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Fabrice Cambolive a joué les globe-trotters pour Renault pendant 30 ans avant de revenir à la maison mère. Rencontre, 2025 - TGL
Portrait de Fabrice Cambolive.
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Fabrice Cambolive : le bonheur d’être à la tête de Renault

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Fabrice Cambolive a joué les globe-trotters pour Renault pendant 30 ans avant de revenir à la maison mère et présider aux destinées de la marque, en pleine période de grâce. De quoi ouvrir l’esprit : avec le CEO de Renault, nous avons parlé piano, R5 turbo électrique et madeleines de Proust.

L’homme apparaît en doudoune à l’écran, tout sourire, expliquant qu’on a dû couper le chauffage en prévision du week-end. Qu’importe, Fabrice Cambolive a connu tous les climats et ce n’est pas cela qui va entamer sa bonne humeur. Alors on se lance dans l’eau glacée, sans échauffement.


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Un patron comblé

« Je m’apprête à offrir un livre d’Alexandre Chèvremont qui s’appelle Donner lieu au son, explique-t-il. C’est tout un parcours, un ouvrage assez philosophique, qui évoque notamment la schizophonie, c’est-à-dire l’étude de ce que devient un son enregistré dans un concert quand vous l’écoutez dans un lieu complètement différent de celui où il a été émis, comme dans une voiture. Et je trouve que la qualité d’écoute dans une Renault 5 est superbe et que c’est un vrai avantage, car vous avez un studio de musique en même temps qu’une voiture. »

La Renault 4, justement, voilà le prochain lancement qu’il se doit de réussir pour continuer la « Renaulution » voulue par son boss, Luca de Meo.
La Renault 4, justement, voilà le prochain lancement qu’il se doit de réussir pour continuer la « Renaulution » voulue par son boss, Luca de Meo. DR

De quoi faire le lien avec le travail fait sur le son des Renault avec Jean-Michel Jarre, et les questions autour du design sonore des voitures électriques. La connexion entre ce qu’on entend, ce qu’on vit et où on l’entend, un thème passionnant pour cet amateur de musique et joueur de piano. « Je bricole un peu sur des Renault 4, sur des Renault 5, mais je n’ai pas un garage de véhicules de collection, car j’ai vécu toute ma vie à l’étranger. J’ai investi dans d’autres objets comme les pianos » raconte-t-il.

La Renault 4, justement, voilà le prochain lancement qu’il se doit de réussir pour continuer la « Renaulution » voulue par son boss, Luca de Meo. Dans la lignée de la R5 (une madeleine de Proust zéro calorie, comme il l’appelle) et en attendant le retour de la Twingo, la « 4L » du 21ᵉ siècle joue la « newstalgie », subtil mélange de rétro et de modernité, puisant dans l’héritage.

« Nous avons eu deux démarches totalement différentes : utiliser un cadre libératoire sur l’électrique et mettre l’hybride sur tous nos véhicules thermiques existants, et finalement utiliser l’hybride comme antichambre du passage à l’électrique » dit Fabrice Cambolive.
« Nous avons eu deux démarches totalement différentes : utiliser un cadre libératoire sur l’électrique et mettre l’hybride sur tous nos véhicules thermiques existants, et finalement utiliser l’hybride comme antichambre du passage à l’électrique » dit Fabrice Cambolive. DR

« Je pense que 2025 doit être une année de transformation pour nous, une troisième année consécutive de croissance en termes de volume. Et la Renault 4, bien sûr, il faut qu’elle arrive avec une offre qui soit totalement complémentaire. Donc la Renault 4, c’est un peu le grand frère, c’est-à-dire un véhicule qui apporte du pragmatisme, de la fonctionnalité, de la modularité, peut-être plus de partage. Le 4L Trophy rassemble plus de 1 000 équipages, beaucoup d’étudiants : on voit que la Renault 4 est capable de générer des communautés, ce qui n’était pas forcément le cas de la Renault 5. Pour moi, la Renault 5, c’était la voiture individuelle, celle de l’émancipation de la femme – ma mère la conduisait et me la passait le week-end. Une voiture qui n’est pas show-off, mais qu’on aime bien montrer, qui doit se remarquer. Donc, on voit qu’il y a deux positionnements qui sont très distincts et qui se complètent. »

Mode et automobile, même combat ?

