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Bateaux : le fret à voile, un vent propulseur

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Dans un contexte mondial où le transport maritime de marchandises se confronte aux problématiques environnementales et aux conséquences qui en découlent, une nouvelle génération d’armateurs émerge depuis une dizaine d’années en France. Ils ont fait le choix du vent comme propulsion principale, et leurs premiers bateaux de fret à voile s’apprêtent à voir le jour.

Les bateaux à voiles cristallisent un fort imaginaire collectif. Ils furent les instruments historiques de l’essor du commerce et du fret maritime. Mais l’accélération des échanges internationaux et l’essor de nouveaux modes de consommation ont transformé le visage du transport maritime de marchandises et rendu la voile obsolète.

La vapeur est alors consacrée avant qu’elle aussi ne soit remplacée par la propulsion mécanique et le miracle du moteur Diesel, reléguant définitivement la voile à la plaisance, la course au large ou l’exploitation des navires de patrimoine. Aujourd’hui, l’image qui s’impose lorsqu’on évoque le transport maritime de marchandises est celle des gigantesques porte-conteneurs, vraquiers, pétroliers et autres cargos.

Des solutions incroyables sont imaginées pour limiter l’empreinte carbone du transport maritime. Ayro, filiale du cabinet morbihannais d’architecture navale VPLP, développe les ailes OceanWings pour équiper les navires. Formées de volets articulés, elles assurent une propulsion mixte voile/moteur et des navigations à des vitesses égalant celle des navires conventionnels.
Des solutions incroyables sont imaginées pour limiter l’empreinte carbone du transport maritime. Ayro, filiale du cabinet morbihannais d’architecture navale VPLP, développe les ailes OceanWings pour équiper les navires. Formées de volets articulés, elles assurent une propulsion mixte voile/moteur et des navigations à des vitesses égalant celle des navires conventionnels. AYRO

90 % des marchandises

Actuellement, le transport maritime est responsable de la circulation de 90 % des marchandises dans le monde, soit 10,7 milliards de tonnes. Rouage indispensable de l’économie mondialisée, il s’est imposé comme le mode prépondérant des échanges internationaux grâce à sa capacité à acheminer des marchandises sur de longues distances à faible coût.

Dans cet environnement de marché mondialisé et hautement compétitif, le secteur se confronte désormais lui aussi aux problématiques environnementales et aux régulations qui en découlent. Par sa capacité à massifier les flux de marchandises, le transport maritime, responsable d’environ 2,5 % des émissions mondiales des gaz à effet de serre (GES) – dont 940 millions de tonnes de CO2 par an –, peut être considéré comme une activité relativement sobre.

Mais c’est le secteur qui connaît la plus forte croissance de ses émissions en raison de l’augmentation des échanges. Selon l’OCDE, les volumes de fret maritime seront en effet multipliés par quatre à l’horizon 2050 par rapport à 2015. Or, le fioul lourd, principal carburant des navires, se caractérise par une forte teneur en oxydes de soufre et d’azote, ainsi qu’en particules fines et extra-fines.

Grain de Sail, de l’entreprise du même nom, est le premier voilier-cargo moderne. Il a effectué sa première navigation transatlantique en novembre 2020.
Grain de Sail, de l’entreprise du même nom, est le premier voilier-cargo moderne. Il a effectué sa première navigation transatlantique en novembre 2020. le-naoures-francois-nao

Le transport maritime mondial est ainsi responsable d’environ 12 % des émissions de soufre et d’azote. Et l’Organisation maritime internationale (OMI) a calculé que, si rien n’est fait, les émissions de GES dues au transport maritime augmenteront entre 50 et 250 % d’ici à 2050.

Décidée à réagir, l’OMI s’est donc donné comme objectif de réduire les émissions annuelles totales de GES d’au moins 50 % d’ici à 2050 par rapport au niveau de 2008.

L’émergence de jeunes armateurs sur le marché du fret à voile

Dans ce contexte, on assiste depuis une dizaine d’années à l’émergence de nouveaux acteurs promulguant l’énergie vélique comme propulsion principale, et tout particulièrement sur le territoire français.

« La France concentre le plus grand nombre d’acteurs développant des systèmes de propulsion par le vent sur la trentaine de développeurs existant dans le monde, explique Lise Detrimont, déléguée générale de l’association Wind Ship. Ceux-ci couvrent les technologies de kite, de profils minces (voiles souples, rigides, etc), de profils épais (ailes rigides ou semi-rigides, à plusieurs éléments, etc.), ou encore de profils aspirés avec des niveaux de maturité technologique différents. On assiste également à l’émergence de jeunes armateurs, un phénomène exceptionnel dans un univers guidé par une concentration des armements maritimes depuis quelques décennies. »

La construction du Neoliner de Neoline devrait débuter cet été. Depuis son port d’attache de Saint-Nazaire, il desservira Saint-Pierre-et-Miquelon, Halifax et Baltimore.
La construction du Neoliner de Neoline devrait débuter cet été. Depuis son port d’attache de Saint-Nazaire, il desservira Saint-Pierre-et-Miquelon, Halifax et Baltimore. Mauric

L’énergie du vent associée aux technologies du XXIe siècle promet de rendre le fret maritime à la fois écoresponsable et efficient en permettant des économies de carburant, un bilan carbone moindre, tout en jouissant d’une belle image de marque.


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