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À l'heure où les remèdes miracle anti chute de cheveux pullulent sur les réseaux, une start-up marseillaise nous promet d'allier technologie et cosmétique en confiant nos bulbes capillaire à l’intelligence artificielle. The Good Life passe au peigne fin les (vrais) bons réflexes à adopter pour que calvitie ne rime pas forcément avec voyage en Turquie.
Tous les hommes frôlant la trentaine ont un point commun : celui d’avoir scruté leur reflet dans le miroir, cheveux tirés en arrière, tout en se demandant jusqu’où ira la chute. Et si « jusqu’ici tout va bien », force est de constater que la chute de cheveux devient bien souvent une étape incontournable dans la vie de ces messieurs. Du shampoing anti-chute aux tutos douteux qui circulent sur le net accompagnés de conseils d’hygiène de vie pas toujours scientifiquement prouvés, il est grand temps de démêler le vrai du faux avec de vrais pros.
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Chute de cheveux : un mal français
Paru il y a dix ans, un sondage IFOP intitulé « Les Français et la chute de cheveux » nous apprenait qu’un homme français sur quatre confiait avoir de la calvitie, avec une proportion encore plus élevée chez les seniors. À l’époque, 79 % des hommes indiquaient ne pas être préoccupés par leur chute de cheveux et 44 % déclaraient même l’assumer. Depuis, les réseaux sociaux ont réussi à propager l’idée qu’avoir de la calvitie était synonyme de demi-mort sociale et le recours aux implants capillaires s’est totalement banalisé chez les 18-34 ans, pour qui la perte de cheveux oscille entre problèmes de confiance en soi et perte d’identité.
Aujourd’hui, selon une étude du Centre Clauderer (un centre parisien proposant des traitements non invasifs efficaces pour lutter contre la calvitie), près d’un homme sur deux (42 %) entre 18 et 49 ans connaît une forme de chute notable, avec une proportion non négligeable dès la vingtaine (16 %). Au-delà d’un simple phénomène esthétique, cette perte capillaire s’accompagne souvent d’un impact psychologique notable, touchant l’estime de soi ainsi que les interactions sociales. Pour preuve, sur TikTok, le hashtag #calvasse nous plonge dans une floppée de vidéos dans lesquelles on apprend à masquer discrètement sa perte de cheveux, tout en testant un nombre incalculable de sérums et de shampoings miraculeux.
« Il est important de garder en tête une vérité simple mais essentielle : sans bulbes, pas de cheveux. C’est le principe même de l’alopécie androgénique », nous apprend le Dr Jean-Pierre Gobin, médecin esthétique à Lyon. « À partir d’un certain stade, les follicules sont complètement atrophiés et finissent par disparaître. On peut multiplier les traitements, les cures ou les techniques, rien ne repoussera. C’est un peu comme essayer de faire pousser de l’herbe dans le désert. » D’où l’importance d’agir en amont, dès les premiers signes de chute de cheveux, pour préserver ce capital capillaire tant qu’il est encore actif. Mais encore faut-il apprendre à distinguer perte occasionnelle et dérèglement génétique.
Plus dure sera la chute
« Avant d’évoquer les solutions, encore faut-il s’entendre sur les termes », nous rappelle le docteur Gobin. « Quand parle-t-on réellement de chute de cheveux ? Est-ce une chute passagère — comme celle qui peut survenir au moment du brossage ou sous la douche — ou bien s’agit-il d’une alopécie ? Car ces deux phénomènes sont bien distincts. »
En effet, l’effluvium télogène, ou chute de cheveux occasionnelle (on parle d’effluvium télogène chronique lorsque le problème dure au-delà de 3 mois), ne s’accompagne pas de perte des bulbes. Il ne s’agit donc pas d’une pathologie à proprement parler, mais plutôt d’une réaction passagère à un stress physiologique ou psychologique, ou sans aucune cause spécifique. « Ici, les shampooings antichute ne servent à rien, c’est du marketing pur », insiste le docteur Gobin, « ce qui compte, c’est d’utiliser des soins capillaires les plus doux possible, sans savon ni agents agressifs. Dans certains cas spécifiques, notamment en cas d’effluvium chronique télogène mal vécu, le PRP (Plasma Riche en Plaquettes, ndlr) peut être proposé. Il ne fonctionne pas systématiquement, mais peut apporter un soutien significatif. » L’alopécie androgénique, quant à elle, est une pathologie à la fois d’origine hormonale et génétique. Autrement dit, on y est prédisposé par héritage familial, mais elle est activée par les hormones. L’occasion d’enterrer une bonne fois pour toutes une légende urbaine selon laquelle la calvitie se transmettrait par les gènes de la mère : « Cette rumeur largement répandue est infondée », ironise le docteur Gobin. « Comme pour l’ensemble des pathologies à composante génétique, le patrimoine héréditaire en cause dans l’alopécie androgénique provient à parts égales du père et de la mère. Il n’existe donc aucune prédominance génétique maternelle dans la transmission de ce type de chute de cheveux. »
Récemment, une étude menée par des chercheurs de l’université Tsinghua (en Chine) et publiée dans le Nutrients Journal en janvier 2023, suggérait un lien entre la consommation excessive de boissons sucrées et la perte de cheveux chez les hommes. Selon les chercheurs de l’étude, les sucres présents dans nos verres de soda (et alcool) provoqueraient une augmentation des niveaux d’insuline et d’inflammation dans le corps, deux facteurs susceptibles de nuire à la santé capillaire. Les pics de glucose et d’insuline provoqués par l’absorption de ces liquides affaiblissent les follicules pileux, qui raccourcissent leur phase de croissance. Résultat : les cheveux tombent plus rapidement et repoussent en moins grand nombre. « L’alimentation, le tabagisme ou le stress sont des facteurs aggravants, non déclenchants », nous rappelle le docteur Gobin, « la génétique reste le terrain, l’hormonal le déclencheur. »
