The Good Business
Multinationale canadienne dont le siège social se trouve à Seattle, Colliers International s’est installée en France en rachetant AOS Studley en 2014. L’objectif ? Aider les grandes entreprises qui déménagent à imprimer leur culture dans leurs nouveaux bureaux.
Estée Lauder, Davidson et plus récemment Lacoste ont tous confié l’aménagement de leurs nouveaux bureaux à Colliers International. La filiale française de l’entreprise canadienne a été lancée en 2014 et compte 270 salariés sur 14 000 au total. Elle a son siège à Levallois-Perret.
Elle accompagne les entreprises sur des projets immobiliers et la conception d’environnements de travail. Un point stratégique pour attirer de nouveaux talents, retenir ceux qui sont déjà là et motiver les équipes. Un outil managérial, certes, mais les bureaux sont aussi considérés comme une vitrine de la culture de l’entreprise.
En effet, alors que la tendance, pendant très longtemps, était à l’uniformisation, c’est aujourd’hui tout le contraire. Des bureaux bien pensés, qui correspondent à l’image de l’entreprise, changent la donne à l’heure où la frontière entre le travail et les autres aspects de nos vies s’amenuise.
Ainsi, Ludovic Tallon, directeur design, et Pierre-Gilles Solvit, directeur général du pôle projet, pour Colliers International France, décryptent pour The Good Life la transformation de l’univers du bureau.
La Good Interview de Ludovic Tallon et Pierre-Gilles Solvit, Colliers International France :
The Good Life : Comment avez-vous vu l’environnement de travail changer de visage ces dernières années ?
Pierre-Gilles Solvit : Compte tenu de mon âge, je l’ai vu beaucoup se transformer ! (rires) J’ai connu l’époque où l’optimisation était synonyme de densité. Où l’aspect hiérarchique avait un impact sur le bâtiment, certains étages étaient réservés aux collaborateurs d’un certain rang etc. Aujourd’hui, le bureau est plus sensible, plus humain, les salariés sont plus libres… Dans certaines entreprise, les managers sont même devenus des coachs plus que des patrons.
TGL : Et comment vous êtes-vous adapté ?
P-G. S. : Lorsque l’on engage un projet, nous interrogeons des collaborateurs différents, en dehors du cercle du comité de direction. Tout le monde a droit au chapitre, même ceux qui ne sont pas les décideurs finaux. Cela permet à la direction, lorsqu’on lui fait notre « rapport », et si elle est réceptive, de changer parfois son brief de départ. Ensuite, il a fallu adapter les « méthodes agiles » de l’informatique à notre travail. C’est-à-dire tester le produit, échanger, créer en permanence, pour trouver le bon produit au fur et à mesure.
TGL : Le design prend également une part de plus en plus importante dans la conception des bureaux…
Ludovic Tallon : Il y a quelques années, on commençait par choisir le mobilier, puis les espaces, souvent très simples et toujours les mêmes : salles de réunion, open space et bureaux individuels. Aujourd’hui, on souhaite retrouver des usages utiles. Notre réflexion c’est de produire un design qui parte de l’usage et du service avant de penser à l’espace. Il faut créer un lieu utile, qui attire, réfléchir en termes de lieu de vie et pas seulement en termes de lieu de travail. La notion de bureau repose sur ma capacité à produire et à me concentrer. Pour le reste, la porosité entre le travail et le reste de nos activités nous pousse à réfléchir à l’hybridité des lieux.
Une boîte à outils d’espaces utiles
TGL : Aucune de vos réalisations ne ressemble à la précédente, pourquoi ?
L.T. : Lorsqu’une entreprise déménage, c’est le bon moment pour tout remettre à plat et définir ce qu’est sa culture. Changer d’endroit c’est transporter son identité, la projeter, la réinventer. C’est pour cela que l’on se concentre sur l’expérience : la combinaison des usages, des moments et du temps.
P-G. S. : Tout à fait ! La connotation d’optimisation est passée de la densité à l’usage. Il faut penser un environnement de travail comme une boîte à outils d’espaces utiles. Tout en respectant les clients, ce qu’ils sont mais aussi ce qu’ils veulent devenir.
TGL : C’est un peu là-dessus que surfe le marché du coworking…
P-G. S. : Oui, d’ailleurs nous avons déjà travaillé avec des acteurs de ce marché, et nous continuons d’être sollicités pour créer des espaces de coworking. Pour nous, il s’agit de l’évolution naturelle de notre activité. Les frontières entre bureaux, retail, coworking et même lobbies d’hôtels se font de plus en plus minces. Nous avons donc commencé à diversifier nos activités pour répondre à ces nouveaux besoins.
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