Culture
Objets conçus par l’homme et fabriqués par la machine, avez-vous donc une âme ? La réponse est ici.
New York
Narcissique
Thom Browne est la treizième personnalité et le premier fashion designer à participer au programme Selects, au musée Cooper-Hewitt, qui invite un créatif à choisir des œuvres parmi sa riche collection d’arts décoratifs et de design pour les mettre en scène. La réponse du styliste américain est une impressionnante installation de 50 miroirs, datant des années 1710 à 1974, dans une pièce recouverte du sol au plafond d’un papier peint réflectif. Bureau moderniste recouvert d’acier, richelieus métalliques… Thom Browne en profite pour employer des éléments de son vestiaire à la fois extravagant et conservateur.
Thom Browne Selects, Cooper-Hewitt, Smithsonian Design Museum, jusqu’au 23 octobre. www.cooperhewitt.org
Bielefeld
Tout tracé
La dernière exposition de Konstantin Grcic repose sur l’objet « piédestal ». A la Kunsthalle de Bielefeld, cet ustensile est notamment employé pour présenter des figures d’Auguste Rodin. A cette occasion, le designer a dessiné un nouveau socle d’un exemplaire en marbre de La Douleur (vers 1882) conservé par le musée. Dans la droite ligne de son exposition Design Real à la Serpentine Gallery de Londres, qui présentait des objets industriels sur des piédestaux (2009) et dont des vues sont ici placardées au mur en guise de rappel, ce Munichois omniprésent dans les secteurs de l’ameublement industriel et des galeries (ses bureaux étrangement inspirés du mobilier liturgique sont à la galerie Kreo de Paris jusqu’au 15 juillet) s’interroge une nouvelle fois sur la valeur et sur le destin du design conçu par l’homme, mais fabriqué par la machine. Il présente ainsi ses tables sculpturales de la série Diana dans des positions muséales ou incongrues.
Konstantin Grcic : Abbildungen, Kunsthalle Bielefeld, jusqu’au 3 juillet. www.kunsthalle-bielefeld.de
Tokyo
Plié/déplié
Issey Miyake est réputé pour ses textiles techniques pliés à chaud et à la main depuis la création de son studio en 1970. Sa marque Pleats Please est l’étendard de ce processus de compression où un tiers du tissu disparaît lors du résultat final, pour un produit léger et versatile. Cette prouesse semi-industrielle aux formes végétales est devenue sa signature. A-POC et 132 5. sont d’autres gammes innovantes que l’on retrouve dans sa première rétrospective au Japon. Les designers Taku Satoh et Tokujin Yoshioka mettent en scène le savoir-faire du couturier, épitomé du mode de création nippon d’après-guerre visant à s’inspirer, à défier et à respecter le cours de la nature (né en 1938 à Hiroshima, il est un survivant du bombardement de la ville). « Chaque jour, j’imagine quelque chose de nouveau, quelque chose qui n’a jamais existé, et crée une nouvelle réalité », dit-il.
The Work of Miyake Issey, The National Art Center, jusqu’au 13 juin. www.nact.jp
Weil am Rhein
Universel
Architecte d’intérieur et créateur textile visionnaire, Alexander Girard (1907-1993) n’en finit plus d’inspirer. Comme cet Américain, le studio de design londonien Raw Edges (Shay Alkalay et Yael Mer) est passionné par la couleur. Tout aussi prolifique, il signe la scénographie de cette première rétrospective majeure. La passion de ce grand acteur du design du xxe siècle pour les arts premiers et populaires transparaît dans le graphisme naïf et bariolé qui irrigue à foison ses tissus et sérigraphies, ainsi que ses meubles et petits objets (distribués par Vitra en Europe et au Moyen-Orient, et Herman Miller aux Etats‑Unis). Du design pour tous.
D’ailleurs, on en a fait une vidéo chez IDEAT.
Alexander Girard : A Designer’s Universe, Vitra Design Museum, jusqu’au 29 janvier 2017. www.design-museum.de