !


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