Mais si les régimes alimentaires n’ont pas de rôle direct dans la repousse des cheveux, les carences nutritionnelles peuvent clairement aggraver une chute déjà existante. « Les régimes stricts, et en particulier le véganisme non encadré, peuvent entraîner des carences en vitamines du groupe B, comme la B12, ainsi qu’un déficit en protéines animales, essentiels au bon renouvellement capillaire. »
Avant de se lancer dans un traitement contre la chute des cheveux, la première étape reste une consultation médicale. « Ce n’est pas un problème purement esthétique : la chute de cheveux peut avoir des causes médicales qui nécessitent un bilan approfondi, voire une biopsie dans certains cas. Il faut donc consulter un médecin esthétique ou un dermatologue, pas uniquement un technicien en centre capillaire », insiste le docteur Gobin, « l’alopécie reste un domaine médical, mais pas d’une complexité extrême. L’essentiel est d’avoir un professionnel formé et compétent pour faire la part des choses. Il existe des avancées pour l’alopécie androgénique. Deux molécules restent les références : le Minoxidil, en application locale, voire en comprimé dans certains cas, et le finastéride, traditionnellement prescrit sous forme orale. Ce dernier agit comme anti-androgène et peut entraîner des effets secondaires, notamment sur la libido. Il est d’ailleurs contre-indiqué chez les patients présentant des antécédents dépressifs. C’est un traitement efficace, mais sous stricte surveillance médicale. Il est désormais disponible en application locale. Le traitement est toujours sur prescription médicale, mais les effets secondaires sont probablement diminués par rapport à la forme en comprimés. »
L’essentiel est donc de se tourner vers un professionnel de santé plutôt que de ruer au rayon parapharmacie. Problème : quiconque a déjà ouvert Doctolib a pu constater que nous avons plus de chances de gagner à l’EuroMillions plutôt que de trouver un médecin spécialiste des problèmes capillaires dispo dans la semaine. C’est pour cette raison que deux Marseillais ont monté une start-up qui compte bien révolutionner notre rapport à la chute de cheveux.
Quand l’IA ne manque pas d’hair
« Je perdais mes cheveux et je me rendais compte qu’on était énormément ciblés en ligne par des solutions pas toujours très sérieuses », nous apprend Nicolas de Roüalle, cofondateur de la start-up Hairdex. « On nous vendait monts et merveilles, alors qu’en réalité, dans le monde de la cosmétique, on peut affirmer un peu tout et n’importe quoi. Il suffit de demander à dix personnes comment elles se sentent après un mois d’utilisation, et hop, on obtient une “étude” qui dit que 99 % sont satisfaites. Je trouvais qu’on nous prenait un peu pour des imbéciles, et ça m’a donné envie de créer une solution médicale, sérieuse et plus accessible. »
Il imagine, avec son ami Louis Damas, un ingénieur spécialisé en analyse de données et intelligence artificielle appliquées à la santé, une véritable clinique capillaire en ligne proposant une offre innovante et complète contre la chute des cheveux.
Pensée comme un « one-stop shop » capillaire, Hairdex combine approche médicale, suivi personnalisé et solutions multiples en s’adaptant à tous les profils différents. En moins de 24 h, un rendez-vous en visio avec un médecin professionnel est proposé au client, qui se voit prescrire une ordonnance afin de débuter un traitement personnalisé en termes de choix de molécules, de dosages et de posologie. L’intelligence artificielle joue ici un rôle central dans le suivi capillaire. Les images du cuir chevelu, prises en pharmacie ou en cabinet partenaire à l’aide d’un dermatoscope, sont analysées par un algorithme propriétaire. Celui-ci est capable de mesurer automatiquement des indicateurs clés comme la densité capillaire (nombre de cheveux par cm²), le diamètre des cheveux et l’évolution des zones clairsemées. Ces données sont ensuite croisées avec le profil médical du patient pour proposer un suivi personnalisé. L’objectif : ajuster finement les traitements en fonction de l’évolution observée.
Les premiers résultats, selon Nicolas de Roüalle, se manifestent généralement entre six à douze mois d’utilisation assidue. Hairdex met un point d’honneur à la transparence : la continuité des soins est essentielle, et un suivi régulier permet d’ajuster les protocoles en fonction des réponses individuelles.
« Ce qu’il faut savoir, c’est que les traitements ne doivent pas être arrêtés. C’est un engagement sur le long terme. Les traitements quotidiens sont vraiment le cœur du protocole », nous rappelle Nicolas de Roüalle. Car peu de gens le savent, mais lorsqu’on envisage une greffe, des traitements sont essentiels avant ainsi qu’après l’opération. « On s’est associés à Neoclinique, un centre de greffe capillaire lancé par des Marseillais, avec un positionnement très complémentaire au nôtre. Leur modèle est plus classique, en présentiel, avec des soins cliniques comme les injections pour stimuler la densité, ou les greffes pour les cas plus avancés. Finalement, on identifie trois grandes approches : les traitements, les injections et la greffe, trois axes qui ne s’opposent pas et peuvent tout à fait se combiner. C’est important de le comprendre, car certains patients refusent d’emblée les traitements et préfèrent attendre la greffe, tandis que d’autres, au contraire, trouvent la greffe trop engageante et choisissent de se tourner vers des solutions moins invasives. »
L’idéal, dans tous les cas, est de commencer par consulter un professionnel de santé, et de vous souvenir que chaque problème a une solution. Autrement dit : arrêtez de vous faire des cheveux blancs.
Site internet de Hairdex
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