The Good Business
Créé et organisé par Expo Monaco, sous le haut patronage du prince Albert II, le Salon international de l’automobile de Monaco (SIAM) présente, tous les ans depuis 2017, les nouveautés et concepts du marché de l’automobile électrique. Rencontre avec Nicolas Hesse, cofondateur et président du SIAM, dont la quatrième édition a eu lieu juste avant le premier confinement sur le port de Monaco.
The Good Life : Pourquoi avoir créé le SIAM ?
Nicolas Hesse : Nous avons eu l’idée de créer le Monaco SIAM après avoir constaté à quel point Monaco était lié à l’automobile – trois Grands Prix, trois rallyes, un musée… –, mais n’accueillait pas de grand salon dédié exclusivement à l’automobile. Naturellement, nous ne pouvions pas faire à Monaco une réplique des grands salons internationaux dont nous avons l’habitude. C’est pourquoi nous avons construit un projet sur mesure pour la principauté, qui met en avant essentiellement les véhicules électriques, hybrides et de prestige.
TGL : Justement, quelles sont les différences avec les autres grands salons ?
N. H. : Depuis sa création, le Monaco SIAM se veut différent d’un salon automobile classique. D’abord par son lieu unique au monde – le port de Monaco –, puis par son positionnement – écologie, innovation, prestige. Son format, composé de grandes structures avec vue sur le port, la mer et les yachts, promet une expérience immersive totale dans une atmosphère raffinée et élégante, où l’on se promène entre pépites technologiques, hypercars et concept-cars, et où l’on peut assister à la création en temps réel d’un nouveau concept-car par une école de design et voir ses enfants piloter une petite voiture électrique sur circuit…
TGL : Qui est le visiteur type ?
N. H. : Le Monaco SIAM est un salon grand public. Il s’adresse à tous, avec un prix d’entrée de 15 euros et la gratuité pour les moins-de- 10-ans. Malgré cela, étant donné son lieu d’implantation, nous avons forcément une clientèle haut de gamme. Dans les allées, on croise bien sûr des Monégasques, mais aussi de grandes familles de la région PACA ou de l’Italie du Nord-Ouest et des membres de familles royales. Nous attirons également des passionnés d’automobiles et/ou de nouvelles technologies et des professionnels.
« Le SIAM plaît aux constructeurs, qui peuvent, pour un budget plus limité, exposer auprès d’un public de qualité dans un cadre exceptionnel. »
TGL : Le succès des salons passe aussi par les exclusivités qui y sont présentées…
N. H. : Nous avons pour chaque édition de nombreux lancements, des nouveautés, des concept-cars, et des premières. Pour citer les plus importantes, nous avons eu la Renault TreZor, la Mercedes F-015, la Vulcano Titanium, la nouvelle FormulaE Venturi, les voitures de course électriques E-Racing Car, le lancement de la BR1 de BR Engineering et les voitures Tecno MonteCarlo. En 2020, nous avons accueilli le lancement très attendu de la Porsche Taycan électrique.
TGL : Quelles évolutions marquantes avez-vous constatées depuis la création du salon ?
N. H. : D’abord, il y a eu un rassemblement du SIAM en un seul et même lieu. La première édition du salon avait été organisée sur plusieurs emplacements de la principauté – port Hercule, place du Casino, place du Palais, Grimaldi Forum –, avec des navettes électriques pour relier tous les espaces. Il y avait même un centre d’essai Porsche délocalisé à Eze, avec accès en hélicoptère ! Concernant les modèles présentés, nous sommes passés de 30 % de véhicules électriques ou hybrides présentés en 2017 à presque 70 % en 2020. Les attentes des visiteurs aussi ont évolué ; ces derniers sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux à venir pour voir les modèles électriques.
TGL : La quatrième édition du SIAM s’est tenue du 5 au 8 mars dernier, juste avant le confinement en France. Quelles ont été les répercussions de la crise sanitaire sur le Salon ?
N. H. : Nous avons été le dernier événement à avoir lieu avant le confinement lié au Covid-19, avec un plateau extraordinaire incluant des lancements, des premières et de superbes véhicules. Malheureusement, à cause de ce contexte de pandémie, nous avons dû faire face en premier lieu à de nombreuses annulations de dernière minute par des exposants ainsi qu’à des annulations d’animations, de l’ordre de 25 %, et à une baisse de fréquentation d’environ 70 %.
TGL : Qu’est-ce qui attire les exposants au SIAM ?
N. H. : Les constructeurs ont participé en nombre au Monaco SIAM dès sa première édition en 2017. Le format plaît particulièrement aux constructeurs, qui peuvent, pour un budget bien inférieur à ceux des salons traditionnels, faire des lancements et exposer leur gamme auprès d’un public de qualité dans un cadre exceptionnel.
« Tesla fait revivre, d’une certaine manière, l’époque des pionniers de l’automobile… Tout le monde veut en faire partie ! »
TGL : Selon vous, l’avenir est plutôt à la voiture électrique ou aux moteurs à hydrogène ?
N. H. : Pour le moment, les investissements des constructeurs sont massivement injectés dans l’électrique. Mais l’hydrogène apparaît finalement comme la solution la plus écologique… Donc je dirais d’abord l’électrique, avant la démocratisation de l’hydrogène.
TGL : Et l’accent sera-t-il mis davantage sur le design ou sur la technologie ?
N. H. : Sur la technologie au service du design ou du design au service de la technologie, en fonction des segments automobiles. Concernant les voitures grand public, la technologie sera sûrement mise en avant. Côté supercars et hypercars, le design et les performances seront toujours plus importants.
TGL : Le plaisir sans essence est-il possible ?
N. H. : Oui, bien sûr ! Les véhicules électriques offrent un couple et des accélérations très importantes. Il y a des voitures de sport électriques qui procurent des sensations aussi intenses que des modèles thermiques. Avec le son et les vibrations en moins, bien entendu…
TGL : La voiture autonome sera-t-elle bientôt une réalité ?
N. H. : Dans quelques années, sans aucun doute. Mais pas forcément pour monsieur Tout-le-monde. Je mise plutôt sur leur essor en tant que taxis ou VTC.
Le SIAM, un salon grand public
TGL : Parmi les exposants, on note Lotus, Jeep, Ferrari, Lamborghini, entre autres. Comment ces institutions qui ont révolutionné l’automobile thermique vont-elles réussir à s’en passer ?
N. H. : Le principal est de proposer aux clients des produits qui préservent l’ADN de la marque. La transition, si elle s’opère totalement, se fera par étapes. Il y a déjà des concept-cars électriques chez Lamborghini ou Bentley, des modèles hybrides chez Ferrari ou Porsche, une hypercar électrique chez Lotus…
TGL :Aujourd’hui, les modèles économiques ont changé. Il suffit de voir la différence entre la valorisation boursière et le chiffre d’affaires de Tesla, idem pour Nikola, pour s’en rendre compte…
N. H. : Ce modèle est visible dans de nombreuses entreprises de différentes industries. A l’ère de l’immédiateté, les marchés ont tendance à s’affoler dès lors qu’il y a des perspectives intéressantes, ce qui développe un marché spéculatif sans aucun lien avec la réalité du marché. Malheureusement, concernant ce type de valorisations, il y a deux solutions. Soit l’entreprise finit par rattraper sa valorisation, soit la bulle spéculative se corrige. Mais il est vrai que l’histoire de Tesla se révèle fascinante. Elle permet de revivre, d’une certaine manière, l’époque des pionniers de l’automobile… Tout le monde veut en faire partie !
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