48 heures à
The Good Guide
Los Angeles n'est pas une dame facilement approchable. Grande comme l'Île-de-France, on s'y balade en quatre-roues plutôt qu'à pieds pour la comprendre sans se faire mordre. Pourtant, des quartiers existent bel et bien dans la cité des anges, à l'image de Downtown, pluriel et inégal.
On dit le quartier de Downtown L.A. en plein renouveau. C’est vrai. D’une rue à l’autre, le paysage change, mêlant d’un côté une poignée de magasins pour gens dans le vent, des coffee-shops et des restaurants bien léchés, de l’autre des revendeurs d’or, des grossistes de vêtements et des camions de tacos. Et puis des grues, des chantiers, des sacs de gravats… « DTLA » pousse et mue.
Mais il ne faut pas s’y tromper, la gentrification n’a pas encore parachevé son acte. Si de belles références du monde de l’art ont profité de l’espace et de ses prix attractifs pour s’installer (la galerie Hauser & Wirth, pionnière, y a par exemple implanté sa plus impressionnante antenne en 2014, dotée d’un restaurant, d’une boutique… et d’un poulailler !), les nombreux sans-abris qui l’habitent depuis bien longtemps sont encore là — on ne peut pas parler de DTLA sans mentionner Skid Row, vous voilà prévenus.
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Nos meilleures adresses à Downtown L.A.
Où dormir à DTLA ?
Pour autant, le centre névralgique de l’activité de la ville est le berceau de nombreux nouveaux hôtels. Ace (qui a clos ses portes en début d’année), Moxy, Hoxton… Encore une fois, ce sont les moins de quarante ans qui sont les proies des marques qui s’implantent là où Los Angeles écrit naguère les premières pages de sa légende.
Moxy DTLA
Moxy Hotels est la nouvelle marque de la famille Marriott International, débarquée sur la scène hôtelière en 2014. Elle se distingue par sa philosophie inédite, résolument tournée vers la jeune génération, incarnée par des décors modernes et ludiques et des chambres confortables pourvue de l’essentiel… mais sans plus, toujours situés au cœur des quartiers « branchés » des villes. Avec plus de 70 établissements à travers le monde, Moxy séduit les voyageurs à la recherche d’un séjour à prix raisonnable, offrant néanmoins une expérience unique : à DTLA, le Moxy a poussé sur 35 étages et propose des vues panoramiques sur la ville depuis chacune des chambres — magique.
Un étage de l’hôtel est réservé à la restauration, Level 8, soit huit bars et restaurants… et un club, prêts à contenter toutes les fins. Salle de sport, piscine en rooftop et coffee-shop au rez-de-chaussée, le Moxy DTLA coche toute les cases des envies des moins de 40 ans.
1260 S Figueroa St. Réservations.
Downtown L.A. Proper Hotel
Proper, nouveau groupe hôtelier amorcé en 2017 à San Francisco, a également choisi DTLA pour faire naître son deuxième établissement angeleno, après Santa Monica, inauguré en 2019. C’est ainsi au sortir de la pandémie, après quatre ans de conception et travaux, que le Downtown L.A. Proper Hotel vu le jour, dans les murs d’un ancien club privé érigé en 1924.
Kelly Wearstler, architecte d’intérieur des lieux, a choisi de s’appuyer sur l’histoire exceptionnelle du lieu pour le réinventer. C’est pourquoi elle a articulé ses idées autour de ses atouts architecturaux, notamment une piscine intérieure planquée au quatrième étage qui est devenue le point d’orgue d’une suite exceptionnelle, ou un terrain de basket qui, de la même façon, a donné à une autre suite sa verve. Le rooftop du Downtown L.A. Proper Hotel abrite une petite piscine et un bar-restaurant à truster au moment du sunset. Au rez-de-chaussée, c’est un restaurant de haut-vol qui fait la part-belle aux produits locaux et bio qui s’emplit dès 17h30, l’heure du dîner au Pays de l’oncle Sam…
1100 S Broadway, Los Angeles. Réservations.
Où manger à Downtown L.A. ?
Caldo Verde
C’est donc le restaurant du Downtown L.A. Proper Hotel. Orchestré par une équipe lauréate du James Beard Award, composée de la chef Suzanne Goin et de la restauratrice Caroline Styne, le menu allie avec rusticité, sophistication et authenticité californienne, proposant des saveurs méditerranéennes subtiles et évocatrices, relevées par des ingrédients et de saison. Il est sublimé par l’expertise en vins renommée de Caroline Styne qui associe une sélection variée (vins de Californie, bio ou biodynamique, mais pas que) à une carte de cocktails inédits et créatifs.
1100 S Broadway, Los Angeles.
Level 8
Huit lieux sont à découvrir au Level 8, sorte de food court luxueux planqué dans le même immeuble qui abrite le Moxy. Maison Kasai s’articule autour de l’art du teppanyaki (un type de cuisson japonaise où l’on utilise une plaque chauffante pour cuire les aliments), Lucky Mizu propose des sushis et du shabu shabu (une fondue japonaise), Qué Barbaro invite à une expérience culinaire sud-américaine alors que le bar tournant Golden Hour, le piano-bar Mr. Wanderlust et le lounge de jazz sont des lieux de détente.
