Motors
Toys
Dans les mains de Coluche dans « L’Aile ou la Cuisse » ou dans « Wayne’s World », comme salon privé pour un headbanging mémorable au son de Bohemian Rhapsody de Queen, une étrange voiture joue les guest-stars... Voici le troisième épisode de notre série d'été consacrée aux voitures kitsch mais culte.
L’AMC Pacer est une exception culturelle américaine qui se traîne une drôle d’histoire. Quand audace créative rencontre esprit rétro, c’est tout un univers vintage que convoque cette icône automobile des années 70, à la fois singulière et captivante.
Lire aussi : Ferrari 308 : la voiture de Magnum est-elle toujours aussi cool ?
AMC Pacer, la réponse aux voitures japonaises
Nous sommes au milieu des années 70 et la flamboyante industrie automobile américaine subit de plein fouet la crise du pétrole. Les « big 3 » (Ford, Chrysler et General Motors) sont attaqués sur leur marché par d’insolents constructeurs japonais qui arrivent avec de petites autos économiques fiables et bien construites, ainsi que par Volkswagen avec sa Coccinelle. Mais l’automobile américaine, à cette époque, c’est aussi de plus petits constructeurs, comme AMC (American Motors Company, aujourd’hui disparu) et sa Pacer.
La meilleure stratégie, quand on est tout petite, à l’époque, est certainement de se différencier plutôt que de faire de énièmes « me too products » (des copies de best-sellers existants). « Nous voulons fabriquer des voitures charismatiques, des voitures qui sortent du lot… », défendait Richard Teague, en charge du design de la marque, au moment de la sortie de l’AMC Pacer.
« L’avenir, c’est un grand espace intérieur, loin de toute claustrophobie. » – Richard Teague
Fallait-il aller si loin ?
L’idée part pourtant d’une réflexion intelligente : dessiner une voiture depuis son intérieur, lui offrir de belles surfaces vitrées, la faire courte (4,35 m), mais large (près de 2 m) pour rester spacieuse et confortable.
La presse spécialisée américaine comprend bien la démarche à sa présentation, comme Motor Trend : « La nouvelle Pacer d’American Motors est la voiture la plus fraîche, la plus créative et la plus conviviale née aux États-Unis depuis 15 ans. » La plus fraîche à condition de bien cocher l’option air conditionné, au risque de devenir une vraie serre au soleil…
Seulement voilà, tous les designers vous le diront, les proportions, voilà la clé de tout dessin automobile réussi. Or avec la Pacer, les qualificatifs en disent long sur l’allure de cette drôle de bestiole : « buggy lunaire », « bébé éléphant », « aquarium »…
Un succès pavés d’embuches
Cela n’empêche pas cet OVNI des routes de trouver un certain succès, jusqu’en Europe où son exotisme a un parfum chic. L’importateur français Jean Charles est basé dans le 16e arrondissement et commande à l’illustrateur Aslan une publicité très érotique qui saura attirer l’attention.
Mais au-delà de son design, la Pacer a un souci qui va à l’encontre même de sa conception, voulue économique. Sous son capot, après des velléités d’adopter un moteur rotatif, ce sont finalement de bons vieux 6 cylindres et V8 de forte cylindrée, mais faible puissance (130 ch maxi) qui seront choisis. Sous des airs de petite voiture, la Pacer est toujours bien américaine avec ses 15 litres aux 100 km !
Au final, sur ses 5 années de production, autour de 280 000 exemplaires de la Pacer en berline 3 portes (celle de droite est plus longue pour faciliter l’accès à l’arrière, merci) et break se seront écoulés. Un chiffre étonnant pour une telle exception culturelle automobile, mais malgré tous ses efforts, le Pacer ne suffira pas à sauver la marque.
Lire aussi : Mais qui a tué la Renault Fuego ?