À la question de savoir si, en automobile comme en mode, les tendances sont un éternel recommencement, F. Cambolive prend un exemple… immobilier : « J’utiliserais plutôt l’idée psychologique de cadre libératoire. Qu’est-ce que vous préférez faire : construire une maison depuis une feuille blanche ou à partir d’une maison qui existe déjà et dont vous devez garder juste les quatre murs ? Quelque part, c’est toujours plus intéressant parce que cela vous impose une contrainte, mais une contrainte qui vous amène à avoir aussi de la créativité. Et je pense que le travail que fait Gilles (Vidal, boss du design, NDLR), comme on a certaines limites de fidélité à notre véhicule original, a permis d’avoir en fait beaucoup plus de créativité et d’innovation. Et ce n’est pas forcément une règle générale : on le fait sur Renault 5, Renault 4, Twingo, mais pas sur le nouvel Espace, Rafale, Austral, ni sur Symbioz. »

Dans la lignée de la R5, la « 4L » du 21ᵉ siècle joue la « newstalgie », subtil mélange de rétro et de modernité, puisant dans l’héritage.
Dans la lignée de la R5, la « 4L » du 21ᵉ siècle joue la « newstalgie », subtil mélange de rétro et de modernité, puisant dans l’héritage. DR

Fabrice Cambolive poursuit : « Le cadre dans lequel vous souhaitez travailler doit s’y prêter. Nous avons eu deux démarches totalement différentes : utiliser un cadre libératoire sur l’électrique et mettre l’hybride sur tous nos véhicules thermiques existants, et finalement utiliser l’hybride comme antichambre du passage à l’électrique. Les gens qui passent à l’hybride étaient plutôt des gros rouleurs diesel et n’acceptent pas encore la contrainte de la recharge pour des raisons pratiques. Mais en roulant hybride, ils comprennent ce que veut dire le silence, l’accélération et le couple à bas régime de l’électrique. Donc il y a déjà quand même toute une démarche qui va les amener naturellement vers l’électrique. »

R5 Turbo 3E, le coup de folie de Renault

Enfin, cerise sur le gâteau, on évoque la R5 Turbo 3E, monstre de sport dédié à la performance et au drift. Invitée surprise du plan produit alors que Renault Sport n’existe plus (les modèles sportifs sont dans le shop Alpine), cette version en hommage à la R5 Turbo des années 80 promet des sensations dans un registre extrême. Mais qu’est-ce qui donc a bien pris à Renault ?

La R5 Turbo 3E de Renault.
La R5 Turbo 3E de Renault. DR

Fabrice Cambolive rit : « Elle était dans notre garage intellectuel. Quelque part, je pense qu’on avait besoin aussi de véhicules un peu extrêmes pour pousser des innovations. Par exemple, le fait de travailler sur les moteurs dans les roues pour trouver de nouvelles sensations de conduite, plus de drift, de puissance brutale. Et quand on prend la Renault 5 de l’époque, elle a transcendé toutes les classes sociales. La Turbo 3E, finalement, c’est la cerise sur le gâteau avec, d’un côté, une Renault 5 à 25 000 € et, de l’autre, un véhicule beaucoup plus hors normes. » Il en veut une, toute personnalisée. Nous aussi !


La bio express de Fabrice Cambolive

  • Fabrice Cambolive, 54 ans, diplômé de TBS Education à Toulouse.
  • 1992 : rejoint Renault Group et occupe différents postes en vente et marketing en Espagne, Suisse, France, Allemagne et Roumanie.
  • 2011 : directeur commercial et marketing de la Région Eurasie et de Renault Russie, 2015 : directeur général de Renault do Brasil.
  • 2017 : directeur des opérations de la Région Afrique, Moyen-Orient, Asie et Pacifique. 2021 : directeur des ventes et opérations de la marque Renault, en charge du déploiement de la stratégie Renaulution sur l’ensemble des marchés et de la transformation du business model de la marque.
  • Mai 2022 : COO de la marque Renault.
  • Février 2023 : DG de la marque Renault.

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