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Le très dynamique entrepreneur Édouard Schumacher casse les codes du métier, pied au plancher.
Vêtu d’un costume croisé à larges rayures bleu marine, il arrive de Bretagne au pas de course, salue les vigiles et s’engouffre dans la salle du Bridge, l’espace événementiel situé sous le pont Alexandre III, à Paris. Édouard Schumacher, 42 ans, patron de LS Group, spécialisé dans la distribution automobile, n’a guère le temps de souffler.
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Qui est Édouard Schumacher ?
Dans deux heures, il reçoit 250 invités conviés à célébrer les 60 ans de Lamborghini, qu’il représente en France. Miura, Countach, Revuelto… les plus beaux modèles de la marque italienne sont exposés ici. Mais les premières personnes qu’il accueille n’ont pas toutes à voir avec ces monstres.
Tour à tour, un duo de DJ, une jeune pilote de course de 17 ans et une escrimeuse de 22 ans en tenue de compétition font leur entrée sur le site. Des mannequins sont également attendus pour présenter les créations d’un couturier. Mélanger les genres, c’est le secret, le crédo d’Édouard Schumacher. L’événement Lamborghini ne déroge pas à cette règle.
En juin 2023, il a également organisé une demolition party dans la future concession de Maserati, située à Saint-Cloud, près de Paris. Des milliers de personnes se sont immergées dans un monde virtuel associant automobile et art contemporain. Les uns ont dansé dans l’atelier, les autres se sont fait tatouer dans une station de lavage.
La bonne direction
Dans un secteur automobile en pleine mutation, il bouscule les codes, refusant de céder au fatalisme ambiant qui prédit la fin des concessionnaires.
« On ne disparaîtra pas complètement, mais on ne sera plus les seuls à vendre des voitures, reconnaît-il. Tesla vend en direct, Peugeot et Volkswagen ont commencé à le faire en partie. Nous devons être plus efficaces et performants pour conserver notre légitimité au sein des canaux de vente. »
Confiant et ambitieux, il espère doubler le chiffre d’affaires – atteignant aujourd’hui 1,2 milliard d’euros – de son groupe, qui emploie 17 000 personnes. Avec ses 69 points de vente, il commercialise chaque année 50 000 véhicules et effectue 300 000 opérations d’après-vente.
Originalité : il travaille aussi bien avec des marques très grand public – Dacia, Renault, Fiat, Volkswagen – qu’avec les fleurons du segment prestige – Porsche, Maserati, Lamborghini, Bugatti. Tout commence en 1963, lorsque son père, André Schumacher, reprend une concession Renault.
Au début des années 2000, la PME compte 10 points de vente et emploie 400 salariés. Mais quand son fondateur décède, en 2006, sa situation financière se dégrade.
« J’entre en piste le lendemain de son enterrement, se souvient Édouard Schumacher. J’ai alors 25 ans et je suis étudiant en droit. Je découvre le secteur automobile. Avec un peu de bon sens, et beaucoup de chance, en m’entourant des bonnes personnes, l’entreprise, qui perdait 12 millions d’euros, renoue avec une situation saine. »
Rapidement, il a l’idée de se diversifier. « Au départ, on m’a pris pour un fou qui voulait s’offrir une danseuse et rouler en Maserati ou en Lamborghini », poursuit le chef d’entreprise. Mais son intuition se révèle gagnante. Le luxe tire l’image du groupe vers le haut. Désormais, il veut décloisonner ses marchés.
Son idée : la communauté qui rêve d’une marque est plus grande que celle en mesure de l’acheter. « Je vais aller chercher des personnes dans des horizons différents pour les attirer à nous, annonce-t-il. Pour cela, on croise les univers : la voiture et la mode, mais aussi, le digital, le gaming, la gastronomie, l’art, voire les sneakers sur mesure. »
Passant à l’acte, il a investi dans un écosystème de start-up qui agissent dans différents univers, comme la communication ou le digital. Elles commencent à générer de nouveaux revenus pour LS Group. Une croissance sans concessions.
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