Horlogerie
Des États-Unis au Japon, en passant par le Royaume-Uni, l’Italie et la France, ces dix dessins animés culte ont marqué leur époque – et certains, notre jeunesse. Pour le plaisir de les revoir ou de les découvrir.
Félix le chat
Sacré félin, ce Félix ! Imaginé en 1919 par Otto Messmer et Pat Sullivan, quelques années après la naissance de Krazy Kat, la bande dessinée de George Herriman, il fut un héros du cinéma d’animation muet en noir et blanc bien avant la création de Mickey Mouse en 1928. Et si des versions en couleur ont été réalisées par la suite, elles ne possèdent pas le charme ni la poésie des tout premiers dessins animés, que l’on conseille de regarder en écoutant un vieux standard de jazz, histoire de se mettre dans l’ambiance des années folles.
Première diffusion : 1919, 184 courts métrages.
Droopy
Difficile d’avoir l’air aussi triste et d’être pourtant aussi drôle ! Le chien Droopy, créé en 1943 par le génial Tex Avery, réussit cet exploit. Avec sa voix traînante et monocorde, son petit bidon et ses courtes pattes, il a quelque chose de ridicule. Mais il parvient à déclencher l’hilarité des spectateurs de ses aventures ponctuées de phrases récurrentes étranges et loufoques, comme « Hello, happy taxpayers » ou « You know what ? I’m the hero ». Parmi les épisodes célèbres, citons celui dans lequel le loup, évadé de prison, a beau s’enfuir au bout du monde, il retrouve toujours Droopy sur son chemin…
MGM, première diffusion : 1943.
Bip Bip et Vil Coyote
Bip Bip est un grand géocoucou qui court vite, très vite. Vil Coyote est un… coyote. Il court après Bip Bip. Il va vite, lui aussi, mais jamais assez pour le rattraper ! Il a beau utiliser de la dynamite, des fusées ou des patins à roulettes, rien n’y fait. Le pire, c’est qu’il lui arrive un tas de catastrophes : il est tour à tour écrasé par un rocher ou brûlé par des explosifs… Wile E. Coyote et the Road Runner, ainsi nommés dans la version originale créée par Chuck Jones, sont comme une métaphore de la condition humaine. Après tout, nous aussi, nous courons après quelque chose d’inaccessible…
Warner Bros, première diffusion : 1949, 45 épisodes.
Astro Boy
Créé en 1951 sous forme de bande dessinée par Osamu Tezuka, célèbre auteur de mangas, Astro est un petit robot doué d’une ouïe et d’une vision extraordinaires, capable de parler 60 langues et de lancer des rayons laser depuis ses doigts… Et la liste de ses talents est longue ! À travers ce personnage au visage sympa et au regard attendrissant, Tezuka aborde des thèmes comme le conflit toujours possible entre la science et l’humanité, la discrimination ou la place des femmes dans la société japonaise.
Mushi Production, première diffusion :1963, 193 épisodes.
Thunderbirds
Fleuron britannique de l’animation en marionnettes (la « supermarionation »), Thunderbirds – en français, Les Sentinelles de l’air – imaginé par Sylvia et Gerry Anderson, est un petit bijou de sophistication dont les héros sont les membres de la Sécurité internationale, une organisation qui se donne pour mission de sauver le monde à l’aide de machines, les Thunderbird (sans « s » car chaque navette est appelée « Thunderbird »), créés par le bien nommé Brains, le cerveau de la bande. Sans oublier l’héroïne, la délicieuse et intrépide Lady Penelope Creighton-Ward (prononcer Pénélopi), l’agent secrète qui roule à bord de Fab 1, une Rolls-Royce rose, dont la version en modèle réduit Dinky Toys a fait les délices des enfants.
Première diffusion :1965, 2 saisons, 32 épisodes.
Les Shadoks
En 1968, une série d’animation bouscule la routine du paysage audiovisuel français. Elle met en scène les Shadoks, créés par Jacques Rouxel, qui passent leur temps à pomper le Cosmogol 999, un carburant qui appartient à leurs vieux ennemis, les Gibis, et qui doit leur permettre de quitter leur planète pour s’installer sur la Terre… Ce sommet de l’humour absurde, servi à merveille par la voix unique de Claude Piéplu, le narrateur, a partagé la France en deux à la veille de Mai 68. Cinquante ans plus tard, les Shadoks n’ont rien perdu de leur modernité, de même que quelques-uns de leurs aphorismes, comme « Tout avantage a ses inconvénients et réciproquement »…
Première diffusion :1968, 208 épisodes.
