Culture
Expressionnisme américain, univers énigmatiques, paysages intérieurs et décors de cinéma se côtoient en cette rentrée d’automne.
Peinture métaphysique, Paris. Adulé des surréalistes à ses débuts, dans les années 1910, quand il invente des paysages énigmatiques qui se jouent des repères spatio-temporels, violemment rejeté vingt ans plus tard quand il délaisse ses toiles métaphysiques et s’égare dans une peinture néoclassique, Giorgio De Chirico trouve, cet automne, toute sa place au musée de l’Orangerie. L’exposition met surtout en avant sa période parisienne et les liens qu’il a noués avec les cercles culturels et littéraires de l’avant-garde. Apollinaire s’émerveille de son « art intérieur cérébral », tandis que Cocteau le qualifie de « dépaysagiste ». Mais c’est De Chirico qui parle le mieux de son univers onirique. « Pour qu’une œuvre d’art soit vraiment immortelle, écrit-il, il faut qu’elle sorte complètement des limites de l’humain. De cette façon, elle s’approchera du rêve et de la mentalité enfantine. » Giorgio De Chirico. La Peinture métaphysique, musée de l’Orangerie, jusqu’au 14 décembre. www.musee-orangerie.fr
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Art et cinéma, Lausanne. Les liens entre l’art et le cinéma datent du XIXe siècle. Ils se manifestent très tôt, avec les images balbutiantes des frères Lumière, dont les premiers films sur l’ébranlement des locomotives ou l’enchantement des parties de campagne reprennent les motifs des artistes impressionnistes. Dès lors, ces liens n’ont cessé de s’approfondir. Au tout début du XXe siècle, le mouvement cubiste trouve son écho dans le cinéma muet et les univers machiniques de Charlie Chaplin, aux prises avec Les Temps modernes. Dans les années 1920, la montée en puissance du surréalisme est incarnée par le peintre Dalí et sa fameuse collaboration avec Alfred Hitchcock sur le film La Maison du docteur Edwardes. Grâce à une articulation impeccable entre films, peintures, photographies, affiches, costumes, dessins et maquettes, l’exposition est à la fois savante et plaisante. Art et cinéma, fondation de l’Hermitage, jusqu’au 3 janvier. www.fondation-hermitage.ch
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Le noir est une couleur, Paris. Les paysages peints par Léon Spilliaert sont transfigurés par ses états d’âme. Ce sont des plages désertes et monotones comme il y en a dans le Nord, des jetées et des digues fondues au noir, des lumières crépusculaires qui attrapent un reflet d’écume. Quant aux autoportraits, ce sont des paysages intérieurs, avec des rides et des ravines, des yeux enfoncés et noirs. Ses œuvres sur papier fascinent, nées de l’usage virtuose du crayon, du fusain, du pastel, de la craie, de l’aquarelle et surtout de l’encre de Chine dont il explore la transparence, la liquidité et la noirceur pour traduire ses renversantes hallucinations. Léon Spilliaert (1881-1946), lumière et solitude, musée d’Orsay, du 13 octobre au 10 janvier. www.musee-orsay.fr
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Automne arty en Espagne
De Staël, du nord au sud, Málaga. Montrées à Paris en 2003, les toiles de Nicolas de Staël (1914-1955) du Centre Pompidou font le voyage à Málaga cet automne, où l’on découvre toutes les facettes d’un artiste dont les dernières années solaires, arrimées aux couleurs étincelantes du Lubéron puis de la Côte d’Azur, ont été parmi les plus prolifiques. La texture des toiles est extraordinairement fine et transparente. On en oublierait presque que quelques années plus tôt, de Staël a mené un combat sans merci avec la matière, peignant les ciels de Dieppe ou les toits de Paris à coup de touches épaisses. Ces revirements qui, à l’époque, ont suscité la controverse confirment aujourd’hui le génie tourmenté du peintre, qui s’est suicidé à Antibes. Nicolas de Staël, Centre Pompidou Málaga, jusqu’au 8 novembre. www.centrepompidou-malaga.eu
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L’inclassable Lee Krasner, Bilbao. Libérée du système marchand, Lee Krasner a exploré de nouveaux médiums, tiré parti des moments d’exaltation comme des périodes de désespoir, comme après la disparition de son mari, Jackson Pollock, à la suite d’un accident de la route, en 1956. Si bien que de ses premiers autoportraits jusqu’aux toiles exubérantes et monumentales du début des années 60, l’artiste s’impose comme l’une des grandes pionnières de l’expressionnisme abstrait américain. La rétrospective de cet automne à Bilbao réunit de nombreux tableaux et dessins, dont certains jamais montrés en Europe. Lee Krasner, Guggenheim Bilbao, jusqu’au 10 janvier. www.guggenheim-bilbao.eus
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