1260 S Figueroa St. Réservations.
Manuela
La galerie Hauser & Wirth s’est installée à l’Art District, jouxtant DTLA, alors que le quartier n’avait encore rien d’artistique. La galerie avant-gardiste y a fait pousser un lieu XL sur les vestiges d’un ancien moulin et d’une usine à farine où s’articulent plusieurs espaces d’exposition autour d’un large patio ensoleillé dans lequel s’étend le restaurant Manuela. Egalement dotée d’un espace couvert et d’une salle, cette table très portée sur le végétal offre des plats fins et travailler qui réussissent le pari de marier les traditions du déjeuner américain à de bons et savoureux produits.
907 E 3rd St. Réservations.
Redbird
Situé dans le centre-ville de Los Angeles, Redbird est aménagé dans l’un des joyaux architecturaux les plus historiques de la ville, à l’intérieur de l’ancien bâtiment du presbytère de Vibiana – la cathédrale transformée en lieu d’événements également détenue et exploitée par les Fraser. Le designer Robert Weimer et Amy Knoll Fraser ont créé un espace dynamique qui rend hommage à la cathédrale voisine et à l’architecture intemporelle existante en insérant des formes modernes simples pour compléter plutôt que dominer l’ambiance des pièces. Le résultat est un espace chaleureux et confortable soigneusement pensé.
114 East Second Street. Réservations.
Où sortir à DTLA ?
Sinners y Santos
Boîte de nuit inspirée d’une cathédrale, Sinners y Santos (« pêcheurs et saints ») est le dernier club où se presse les Angelinos dans le coup. Box privés, piste de dance, photomaton dissimulé… Ouvrez bien vos yeux car les surprises sont partout dans ce lieu unique en son genre, qui fait partie du Level 8.
1260 S Figueroa St. Réservations.
Un peu de culture à Downtown L.A.
The Broad
The Broad, situé en plein cœur de DTLA, fut fondé par Eli et Edythe Broad en 2015. Ce musée incontournable abrite une impressionnante collection d’art contemporain comprenant des œuvres majeures d’artistes renommés tels que Jeff Koons, Jean-Michel Basquiat et Yayoi Kusama. Son architecture tout en dualité (le rez-de-chaussée fait écho à l’intérieur d’une caverne alors que l’étage d’exposition, lumineux, s’ouvre sous une voilure onirique) imaginée par le cabinet Diller Scofidio + Renfro, en collaboration avec Gensler. Entrée gratuite.
221 S Grand Ave. Site internet.
Luna Luna
À l’été 1987, à Hambourg, en Allemagne, l’artiste et forain André Heller a l’idée d’un projet inédit, entre le musée d’art et le parc d’attraction. Convaincu que l’art ne doit pas être élitiste, Heller invite 30 artistes parmi lesquels Basquiat, Haring, Lichtenstein, Delaunay, Dalí et Hockney à concevoir les attractions et les contours de ce parc nommé Luna Luna. Après des années passées dans un container dans le Texas (vous avez bien lu) cette folie créative a enfin retrouvé forme grâce à un collection de passionnés (et le soutien financier de Drake) dans le quartier de Downtown L.A.
601 E 6th St. Site internet.
Que visiter à DTLA ?
Calle Olvera
Le micro quartier de Calle Olvera est situé à l’emplacement historique où la ville de Los Angeles a été fondée là où débuta la colonisation espagnole de la région. Les visiteurs peuvent aujourd’hui y découvrir des bâtiments restaurés, des plaques commémoratives et des monuments qui racontent l’histoire de la ville depuis ses débuts. Mais surtout quelques boutiques et restaurants qui offrent un aperçu de Mexico.
Art District
L’Art District de Los Angeles, créé dans les années 1970 sur les cendres de l’ancien quartier industriel, est devenu un bastion dynamique de la créativité de la ville. Ce quartier reflète l’évolution urbaine de Los Angeles, passant d’un centre industriel à un lieu florissant d’expression artistique.
Aujourd’hui, l’Art District abrite une myriade de galeries d’art, de studios d’artistes, de boutiques de design et de cafés branchés, en faisant un lieu incontournable pour les amateurs d’art et les curieux. En se promenant dans ses rues, on découvre des fresques murales colorées, des installations artistiques uniques et une ambiance vibrante qui témoigne de la vitalité culturelle de la ville.
Magasin Apple de Broadway
Il est important de comprendre que le quartier de Downtown L.A. est un work in progress. Si de nouvelles et excitantes adresses s’y implantent, d’autres landmarks de la ville y demeurent en jachère, incarnations fortuites de la dualité d’une ville : celle qui existe entre les ultra riches et les plus démunis. A quelques blocks de Skid Row, où ceux-là on donc élu domicile, Broadway n’a rien de son cousin new-yorkais.
Dans les années 30 à 50, le cinéma n’était pas célébré uniquement à Hollywood. Broadway était alors une artère florissante où les théâtres fastueux, à l’image de ceux de New York, attiraient des centaines de spectateurs élégants tous les soirs. Désertés depuis, ces œuvres architecturales sont tombés en désuétude. Une balade sur Broadway donne donc lieu à une sorte de triste chemin à rebours du temps, à la recherche de ces adresses qui virent un jour les étoiles d’Hollywood fouler leurs tapis rouges.
Apple, alerté par la situation de ces théâtres en ruine, en a racheté et rénové un, le Tower Theatre, donnant ainsi à voir ce que furent ces cinémas d’un autre temps. Attention à ne pas craquer pour l’un de leurs onéreux gadgets pendant votre visite — à faire, de préférence, accompagné d’un guide de l’agence Voyage en français pour en cerner toutes les subtilités.