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La beauté à défaut du goût, c’est ce que les Anglais trouvèrent dans le Camellia japonica, certes de la famille des Théacées – que les marchands chinois, jaloux du monopole de leur arbre à thé, leur avaient vendu, au XIIe siècle, en lieu et place du Camellia sinensis.
Le camélia est l’emblème majeur de Chanel en mode comme en joaillerie et l’un de ses actifs phares en cosmétique. La maison cultive et analyse cette belle plante bienfaitrice dans les Landes.
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Joséphine de Beauharnais l’acclimatera dans ses jardins de Malmaison et en lancera la mode. Alexandre Dumas fils en parera l’héroïne de son roman La Dame aux camélias (1848). Les dandys du XIXe siècle s’empareront de la fleur du Camellia nobilissima pour la piquer à leur boutonnière – sans elle, pas de tenue de soirée. Les pépinières nantaises s’en font une spécialité.
Dans les années 20, tout comme elle empruntera le tweed au vestiaire masculin, ainsi que le pantalon et la marinière, Gabrielle Chanel se l’approprie et le cultive, en blanc exclusivement, sur les ceintures, cols, chapeaux, robes…
Fascinée par ce végétal qui ne fait rien comme les autres – il fleurit en hiver et n’exhale aucun parfum –, par sa pureté immaculée et par la perfection symétrique de ses pétales, Coco en fait son emblème. «C» comme Chanel, «C» comme camélia… le fameux double «C». Il est, depuis, décliné de toutes les manières possibles chez Chanel.
Les plants mères de Coco Chanel
Mais c’est seulement en 1998 que le Camellia japonica «Alba Plena» arrive en beauté dans les laboratoires de la maison de la rue Cambon. «Les chercheurs de la marque ont découvert les propriétés hydratantes des dérivés de catéchines et des polyphénols présents dans cette variété rare », indique Nicola Fuzzati, directeur de l’innovation et du développement des ingrédients cosmétiques.
La marque se rapproche alors de Jean Thoby, expert international du camélia, qui le cultive depuis plusieurs décennies à Gaujacq, dans son Plantarium landais.
Ce conservatoire botanique recense 2000 variétés de camélias collectées à travers le monde, parmi lesquelles deux pieds issus des plants mères qui auraient été commandés par Gabrielle Chanel il y a plus d’un siècle. Ils furent le point de départ de la mise en place de la Ferme aux camélias de Chanel, non loin du Plantarium, sur 70 hectares d’anciennes terres agricoles.
Mais il aura fallu plus de dix ans d’essais avant d’aboutir, en 2009, à la première culture du camélia blanc, sans laquelle il aurait peut-être disparu depuis. Il constitue aujourd’hui l’actif principal de la ligne de soins Hydra Beauty.
« En conversion bio, c’est un laboratoire de recherche à ciel ouvert, explique Philippe Grandry, qui dirige les cultures en pleine terre et sans intrants chimiques. La ferme est conduite en agroécologie et agroforesterie, afin de créer un écosystème équilibré favorisant la résistance des 2700 plants face aux maladies. »
D’autres plantes sont utilisées comme couvre-sol. Arbres et arbustes apportent une ombre légère aux camélias, contribuant à la biodiversité de la faune et de la flore. Les fleurs – 900 tonnes par an – sont récoltées à la main, après la rosée du matin, puis immédiatement congelées pour préserver l’intégrité de leurs molécules actives. Un laboratoire de phytoanalyse jouxte la ferme.
Ses recherches portent sur toutes les parties de la plante et sur son cycle de vie, afin de déterminer la phase de concentration maximale des molécules pour créer des ingrédients naturels exclusifs, en collaboration avec le centre d’innovation recherche et développement de Chanel, basé à Pantin.
Aux côtés des « Alba Plena », une autre variété de Camellia japonica, « TheCzar », rouge et riche en acide protocatéchique, qui retarde la sénescence cellulaire, est au cœur de la gamme No 1 de Chanel, lancée en 2022. Pétales, graines, levures sont utilisés pour les soins, le maquillage et l’eau parfumée, et même pour le packaging.
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