Culture
C’est l’effervescence constructive chez les horlogers ! Longtemps envisagées comme des bâtiments avant tout fonctionnels, les usines et les manufactures sont désormais dessinées par les plus grands noms de l’architecture. Ces lieux de production deviennent ainsi de magnifiques vitrines pour les marques et s’imposent comme les nouveaux outils de communication.
Vacheron Constantin & Bernard Tschumi. « Faire mieux si possible, ce qui est toujours possible. » Telle est la devise de Vacheron Constantin. Que ce soit pour les montres ou les bâtiments qu’elle fabrique, la marque est toujours en quête d’excellence. Pour son siège social à Plan-les-Ouates (Genève), elle a fait appel à Bernard Tschumi. Réalisé en 2005, le bâtiment fait l’objet d’une extension en 2015, mêlant les matériaux nobles que sont le béton, l’acier, le verre et le bois. L’architecte suisse a travaillé sur les notions de contenant et de contenu qu’ont en commun l’architecture et l’horlogerie. Il a puisé son inspiration dans le mouvement d’une feuille pliée où toiture et façades ne font qu’un. Tout a été pensé pour favoriser la création, la fluidité et les échanges humains.
Audemars Piguet & Bjarke Ingels. Bien que bousculée par la crise sanitaire, l’ouverture du musée-atelier Audemars Piguet dans le Jura suisse fut sans conteste l’événement de l’industrie horlogère en 2020. La marque s’est offert les services d’une star, le Danois Bjarke Ingels, pour imaginer l’extension de son musée jusqu’alors logé dans la bâtisse historique de la famille Audemars. « Nous souhaitions que les visiteurs puissent vivre notre patrimoine, notre savoir-faire, nos origines culturelles et notre ouverture sur le monde dans un espace qui reflète à la fois nos racines et notre esprit visionnaire, précise Jasmine Audemars, présidente du conseil d’administration. Mais nous voulions avant tout rendre hommage aux horlogers et aux artisans qui ont fait de la manufacture ce qu’elle est aujourd’hui. » Coiffé d’une toiture végétalisée et entièrement vitré, le nouveau bâtiment se déploie en spirale dans le paysage – un mouvement cher au monde de l’horlogerie. Une extension en apparence épurée, mais d’une grande complexité architecturale.
Cartier & Jean Nouvel. En 1992, Cartier crée l’événement en demandant à Jean Nouvel de réaliser son usine horlogère à Saint-Imier, en Suisse. Une collaboration fructueuse qui engendre une petite révolution alors que le secret et la discrétion régissaient le milieu. En effet, le bâtiment tord le cou à tous les clichés : largement vitré, il donne à voir l’activité qui s’y déroule autant qu’il est lui-même un objet de curiosité architecturale. De l’architecture ou de l’horloger, on ne sait plus très bien qui a le premier rôle. Posé dans le paysage avec lequel il fait corps, ce volume étroit et transparent ressemble plus à un musée qu’à une unité de production. Bousculant les codes, il fait beaucoup parler et marque le début d’une longue histoire entre Cartier et Jean Nouvel, qui trouve son apothéose avec la fondation Cartier, à Paris, chef-d’oeuvre de l’architecte, inauguré en 1994.
Rolex & les architectes. Entre Rolex et l’architecture, c’est une histoire de longue date. La marque multiplie les actions, le sponsoring et les collaborations pour conforter ces liens étroits. L’événement le plus marquant a eu lieu en 2010, avec l’inauguration du Rolex Learning Center-EPFL, à Lausanne, un bâtiment iconique signé Sanaa qui a fait la une de tous les magazines. Depuis 2014, Rolex est également le partenaire exclusif de la Biennale d’architecture de Venise, événement majeur de la discipline. En parallèle, son programme Mentors & Protégés réunit de jeunes pousses et des maîtres le temps d’une collaboration autour de sept disciplines, parmi lesquelles l’architecture. Pour la dernière édition, en 2018-2019, David Adjaye fut invité comme mentor. Il a travaillé avec Mariam Kamara sur un projet de complexe culturel à Niamey, au Niger, pays natal de la jeune architecte. A Dallas, c’est la star japonaise Kengo Kuma qui a conçu un bâtiment administratif pour Rolex (photo) : une audacieuse tour twistée qui bouscule les codes du Harwood District.
Swatch Group & Shigeru Ban. Après le Nicolas G. Hayek Center de Tokyo, en 2007, le Swatch Group a de nouveau fait appel à Shigeru Ban pour construire, à Bienne, un ensemble architectural (photo) regroupant le nouveau siège de Swatch, la nouvelle manufacture Omega et la Cité du temps. Lauréat du concours, l’architecte japonais devait incarner les valeurs qui ont fait le succès des deux marques. Le lauréat du prix Pritzker 2014 a conçu un bâtiment-sculpture qui ne laisse personne indifférent. Long de 240 m, doté d’une silhouette incurvée, l’édifice repose sur une structure en bois. Il s’affranchit des poncifs en matière de bureaux et abrite, sur 5 étages, tous les départements du groupe. Exemplaire en matière environnementale, l’ensemble recourt au bois issu des forêts suisses, tandis que le concept énergétique s’appuie sur la technologie solaire et l’utilisation des eaux souterraines.
Lire aussi
Architecture & horlogerie, le combo gagnant
Horlogerie : Zoom sur quelques couples acteur/montre de légende
Montres : Abécédaire horloger pour les néophytes
The Good Life hors-série 100 % horlogerie en kiosque le 5 novembre