The Good Culture
Après avoir acquis ses lettres de noblesse dans l’industrie automobile, tapissant l’intérieur des bolides les plus prestigieux, l’Alcantara, qui se distingue par sa texture douce et veloutée, a, depuis, élargi son horizon. Avec une volonté farouche de préservation de l’environnement.
Ne le comparez surtout pas à du daim, velours, suède ou autre « cuir retourné » ! Chez Alcantara, on veille vigoureusement à ce que ce matériau, s’il peut effectivement se targuer d’un aspect velouté au toucher, dispose de sa propre identité et ne soit en aucun cas assimilé aux textures susmentionnées.
A lire aussi : Dans les coulisses de l’usine Rolls-Royce en Angleterre
La fibre italienne nouvelle génération
Dès lors, toute comparaison hasardeuse de ce type est strictement prohibée dans les coursives du vaste complexe industriel de Nera Montoro, havre de paix niché dans les collines ombriennes, à 90 kilomètres au sud de Pérouse, en Italie.
Pourtant, ce n’est guère dans ce cadre apaisant que l’Alcantara a vu le jour, puisqu’il s’agit d’une invention japonaise signée Miyoshi Okamoto, en 1970. La présence nippone plane d’ailleurs toujours au-dessus de la province italienne, puisque la totalité du capital de l’entreprise est détenue par des actionnaires japonais.
Avec un nom à consonance arabe, qui signifie « pont », et un positionnement Made in Italy, l’ADN pur d’Alcantara peut sembler difficile à saisir de prime abord. Mais une simple visite dans le cœur du réacteur, à Nera Montoro, permet de le confirmer : l’Alcantara a l’Italie chevillée au corps et au cœur.
Le site de production atteste, en effet, de la volonté de faire la part belle à l’artisanat transalpin. Mais avant cela, de lourdes machines vont s’évertuer, pour la première étape de transformation, à étirer le plus possible les fibres de polyester afin que la taille de ces dernières passe de 1mètre à 2,5 mètres.
Objectif : offrir robustesse et élasticité au matériau pour que celui-ci soit le plus malléable possible, condition sine qua non à ses manipulations et transformations ultérieures.
« Le potentiel de personnalisation de notre matériau est infini, ce qui nous permet de répondre à chaque besoin, abonde le responsable d’usine, ou « Plant Manager », comme il est appelé ici. Impression, perforations, traitement au laser, feuilles et résines, broderies, soudage électro, gaufrage, gravure et tissage, ainsi que des combinaisons avec d’autres matériaux prestigieux… tout est possible ! »
Lamborghini, Audi, Ferrari…
Et de prestige, Alcantara n’en manque guère. Ainsi, la Lamborghini Bravo, modèle emblématique de l’année 1974, sera la première à arborer un intérieur estampillé 100 % Alcantara, offrant à la marque ses lettres de noblesse dans l’industrie automobile.
Depuis lors, le matériau a largement tracé son sillon, imposant sa patte dans l’habitacle de marques aussi considérables qu’Audi, BMW, Maserati ou encore Ferrari ; toutes férues du savoir-faire et du cahier des charges exigeants d’Alcantara. Pour en revenir au processus de transformation, les fibres sont ensuite soumises à des tests de résistance – lors de stretching sessions – avant d’être séchées dans un four, puis compressées.
Les microfibres vont s’avérer, dès lors, extrêmement fines, soit vingt fois plus qu’un cheveu. De quoi renforcer l’impression de « tissu d’orfèvrerie », car si le processus de fabrication de l’Alcantara est, pour l’essentiel, automatisé, la touche finale, elle, est effectuée de manière artisanale, à la main.
Un dernier point sur lequel l’entreprise n’est pas près de transiger : « Nous croyons effectivement que le produit ne peut pas être considéré uniquement comme une liste de performances techniques ; il doit savoir interagir émotionnellement avec le consommateur, c’est pourquoi nous continuons d’avancer dans cette direction. »
La durabilité au cœur
Si le savoir-faire d’Alcantara touche désormais le monde de la mode et d’autres univers plus grand public (revêtements pour claviers et smartphones, par exemple), l’entreprise a la volonté de mettre en avant la durabilité au sein de son cycle de fabrication.
« La version spéciale d’Alcantara, composée de 68 % de polyester recyclé certifié, produit en Europe, provient du recyclage de déchets postconsommation. En d’autres termes, plutôt que d’être envoyés en décharge, incinérés ou, pire, dispersés dans l’environnement, les déchets plastiques sont collectés, purifiés et regranulés », précise l’état-major.
Toutefois, l’apport plus important de matériaux recyclés dans le processus de fabrication ne risquet-il pas d’altérer, même modérément, la qualité du produit ? Un non‑sujet pour Alcantara, qui bénéficie déjà de la certification Neutralité carbone depuis 2009 et se définit comme le porte étendard du tandem qualité-durabilité.
« Notre version spéciale a été introduite sur le marché seulement après d’intensives phases de tests et d’approbation qui ont assuré que les caractéristiques techniques de l’Alcantara demeuraient inchangées, affirme la direction. L’Alcantara est à la fois léger et résistant, respirant, et offre une adhérence élevée. Même ses caractéristiques esthétiques et sensorielles restent inchangées. » CQFD.
A lire aussi : Loro Piana : 100 ans d’art de vivre et de pied marin