The Good Business
L’entreprise américaine a donné son feu vert pour l’amélioration du gisement de Tengiz au Kazakhstan. Le consortium piloté par Chevron va investir plus de 36 milliards de dollars dans ce projet. Le retour des géants de l'or noir après des années de morosité ?
A la tête du consortium TCO, qui gère entre autres le gisement pétrolier de Tengiz (Kazakhstan), Chevron a donné son accord pour l’extension de l’implantation. L’objectif est de produire 260 000 barils de plus par jour, soit une augmentation de 44 %. Coût total de l’opération : 36,8 milliards de dollars, soit le plus gros investissement privé de la décennie dans le secteur pétrolier.
Cet investissement colossal s’explique en réalité par une prise de risque minimale ! D’abord, le gisement de Tengiz est déjà exploité, son potentiel est donc connu et maîtrisé. Ensuite, la crise pétrolière a forcé les fournisseurs de matériel d’extraction à revoir leurs prix à la baisse, une véritable aubaine pour Chevron. Matthew Sagers, directeur du secteur Russia & Caspian Energy chez IHS (cabinet de consultants), l’a récemment confié au Financial Times : « Le projet n’a pas de perspectives économiques extraordinaires, mais il est solide, et c’est ce qui compte avant tout. »
Le retour sur la pointe des pieds des rois du pétrole
La solidité de l’investissement est de fait un critère essentiel vu la crise que traverse le secteur. Depuis le début de l’année 2015, Chevron et les autres géants de l’industrie pétrolière ont dû se résoudre à des coupes drastiques dans leurs budgets (25 % en moyenne). Plus grave, près de 30 000 emplois au total ont été supprimés. Fini le forage à outrance et les dollars dépensés sans compter. Il a fallu dénicher les meilleures opportunités avec une nouvelle ligne directrice : continuer de produire du pétrole pour éviter que les grosses sociétés ne mettent la clé sous la porte tout en trouvant le moyen d’être rentable avec un baril à 50 dollars. D’où la prudence de l’investissement de TCO.
Cet investissement de 36 milliards de dollars marque le retour aux affaires – discret mais tangible – des multinationales de l’hydrocarbure. Depuis le début de la chute du prix du baril, les grandes entreprises pétrolières ont toutes repoussé, voire annulé, leurs projets d’investissement (le Wall Street Journal parle de 270 milliards de dollars au total), notamment dans les nouvelles zones de forage comme l’Arctique. Preuve que l’investissement de Chevron ressemble à un nouveau départ, il s’agit de la plus grosse somme mise sur le tapis depuis 2013, soit juste avant le début de la crise pétrolière…
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