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A l’occasion du salon Change Now (19-22 mai 2022), le directeur général de Renault, Luca de Meo, dévoilait le concept-car Scenic Vision, hybride électrique-hydrogène. Rencontre.
Luca de Meo, directeur général de Renault, a donc profité de Change Now pour présenter le nouveau concept Scenic Vision, dans une motorisation hybride électrique-hydrogène, qui pourrait bousculer le segment C à partir de 2024 et devrait être l’un des points forts de la Renaulution que le dirigeant orchestre depuis sa prise de fonction.
En aparté, il a accepté de répondre à quelques questions sur ses projets pour la marque au losange ainsi que sa vision de l’électrification automobile.
5 questions à Luca de Meo, directeur général de Renault :
Cela fait maintenant 30 ans que vous êtes pour la première fois rentré chez Renault et bientôt 2 ans que vous y êtes revenu par la grande porte. Est-ce que vous trouvez que la maison a changé ?
Autant que je me souvienne, l’esprit est assez similaire à celui que j’avais découvert lors de mon premier poste dans l’industrie. Certes Renault est aujourd’hui beaucoup plus international. La création de l’Alliance a fait que les gens parlent davantage l’anglais, voyagent à travers le monde sur les sites du groupe. D’une manière générale, Renault a conservé cette dimension créative forte, parfois même trop créative. Il y a des choses intéressantes dont on ne sait pas toujours d’où elles sortent. En fait, mais ne vous méprenez pas sur mon propos, Renault est une entreprise un peu indisciplinée dont il faut parfois canaliser les énergies. C’est pour cette raison que l’on a décidé d’isoler certaines entités afin de créer des « subcultures » de l’entreprise dont la mission est très claire. Par exemple, pour la dynamique électrique, nous avons procédé ainsi pour être parfaitement en phase avec les logiques des nouveaux business.
Vous venez de présenter le concept-car Scenic vision. Le véhicule qui en résultera sera un landmark pour la Renaulution?
Le Scenic est une voiture importante pour l’avenir de Renault. Il nous semblait primordial de garder le nom parce-que Scenic est l’incarnation même du concept de la voiture à vivre. C’est véritablement un élément distinctif qui démontre que Renault sait créer des voitures inclusives. Nos véhicules s’adressent à toutes et à tous, et pas simplement au conducteur. La Scenic Vision aura la fonction de première voiture dans la famille : aussi bien pour emmener les enfants à l’école qu’aller au travail, mais aussi à la campagne le week-end ou partir en vacances. D’un point de vue de sa conception, je tiens à préciser que 70 % des matériaux utilisés sont recyclés et plus de 95 % de la voiture sera recyclable, y compris la batterie. Ce sera un produit important pour le marché et qui fait déjà partie du cocktail Renaulution avec la R5 qui est également annoncée pour 2024.
« Créer le Airbnb de la recharge »
Justement, la R5, quel rôle a-t-elle?
L’annonce de la R5, quasiment à mon arrivée, a permis de renouer avec les racines de la marque que je crois profondément ancrées dans la tête des gens : les couleurs, les formes mais aussi des souvenirs de voyage… et d’une certaine manière l’époque glorieuse de Renault. Il faut se rappeler qu’au moment où l’on a présenté ce modèle, Renault était dans le trou, avec toutes les spéculations négatives possibles. Je vous en épargne l’énumération. En lançant ce projet, on a tout de suite reconnecté avec des valeurs d’espoirs. Bien sûr, j’en vois certains qui pensent déjà que je veux refaire le coup de la 500. Certes, cette histoire a bien fonctionné mais ça ne peut pas marcher à tous les coups. Ici, dans le cas spécifique, on invente un concept à partir de codes esthétiques connus mais pour imaginer une voiture qui n’a rien à voir avec la R5 originale. On va de l’avant car on part sur une voiture électrique qui participe de l’ouverture vers une nouvelle ère des voitures économiques. Mais il est évident que je ne vais pas refaire tous chiffres de la gamme passées.
Est-ce que l’électrique n’est pas encore un peu opaque pour de nombreux conducteurs ? En ville, il y a trop peu de bornes de charges rapides, les parkings privés ne sont souvent pas dotés de prises, les tarifs de charge ne sont pas fixes…
Oui c’est tout le challenge qui se présente à nous. D’abord, il faut prendre soin du client en l’éduquant à ces nouveaux usages, en lui expliquant comment utiliser un route planer pour planifier son voyage. Chez Renault, on est en train de créer le Airbnb de la recharge. On va proposer aux conducteurs d’électrique d’établir le contact avec des propriétaires de bornes, particuliers comme sociétés, pour aller recharger chez eux. La Scenic Vision avec des batteries de 40 kWh pourra répondre à 85 % des usages. Vous me direz qu’il reste toujours 15% de cas de figure qui ne sont pas couverts. On va chercher des solutions et on va y arriver ! Il y a tout de même un constructeur qui a vendu près d’un million de voitures électriques dans le monde en 2021 et qui vaut 1 milliard de dollars… ça signifie, je pense, que des personnes croient à ça et sont prêt à acheter ce type de voiture.
Le marché de l’électrique concerne évidemment les générations futures, les fameux millennials qui ont cependant d’autres motivations, d’autres priorités, d’autres manières de fonctionner… Comment l’industrie automobile peut s’occuper d’eux ?
Je suis bien placé pour le savoir car j’ai deux garçons d’une vingtaine d’années. Ils adorent les supercars, évidemment italiennes. Ça les fait rêver ! La première question à se poser : comment fait-on rêver cette génération avec ce que l’on est en mesure de produire. De même, par rapport à une PS5, un iPhone 13 voire le metaverse qui constituent leurs repères, comment parvient-on, avec une voiture, à susciter cette même fascination pour la haute technologie démocratisée ? Il y a un autre facteur dont il faut tenir compte. Pour un jeune, le fait de posséder une voiture est devenu beaucoup plus complexe qu’il y a 30 ans. Pour tout un tas de raisons. Pour autant, je crois à cette idée que l’on peut arriver à faire retomber cette génération amoureuse de l’automobile. Il faut qu’on s’y attèle, c’est notre rôle.
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