Hotels
The Good Guide
Pékin est l’une des villes les plus intimidantes au monde. De ce fait, mieux vaut prévoir un atterrissage en douceur. Et en profondeur.
Finalement, choisir un hôtel pour découvrir une ville est une opération capitale. Il est possible, à cet effet, d’adopter la neutralité, le confort international pasteurisé et interchangeable. Il est louable de plonger dans le bain et de se tourner vers l’auberge de quartier, avec son animation, l’éternuement à travers les cloisons, le petit déjeuner sous cellophane.
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La réponse calme à une ville sans répit
Ou alors, pourquoi pas tenter le billard à trois bandes ? Opter pour une marque ayant repensé le luxe, imposé son italianité pour mieux amortir une ville aussi complexe que Pékin. Son passé a de quoi rendre le visiteur étourdi des vertiges de l’histoire : la Cité interdite, la Grande Muraille à quelques heures de là, les temples magnifiques de spiritualité malicieuse.
Pékin est un choc, et souvent les voyageurs restent sonnés par cet impact culturel, n’en captant qu’un dixième et vacillant sous la charge historique. Le voyage, aujourd’hui, est devenu impérieux. Si l’on a bien compris, il faudrait visiter les 1 000 villes, goûter les 10 000 saveurs, saluer les 777 panoramas. Ce que nous vous proposons, c’est de replier vos cartes, de fermer vos applications et d’éteindre votre portable. Pour respirer. Vous voici dans un quartier métamorphosé : Chaoyang.
Rouvrir les yeux
Il y a une vingtaine d’années, c’était un cloaque infréquentable ; les chauffeurs de taxi y lavaient leur voiture, on y suffoquait, Pékin ne respirait plus. À 17 heures, il faisait gris d’orage, l’air en était presque palpable tant il était pollué. Rouvrez les yeux, c’est à peine croyable. La rivière Liangma a été drainée sur 7 kilomètres, les rives, arborées. On s’y baigne lorsque les chaleurs d’été s’en viennent à ralentir les journées.
Levez-vous alors aux aurores pour mieux comprendre la vie chinoise. Elle bouge, s’active, se frictionne, marche prestement, ouvre grand les bras, fait l’équerre, le moulin, le papillon, le sémaphore. La ville respire. Et vous avec. Surplombant la rive de la rivière, voici le Bulgari Hotel Beijing.
Pourquoi avoir choisi ce biais transalpin ? Sans doute pour mieux sortir de notre univers francisé si bien campé sur la réalité et basculer dans un univers que nous affectionnons tant, l’Italie et sa façon d’être souriante, bienheureuse, bienveillante. C’est précisément cette dernière touche qui va permettre de mieux capter la ville.
La vertu de la dolce vita
Après les exercices du matin, une grande marche suffit ; voici l’humeur qui s’amadoue, s’apaise, le voyage se dissipe. Même vos pieds ont compris que dans cet hôtel de 119 chambres et suites les sols étaient pleins de compréhension : matité des marbres, profondeur des tapis.
Le message (voire le massage) passe directement des pieds à la tête, via la colonne vertébrale : la notion de méridien fonctionne, elle ne devrait pas vous quitter. C’est sans doute le propre des voyages de délier nos sens, de les remettre à jour : sentir, goûter, écouter, regarder, palper. Des photos au mur vous rappellent ce que nous oublions souvent en France, par une fière contrariété, cette vertu onctueuse et douce : la dolce vita.
C’est un peu ce luxe palpable du Bulgari, cette façon de ne pas en rajouter. Ni or ni œuvres d’art comme dans les salles d’attente des dentistes, comme s’il fallait prouver qu’on appartient au monde des sachants, des possédants. L’architecte italien Antonio Citterio ne s’est pas contenté d’importer les marbres, les lustres de Murano.
Ici et là, il vous rapproche de la ville sans que vous ne vous en aperceviez : des rideaux de bambou, de la soie grège, des pins bicentenaires et leur ombrage délicat choisis par l’artiste paysagiste Enzo Enea. Ils viennent de Tai’an, province de Shandong. Pendant que vous parliez au concierge, votre regard s’est tout de suite posé sur cette superbe carte de Chine. Elle date de 1690. Elle est signée Vincenzo Coronelli, dédiée au jésuite Antonio Baldigiani.
Détachement et légèreté
Le luxe de Bulgari, c’est sans doute ce détachement en assise confortable, au délié élégant. Cette façon si légère d’être avec ces regards portés. Ces derniers, vous les apprendrez également au petit matin avec les cours de taï-chi. Lenteur précise, entre immobilité et statisme. Le luxe, finalement, pourrait être ce regard « porté », la meilleure façon de se rapprocher d’une ville.
Souvent, les grands hôtels sont empesés et s’embarrassent des imprévus. Lorsqu’on arrive tard au restaurant, ce qui est fréquent dans un voyage, il est difficile de faire plier les horaires ; pourtant, ici, l’hôtel retrouve sa nature d’aubergiste, d’accueillir à toute heure, même si la salle est vide.
Le sourire est présent, le vitello tonnato de Niko Romito, surprenant dans son humilité talentueuse, un résumé de l’hôtel. La résonance de la ville se retrouve également dans les massages chinois, précis et saisissants, dans le spa de 1 500 m2 (soins Augustinus Bader, La Mer), sans oublier la piscine intérieure de 25 mètres.
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