Culture
Cet été, de vibrantes expositions mettent à l’honneur les émotions humaines, les scènes oniriques et de nouveaux mythes identitaires.
Images pastorales, Arles. Certains artistes savent mieux que d’autres exprimer l’âme des lieux. C’est le cas de Van Gogh, qui a tiré de son passage à Arles des peintures solaires et déflagrantes. C’est aussi le cas de Roberto Donetta (1865-1932), un photographe méconnu qui a témoigné de la vie des paysans du val Blenio, dans le Tessin. Vendeur ambulant de graines, Roberto Donetta pratiquait la photographie en autodidacte, dans une région isolée où les saisons et la nature rythmaient les existences. Il a laissé près de 5 000 plaques de verre et il a fallu attendre les années 90 pour que ses images tournées vers les émotions humaines sortent de l’oubli. La fondation Van Gogh en présente plus de soixante-dix, en regard de bouquets de fleurs de Camargue de Marie Varenne et de céramiques brutes de Natsuko Uchino. La Complicité : Roberto Donetta (1865-1932), fondation Van Gogh, jusqu’au 13 septembre. www.fondation-vincentvangogh-arles.org
Parcours intime, Avignon. Embarqué dans l’amour et la défense de l’art et des artistes de son temps, Yvon Lambert fête les 20 ans de son musée d’Avignon en proposant une relecture de sa collection à l’aune du thème de l’intimité, de celle que les grands collectionneurs nouent avec les œuvres qu’ils réunissent tout au long de leur vie. Cela donne l’une des expositions les plus vibrantes et les plus émotives de l’été. On y retrouve de superbes portraits d’Yvon Lambert signés Cy Twombly, Julian Schnabel ou Stanley Brouwn. On y perçoit aussi l’admiration très forte qu’il a eue pour la photographe américaine Nan Goldin, dont il a collecté une centaine d’œuvres. Cet ensemble unique au monde est montré pour la première fois dans sa quasi-intégralité. Je refléterai ce que tu es. De Nan Goldin à Roni Horn : l’intime dans la collection Lambert, collection Lambert, jusqu’au 20 septembre. www.collectionlambert.com
Objectif monde, Porquerolles. La fondation Carmignac a choisi de réunir les travaux des dix premiers lauréats de son prix créé en 2009, l’une des récompenses les plus prestigieuses au monde décernées aux photoreporters. On retrouve ainsi les projets explosifs de Tommaso Protti sur la déforestation en Amazonie, de Narciso Contreras sur le trafic humain en Libye, de Kai Wiedenhöfer sur l’enfer quotidien de la bande de Gaza ou encore de Lizzie Sadin sur la traite des femmes au Népal. Prix Carmignac du photojournalisme : dix ans de reportages, fondation Carmignac, jusqu’au 1er novembre. www.fondationcarmignac.com
Icônes modernes, Cannes. Connu dans le monde entier pour son portrait flamboyant du président Barack Obama, le peintre afro-américain Kehinde Wiley bénéficie enfin d’une grande exposition en France. Menant une réflexion sur l’identité raciale et sexuelle, et s’inspirant des grands maîtres classiques que sont Titien, David, Ingres ou Gainsborough, Kehinde Wiley transforme les anonymes en héros d’une épopée picturale, en créant de nouveaux mythes identitaires, déjouant les rapports habituels de domination entre Blancs et Noirs, hommes et femmes, Occidentaux et non-Occidentaux. Kehinde Wiley, Centre d’art la Malmaison, jusqu’au 1er novembre. www.cannes.com
Un été bleu Monory, Saint-Paul-de-Vence. La fondation Maeght retrace soixante ans de carrière de Jacques Monory, l’homme par qui les réalités du monde se teintent de bleu et d’énigmes irrésolues. C’est la première exposition monographique de l’un des grands tenants de la figuration narrative, depuis sa disparition en 2018. Empruntant au cinéma – et notamment aux thrillers des années 50 – comme à la photographie, les peintures grand format vantent l’immensité des paysages étatsuniens, la verticalité des gratte-ciel, les scènes de meurtre et les baisers hollywoodiens de claps de fin. Le bleu de la nuit américaine déréalise des scènes pourtant hyperréalistes, comme si Jacques Monory peignait aux franges du conscient et de l’inconscient, dans cette semi-veille qui porte au doute et au désarroi. Les images sont lisses, la couche picturale est mince, mais les scènes oniriques sont à leur climax. Jacques Monory, fondation Maeght, jusqu’au 22 novembre. www.fondation-maeght.com