Lightyear 0, la toute première automobile solaire : sous le soleil, exactement

Par Nicolas Valeano, le 20 septembre 2022

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Une énergie gratuite et illimitée pour rouler, comment ne pas crier au génie, surtout par les temps qui courent ? Mais la première voiture (en partie) solaire doit relever de nombreux défis avant de pouvoir crier victoire. Nous avons essayé un prototype de la Lightyear 0, curieuse limousine ultra-économe à... 250 000 €.

Lightyear 0, chronique d’une utopie devenue réalité

C’est l’histoire d’une bande de copains d’une école d’ingénieurs hollandaise, à la tête d’une start-up automobile qui veut marquer un tournant technologique. Tout est parti d’un de ces economy runs où d’étranges micro-voitures font des centaines de kilomètres avec un appétit de moineau. Mais leur engin électrique solaire à eux, réussissait à revenir plus chargé qu’au départ ! De quoi donner foi en l’avenir du concept à Lex Hoefsloot, PDG et cofondateur de Lightyear : “après six ans de tests, d’itérations, de conception, de reconception et d’innombrables obstacles, Lightyear 0 est la preuve que l’impossible est réellement possible » explique celui qui a conquis le constructeur de supercars suédois Königsegg comme partenaire et sécurisé 86 millions d’euros d’investissement.

“Après six ans de tests, d’itérations, de conception, de reconception et d’innombrables obstacles, Lightyear 0 est la preuve que l’impossible est réellement possible »

La première automobile solaire

Pour arriver au modèle final lancé cet automne, il a fallu affronter un paradoxe : offrir la surface de captation solaire nécessaire a conduit à donner à l’auto une taille de limousine de plus de 5 m. Cela aide pour l’aérodynamique, qui bat même un record avec un Cx de 0,175.

Mais c’est plus compliqué pour limiter le poids, autre ennemi de l’efficience. Ainsi la structure est tout en coûteux carbone (recyclé) et la batterie d’une taille limitée, avec 60 kWh. Oui, la batterie, car la voiture ne peut pas compter que sur les rayons magiques, elle doit tout de même être rechargée aussi pour rouler… Enfin, les moteurs logés dans les roues sont conçus pour un rendement maximal, atteignant jusqu’à 96 % (moteur thermique : moins de 50 %), mais avec 170 ch, pas question de coller les passagers aux sièges. Autant dire que l’efficience est le maître mot ici.

Sensations faibles

Nous avons pu prendre le volant d’un des prototypes de développement au cœur du désert des Bardenas en Espagne, expérience un peu surnaturelle dans ce paysage pelé unique en Europe. “Ceci est un test grandeur nature,” nous rappelait l’ingénieur à nos côtés, ex-Jaguar. En effet, si confort et silence sont corrects, il y a du travail côté sensations de conduite ou finition intérieure.

Avec un ciel voilé ce jour-là, les 5 m² de panneaux solaires répartis du capot au hayon ne sont pas à leur niveau maximum, mais nous avons pu regagner 0,7 kWh en moyenne, pour 43 km récupérés au fil de la journée d’essai. Pas mal. Notre consommation de 12,8 kWh/100 km est optimisable en roulant encore plus tranquillement, de quoi se rapprocher des 560 km d’autonomie homologuée. Au total, Lightyear promet qu’avec un ensoleillement idéal, il est possible de regagner 11 000 km/an (ou 70 km/jour), soit 7 mois de trajets quotidiens de 35 km sans recharge. En Hollande, fatalement, c’est moins, on se limite à 2 mois.

Tarif ultra premium

Mais est-ce bien raisonnable de proposer un engin vendu 250 000 euros dont la seule performance est dans son éco-conduite ? Quelques centaines de geeks richissimes prêts à tout pour être les early adopters de cette auto loin de passer inaperçue pourraient franchir le pas. Ou pas. Une première étape que la marque doit réussir pour arriver à son vrai objectif, la Lightyear Two, petite voiture électrique solaire de grande diffusion promise à 30 000 € en 2025. D’ici là, d’autres projets de voitures solaires auront vu le jour en Allemagne (avec Sono Motors) et aux USA (du côté d’Aptera). Avantage : il y aura des rayons pour tout le monde.

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