Horlogerie
Contrebalançant l'urbanisation galopante, balcons, terrasses, parcs ou jardins – qu'ils soient publics ou privés – représentent une vraie bouffée d'oxygène et placent le mobilier outdoor sous le feu des projecteurs.
Outdoor, glissement sémantique
En guise d’acte de contrition pour cette petite phrase piquante, flash-back rapide sur l’essor du design outdoor. Comme toujours, c’est essentiellement le contexte socio-économique (congés payés, avènement de la société des loisirs tout au long des trente glorieuses, démocratisation du transport aérien, et donc des voyages lointains) couplé à l’évolution des modes de production industrielle et à l’innovation des matériaux qui ont permis au design outdoor de se faire une telle place au soleil.
Les pièces modernes les plus iconiques sont toutes nées entre les années 30 et 50. Le fauteuil Transat, de Robert Mallet Stevens, conçu pour la piscine de la villa Noailles, à Hyères, date de 1923-1925 ; celui qu’Eileen Gray a dessiné pour sa villa E-1027, à Roquebrune-Cap-Martin, de 1927. De l’autre côté de l’Atlantique, la chaise Butterfly du trio argentin Jorge Ferrari-Hardoy, Juan Kurchan et Antonio Bonet est apparue en 1938 (elle a ultérieurement été rebaptisée AA par Airborne, qui la commercialise depuis peu en version indoor avec une housse en agneau de Mongolie). Et le fauteuil Paulistano, réédité par Objekto, a été pensé par Paulo Mendes da Rocha pour le Club d’athlétisme de São Paulo, en 1957. Suivront d’anonymes sièges fifties en rotin ou en fils à scoubidous aux couleurs de berlingots inévitablement connotés Riviera, Californie ou Acapulco. Puis viendront les années plastique, expérimentales, avec les Eames, Verner Panton et Eero Aarnio, ou démocratiques, avec Pierre Paulin, époque ADSA pour Allibert. Le choc pétrolier de 1973 poussera les fabricants à se tourner vers les bois imputrescibles, à rendre au métal un vrai design-appeal et à explorer le potentiel du plastique recyclé.
En 2017, on ne parle plus de « meubles de jardin », mais de « mobilier outdoor »
Ce glissement sémantique est signifiant, car il atteste de la fonction « pièce à vivre » qu’on accorde dorénavant à tout espace extérieur, qu’il s’agisse d’une piscine d’hôtel ultrachic ou d’un microbalcon situé plein nord. Et si, pour la plupart des marques spécialisées, le marché est actuellement porté par le contract (hôtels, restaurants, cafés, parcs), les collections destinées au grand public ne cessent de se sophistiquer et de prendre de l’ampleur. D’autant plus qu’aux yeux du consommateur lambda, l’offre n’est pas aussi intimidante culturellement que peut l’être le design « classique ». En conséquence, les noms les plus respectés – de Patricia Urquiola à Philippe Starck, en passant par les Bouroullec, Barber & Osgerby, Jean Nouvel, Konstantin Grcic, Ron Arad ou Jaime Hayón (liste non exhaustive, cela va de soi) – et la plupart des éditeurs historiques s’attachent à l’exercice.
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