Architecture
Si le paysage est bien souvent une source d’inspiration lorsqu’il s’agit de construire, la montagne, par sa puissance, se révèle un terrain de jeux particulièrement fertile pour susciter l’imaginaire. Entre tradition et utopie, elle requiert avant tout des compétences techniques et dicte ses règles.
« J’aime la montagne profondément. Je l’aime parce qu’elle m’est nécessaire. Elle a été de tout temps le baromètre de mon équilibre physique et moral. Pourquoi ? Parce que la montagne offre à l’homme la possibilité de dépassement dont il a besoin. Elle exalte l’esprit d’équilibre, la « cordée », où chacun est responsable du bon aboutissement d’une course en montagne. On ne triche pas avec elle. On la gagne par une épreuve d’endurance, elle permet d’affronter des risques calculés. Par l’effort désintéressé, on élimine toutes les toxines de la ville, y compris celles de la pensée ». Ces mots sont ceux de Charlotte Perriand (« Prendre conscience de nos responsabilités », Aménagement et nature, 1966) dont le nom est encore aujourd’hui indissociable de l’architecture de montagne.
Elle fait partie des grands noms – des précurseurs – qui se sont attelés à construire au milieu des sommets enneigés, avec Marcel Breuer à Flaine ou Jacques Labro à Avoriaz. Ces stations emblématiques font figure de pionnières, pensées dans une approche globale et prônant un mode de vie, à rebours des usines à ski à l’urbanisme brutal.
Des stations où l’architecture dialogue avec la montagne
A leur manière, designers et architectes ont accompagné l’essor des stations de ski et la démocratisation des sports d’hiver. Cette poignée de stations sont aujourd’hui érigées en modèles et reconnues dans le monde entier.
Territoire paradoxal, propice à stimuler l’imaginaire des hommes, la montagne a toujours suscité l’intérêt. Mais derrière cet attrait se cache une réalité plus pragmatique. La montagne requiert avant tout des compétences spécifiques et dicte ses règles. Construire en altitude implique du bon sens dans la manière de penser l’orientation, les vues, l’ensoleillement ou encore la topographie mais aussi des contraintes techniques importantes.
Les chantiers sont très souvent difficiles d’accès, doivent être généralement interrompus durant l’hiver, ce qui réduit la fenêtre de tir. D’un point de vue structurel, il faut anticiper le poids supplémentaire que l’hiver venu, la neige fait peser sur la construction. Aucune improvisation n’est possible et une très bonne connaissance de cet environnement aussi somptueux qu’hostile est nécessaire.
Construire à la montagne, c’est aussi recourir aux matériaux locaux. Le bois, ressource disponible localement, joue le premier rôle d’autant plus que la filière s’est structurée et renouvelée. En montagne comme ailleurs, si ce n’est plus tant les effets de la crise climatique sont tangibles, les préoccupations environnementales sont essentielles. Se multiplient les bâtiments bioclimatiques et passifs qui ont désormais toute leur place. Les progrès techniques ont permis de lever quelques freins et rien ou presque ne semble désormais impossible.
Les conditions sont réunies pour voir se renouveler l’architecture contemporaine en montagne
Dans les pages suivantes, des bâtiments étonnants témoignent de la façon dont les architectes relèvent ce défi. La montagne renouvelle, se modernise et l’obligation de singer le chalet traditionnel n’en est plus une. De nouvelles approches, résolument contemporaines, prennent place au milieu des pistes et ne sont plus vues comme des outrages.
De plus en plus nombreux sont les architectes qui se frottent à l’immensité et construisent en altitude, sans céder au pittoresque ou à un quelconque pastiche que la réglementation a souvent encouragée. Si la construction vernaculaire demeure une source d’inspiration, l’époque actuelle consacre celles et ceux qui ont su s’affranchir de la tradition et défendre une écriture contemporaine en montagne.
Les réalisations qui suivent n’ont pas cherché à entrer en concurrence avec la montagne, ni à la dompter, mais à en exalter les qualités intrinsèques.
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