Horlogerie
La maison d’édition Assouline continue son tour du monde. Après les Hamptons, la côte Turquoise, Mykonos ou Saint‑Tropez, c’est au tour de la Provence de s’offrir un beau livre photo, introduit par de jolis mots de François Simon.
« Nous voudrions ainsi la saisir, la localiser, et pourquoi pas la comprendre ? Si quelqu’un croit avoir compris la Provence, pour reprendre un proverbe libanais, c’est qu’on lui a mal expliquée. » Le long des premières pages de Provence Glory chez Assouline, François Simon (écrivain et journaliste) brosse le portrait insaisissable d’une région qu’il est impossible de faire tenir dans une carte.
S’il a accepté la demande de Martine Assouline (qui a cofondé la maison d’édition avec son mari, Prosper), c’est qu’il entretient avec Assouline « une relation complice depuis qu’ils ont réalisé [son] premier roman, Toscane(s) ». Son regard sur la Provence ? « Celui d’un étranger qui la traverse comme on le fait dans un musée, s’arrêtant sur une placette, un ombrage, une tonnelle. » L’auteur pousse à écouter cette « Provence provocante », évoquant le « bruit d’un couteau qui tranche un citron » ou celui d’une daube sur le feu – un réflexe de Pavlov hérité de sa carrière comme critique gastronomique –, mais aussi le « vol velouté d’un aigle » et la musique d’une route en corniche.
Il encourage par ailleurs à s’imprégner des couleurs des tulipes, des jupes, des mimosas, à se laisser porter par les (très) nombreux vents qui balaient la région, à se plonger dans la Méditerranée. Quand on lui demande si c’est la Provence qui rend la Méditerranée si spéciale ou si c’est l’inverse, l’auteur répond qu’elles « jouent toutes deux, elles se répondent, s’apostrophent, se défient ».
Au fil des 200 photographies sélectionnées par Martine Assouline et ses équipes pour Provence Glory, on passe de Saint-Paul-de-Vence à Arles, de Saint-Rémy-de- Provence à Marseille, du pont du Gard à une balade en décapotable sur les routes des Alpilles.
Les olives, le raisin, la lavande, les arbres verts, les fleurs jaunes, les moustaches, les chapeaux, les grandes tablées et les grands espaces, les eaux claires et les bateaux… François Simon définit la sélection de photographies de Provence Glory comme « une sorte de marelle entre nos songes de Provence et ce qu’elle délivre ».
Cette mythologie provençale a inspiré Van Gogh, Matisse, Picasso, Alexandre Dumas, Jean Giono et Cézanne, bien évidemment, évoqué pour illustrer une Provence « rugueuse, rêche, méchante ». Le peintre, installé sur la montagne Sainte-Victoire, continue de travailler malgré l’orage qui éclate ; « il prit donc toute la saucée et, dit la légende, perdit connaissance ».
Il meurt une semaine plus tard. Cette Provence qui peut être « élégante et sauvage, ensoleillée et orageuse, violente et si calme » est décidément bien difficile à cerner. Dans sa géographie comme dans son habitus, elle brouille les frontières. François Simon nous rassure : si « cette étrange Provence commence à vous échapper, cela signifie que vous lui appartenez enfin ». On plonge alors dans Provence Glory comme on piquerait une tête dans la calanque de Sormiou, heureux et reconnaissant de faire partie du décor.
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