La Panthère rose
Avant de faire carrière à la télévision, la Panthère rose est née au cinéma. C’était en 1963, dans le générique d’un film de Blake Edwards, The Pink Panther, dans lequel l’inspecteur Clouseau, interprété par Peter Sellers, est à la recherche d’un diamant : la Panthère rose. Le succès est tel que 9 films seront produits. Les aventures délirantes et absurdes de ce félin pas comme les autres sont aussi célèbres que la musique écrite par Henry Mancini. Il est à noter que cette sympathique panthère, aussi muette que flegmatique, a remporté l’Oscar du meilleur court métrage du film d’animation en 1965 avec La Vie en rose.
NBC et ABC, première diffusion :1969, 10 saisons, 124 épisodes.
La linea
Il suffit de pas grand-chose pour créer tout un monde. Dans La Linea, une simple ligne horizontale blanche, tracée par le crayon d’un dessinateur, donne naissance à des personnages et à des objets de la vie quotidienne. Conçu à l’origine pour une série de films publicitaires, le héros, volontiers râleur et au langage incompréhensible, est en interaction avec son illustrateur, dont on ne voit que la main munie d’un crayon et qui dessine des éléments – objets ou animaux – venant s’intégrer au décor. Il y a quelque chose d’intemporel dans La Linea : imaginé en 1971 par Osvaldo Cavandoli, cet objet animé non identifié aurait tout aussi bien pu voir le jour au xxie siècle, tant il n’a rien perdu de son inventivité.
Rai, première diffusion :1971, 3 saisons, 90 épisodes.
Calimero
« C’est vraiment trop inzuste ! » Le pauvre Calimero n’a pas de chance. Créé par les frères Nino et Toni Pagot et par Ignazio Colnaghi, ce poussin est apparu en 1962 dans une publicité pour une lessive, avant de devenir une star du petit écran. Reconnaissable à la coquille d’œuf qui lui sert de chapeau, il attire les catastrophes, persuadé que tout le monde lui en veut. En réalité, il est seul responsable de ses mésaventures provoquées par sa maladresse et sa naïveté. Heureusement pour lui, depuis une nouvelle série d’animation diffusée à partir de 2014, sa vie s’est améliorée. Il ne se prend plus pour une victime et il a acquis le statut de héros, en guerre contre les injustices. Il a même perdu son zézaiement légendaire !
Japon, Toei Animation, 1re diffusion :1974, 47 épisodes ; Japon/Italie, Toei Animation Rai, 1re diffusion : 1992, 52 épisodes ; France, Alphanim, depuis 2014.
Goldorak
Quand Goldorak, le robot de l’espace, la créature de Go Nagai, a été diffusé dans l’émission Récré A2, en juillet 1978, la vie de nombreux petits Français n’a plus jamais été la même ! L’empire de Véga vient de réduire en cendre la planète d’Euphor. Actarus, son prince, assiste impuissant à la mort des siens. Il parvient néanmoins à échapper au massacre en s’emparant de Goldorak, le plus redoutable des robots de combat, et s’enfuit vers la Terre. Ce dessin animé devenu culte a été la tête de pont de « l’invasion » de la culture française par la culture japonaise, pour le plus grand plaisir des amateurs de mangas… Une quarantaine d’années plus tard, une bande dessinée intitulée Goldorak (éd. Kana, 2021), écrite et illustrée par un collectif d’auteurs de BD nostalgiques, a montré que le mythe est toujours bien vivant…
Toei Animation, première diffusion :1975, 74 épisodes.
Les Tortues Ninja
Si vous êtes persuadé que Donatello, Leonardo, Michelangelo et Raphaël ne sont rien d’autre que des artistes célèbres de la Renaissance, c’est que vous n’avez jamais vu les Tortues Ninja ! Adaptés d’un comic book, ces 4 personnages sont des tortues dotées de superpouvoirs après être tombées, non pas dans la potion magique, mais dans un liquide mutagène. Dans la série animée, moins brutale que la BD originelle, elles sont devenues les Teenage Mutant Ninja Turtles, transformées en des adolescents obsédés par les pizzas. Une préférence culinaire assez répandue chez les jeunes, comme chacun le sait. Même s’ils sont en forme de tortues…
CBS, première diffusion :1987, 10 saisons, 193 épisodes.
Pingu
Contrairement à ce que son nom peut laisser croire, Pingu n’est pas un pingouin, mais un manchot, même si ce genre de subtilité passe au-dessus de la tête des enfants (et, soyons honnêtes, également de celle de leurs parents). Ce sympathique animal, au langage aussi amusant qu’incompréhensible, habite dans un igloo avec sa petite famille et vit de gentilles aventures du quotidien. Tous ceux qui, enfants, ont regardé cette série d’animation en pâte à modeler se souviennent sans doute du cauchemar de Pingu, terrifié par un éléphant de mer et accroché à son lit qui se met à avancer tout seul, comme dans Little Nemo, la célèbre bande dessinée de l’auteur américain Winsor McCay.
Angleterre/Suisse, première diffusion : 1990, 6 saisons, 156 épisodes.
C.Q.
